dimanche 8 juillet 2018

14ème dimanche du temps ordinaire / B



8/07/18

Marc 6, 1-6

Après son baptême et les commencements de sa mission en Galilée, Jésus revient dans sa ville, Nazareth, pour y enseigner dans la synagogue le jour du sabbat. Il attire les foules mais c’est l’échec. Saint Marc nous décrit comment les auditeurs de Jésus passent de l’étonnement au scandale : frappés d’étonnement… profondément choqués à cause de lui. L’Evangile de ce dimanche nous parle de l’identité de Jésus, question centrale dans les Evangiles et pour la foi chrétienne. Il aura bien fallu 4 siècles de prière, de méditation, de réflexion théologique et de disputes pour que les premiers chrétiens parviennent à un accord doctrinal sur cette question… alors il n’est pas étonnant que Jésus ait suscité l’incompréhension parmi ses compatriotes. D’ailleurs cette incompréhension avait été annoncée par Syméon à Marie lors de l’épisode de la présentation au temple : Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction. Ce sur quoi butent les auditeurs dans la synagogue, c’est tout simplement le mystère inouï de l’incarnation : cet homme qui leur parle est vrai Dieu et vrai homme. Il est bien plus qu’un génial rabbin ou un grand prophète. Dans l’esprit des habitants de Nazareth, il y a une contradiction entre d’une part ce qu’ils connaissent humainement de Jésus et d’autre part sa sagesse et ces miracles : d’où cela lui vient-il ? Voilà la question à laquelle ils ne peuvent trouver de réponse satisfaisante. Pour eux il est tout simplement scandaleux que le charpentier de leur village, sans avoir fait d’études religieuses, puisse enseigner avec une telle autorité et une sagesse si grande et qu’en plus il ait ce pouvoir d’accomplir tant de miracles… Leur incompréhension les conduit logiquement au manque de foi. Ne serait-il pas un imposteur, un faux prophète ? Cet incident de la synagogue de Nazareth annonce déjà la grande incompréhension qui sera celle des derniers jours de Jésus à Jérusalem, entre l’entrée triomphale du jour des Rameaux et la condamnation à la mort de la croix le vendredi saint. La foule de Nazareth vit en un instant ce que les foules de Jérusalem vivront tout au long de la semaine sainte : passage de l’étonnement au scandale, de la gloire messianique à l’abandon du vendredi saint. La version que saint Luc donne de la première prédication de Jésus dans la synagogue de Nazareth confirme ce parallèle avec les jours de la Passion, car les habitants de Nazareth ne sont pas seulement scandalisés mais violents et remplis de colère au point de vouloir tuer Jésus ! À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.

Cette page évangélique nous montre toute la différence qui existe entre une perception simplement humaine de la personne de Jésus et une compréhension spirituelle de son identité. Sans la lumière de la foi, sans le secours du Saint Esprit, Jésus demeure incompréhensible. Saint Paul souligne l’importance de cette connaissance spirituelle dans sa deuxième lettre aux Corinthiens : Désormais nous ne regardons plus personne d’une manière simplement humaine : si nous avons connu le Christ de cette manière, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. Il n’est donc pas étonnant que certains, ayant seulement une connaissance humaine du Christ, aient pu percevoir en lui un imposteur ou encore un grand prophète… sans jamais parvenir au centre du mystère : il est le Fils bien-aimé du Père. Nouvel Adam, il est l’image du Dieu invisible. Par le mystère de l’incarnation, Dieu vient accomplir et porter à sa perfection ce qu’il avait commencé avec l’acte créateur en nous accordant gracieusement le pardon de nos péchés et la réconciliation. L’homme et la femme avaient été créés à l’image de Dieu et selon sa ressemblance, mais seul le Christ, parce qu’il est vraiment Dieu et vraiment homme, est l’image parfaite de son Père. Du point de vue de la sainteté de Dieu, il n’existe aucune contradiction entre l’humble condition du charpentier de Nazareth et la gloire de la divinité. Bien au contraire, c’est toujours par l’humilité et la simplicité que Dieu se manifeste le plus pleinement et de la manière la plus parfaite.

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