8/07/18
Marc 6,
1-6
Après son
baptême et les commencements de sa mission en Galilée, Jésus revient dans sa
ville, Nazareth, pour y enseigner dans la synagogue le jour du sabbat. Il
attire les foules mais c’est l’échec. Saint Marc nous décrit comment les
auditeurs de Jésus passent de l’étonnement au scandale : frappés d’étonnement… profondément choqués à
cause de lui. L’Evangile de ce dimanche nous parle de l’identité de Jésus,
question centrale dans les Evangiles et pour la foi chrétienne. Il aura bien
fallu 4 siècles de prière, de méditation, de réflexion théologique et de
disputes pour que les premiers chrétiens parviennent à un accord doctrinal sur
cette question… alors il n’est pas étonnant que Jésus ait suscité
l’incompréhension parmi ses compatriotes. D’ailleurs cette incompréhension
avait été annoncée par Syméon à Marie lors de l’épisode de la présentation au
temple : Voici que cet enfant
provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de
contradiction. Ce sur quoi butent les auditeurs dans la synagogue, c’est
tout simplement le mystère inouï de l’incarnation : cet homme qui leur
parle est vrai Dieu et vrai homme. Il est bien plus qu’un génial rabbin ou un
grand prophète. Dans l’esprit des habitants de Nazareth, il y a une
contradiction entre d’une part ce qu’ils connaissent humainement de Jésus et
d’autre part sa sagesse et ces miracles : d’où cela lui vient-il ? Voilà la question à laquelle ils ne
peuvent trouver de réponse satisfaisante. Pour eux il est tout simplement
scandaleux que le charpentier de leur village, sans avoir fait d’études
religieuses, puisse enseigner avec une telle autorité et une sagesse si grande
et qu’en plus il ait ce pouvoir d’accomplir tant de miracles… Leur
incompréhension les conduit logiquement au manque de foi. Ne serait-il pas un
imposteur, un faux prophète ? Cet incident de la synagogue de Nazareth
annonce déjà la grande incompréhension qui sera celle des derniers jours de
Jésus à Jérusalem, entre l’entrée triomphale du jour des Rameaux et la
condamnation à la mort de la croix le vendredi saint. La foule de Nazareth vit
en un instant ce que les foules de Jérusalem vivront tout au long de la semaine
sainte : passage de l’étonnement au scandale, de la gloire messianique à
l’abandon du vendredi saint. La version que saint Luc donne de la première
prédication de Jésus dans la synagogue de Nazareth confirme ce parallèle avec
les jours de la Passion, car les habitants de Nazareth ne sont pas seulement
scandalisés mais violents et remplis de colère au point de vouloir tuer
Jésus ! À ces mots, dans la
synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la
ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est
construite, pour le précipiter en bas.
Cette
page évangélique nous montre toute la différence qui existe entre une
perception simplement humaine de la personne de Jésus et une compréhension spirituelle
de son identité. Sans la lumière de la foi, sans le secours du Saint Esprit,
Jésus demeure incompréhensible. Saint Paul souligne l’importance de cette
connaissance spirituelle dans sa deuxième lettre aux Corinthiens : Désormais nous ne regardons plus personne
d’une manière simplement humaine : si nous avons connu le Christ de cette
manière, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. Il n’est donc pas
étonnant que certains, ayant seulement une connaissance humaine du Christ,
aient pu percevoir en lui un imposteur ou encore un grand prophète… sans jamais
parvenir au centre du mystère : il est le Fils bien-aimé du Père. Nouvel
Adam, il est l’image du Dieu invisible. Par le mystère de l’incarnation, Dieu
vient accomplir et porter à sa perfection ce qu’il avait commencé avec l’acte
créateur en nous accordant gracieusement le pardon de nos péchés et la
réconciliation. L’homme et la femme avaient été créés à l’image de Dieu et
selon sa ressemblance, mais seul le Christ, parce qu’il est vraiment Dieu et vraiment
homme, est l’image parfaite de son Père. Du point de vue de la sainteté de
Dieu, il n’existe aucune contradiction entre l’humble condition du charpentier
de Nazareth et la gloire de la divinité. Bien au contraire, c’est toujours par
l’humilité et la simplicité que Dieu se manifeste le plus pleinement et de la
manière la plus parfaite.
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