vendredi 2 mars 2018

Quatrième dimanche du temps ordinaire / B



Marc 1, 21-28

28/01/18

Après avoir appelé ses quatre premiers disciples au bord du lac, Jésus commence avec eux sa mission. Nous avons entendu, dimanche dernier, le contenu de sa première prédication : Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. Il s’agit maintenant pour le Seigneur de présenter cette Bonne Nouvelle à ses contemporains. Pour ce faire il choisit un lieu et un jour : la synagogue de Capharnaüm et le sabbat. Saint Marc ne nous dit rien de l’enseignement donné par Jésus ce jour-là. Il se limite à décrire la réaction des auditeurs : ce prédicateur est différent des autres, il émane de sa personne une autorité particulière. Cela nous montre à quel point, dès le début, Jésus a touché les cœurs par sa parole. Puis survient l’intervention d’un homme tourmenté par un esprit mauvais. La prédication de Jésus est interrompue par ses cris. A travers la voix de ce pauvre homme, ce sont bien les démons qui s’expriment avec l’emploi du « nous ». Eux aussi comprennent qu’en Jésus réside une autorité toute divine et qui menace leur pouvoir. Puis le récit passe du « nous » au « je » : je sais fort bien qui tu es : le Saint, le Saint de Dieu. L’homme possédé révèle l’identité messianique du nouveau prédicateur dans la synagogue. Il affirme que Jésus est en effet le Messie, l’envoyé de Dieu. Ce que Jésus refuse : silence ! Sors de cet homme. Ce n’est pas au démon de révéler qui est Jésus. Dans l’Evangile selon saint Marc, cette révélation de l’identité du Christ se fait par étapes, et elle implique une adhésion à sa personne par la foi et l’amour. Elle suppose toujours la liberté, donc le contraire de la possession démoniaque. Ce n’est que bien plus tard, au chapitre 8, que Pierre, l’un des premiers disciples, sera capable de faire cet acte de foi : Tu es le Messie. Et à ce moment-là, Jésus demande à Pierre et aux autres disciples de garder pour eux cette révélation, cette vérité sur sa personne. Un passage de la lettre de saint Jacques peut nous aider à comprendre pourquoi Jésus condamne au silence l’homme possédé qui confesse, presque malgré lui, dans les cris et la souffrance, qu’il est le Messie : Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. En revanche, on va dire : Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. Toi, tu crois qu’il y a un seul Dieu. Fort bien ! Mais les démons, eux aussi, le croient et ils tremblent. Homme superficiel, veux-tu reconnaître que la foi sans les œuvres ne sert à rien ?  La seule profession de foi que Jésus peut donc accepter est celle de la foi agissant par la charité. Comme l’affirme saint Paul, seule vaut la foi qui agit grâce à l’amour. Les démons de par leur intelligence supérieure à la nôtre sont capables de dire une vérité sur Jésus, mais ils sont incapables d’aimer. Croire en la Bonne Nouvelle et se convertir sont donc une seule et même chose. L’autorité du témoignage de l’Eglise, comme de celui de chacun d’entre nous, provient de son engagement concret en vue de la libération de tout homme et de tous les hommes. Lorsque notre témoignage est animé par la foi qui agit grâce à l’amour, il révèle avec autorité qui est Jésus Seigneur. C’est en libérant du mal que Jésus manifeste qu’il est Seigneur. L’Eglise et les chrétiens participent à cette œuvre de salut en travaillant, avec la grâce de Jésus et l’inspiration de l’Esprit, à la libération intégrale de tout homme : libération tout d’abord du mal moral, le péché, et du Mal inspiré par Satan, Prince de ce monde, mais aussi du mal de la misère et de l’injustice. Le christianisme est un enseignement nouveau parce qu’il a le pouvoir non seulement de changer les cœurs de pierre en cœurs de chair, mais aussi de transformer les structures de péché régissant nos sociétés en bien commun. C’est tout l’objet de la doctrine sociale de l’Eglise, malheureusement trop méconnue par beaucoup de catholiques. A ce propos, le pape François affirme : un chrétien, s’il n’est pas un révolutionnaire en ce temps, n’est pas un chrétien.

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