Épiphanie 2018
Matthieu
2, 1-12
L’Epiphanie
nous raconte la visite des mages d’Orient auprès de l’enfant Jésus à Bethléem.
Lorsque nous lisons le récit qu’en fait saint Matthieu, nous remarquons un mot
qui revient souvent, celui de roi. Et ce mot ne s’applique pas aux mages, mais
bien à Hérode le Grand et à l’enfant qui vient de naître. L’évangéliste met
ainsi en parallèle la royauté d’Hérode et celle de Jésus. Hérode est roi de
Judée mais il doit son pouvoir uniquement à la volonté des romains qui sont, en
réalité, les vrais maîtres de la Judée, c’est donc un roi sous le contrôle de
l’empereur de Rome. Jésus est né sous le règne du premier empereur romain,
Auguste. Hérode a beau être un roi de pacotille, il tient énormément à cette
part de pouvoir que Rome lui a concédé, et l’histoire a retenu sa cruauté pour
se maintenir à tout prix à son poste. En face de lui, nous avons Jésus, non pas
à Jérusalem, mais à Bethléem, la ville du grand roi David. Les mages parlent de
lui en utilisant l’expression « roi des Juifs », tandis que les
prêtres citent la prophétie de Michée parlant d’un chef-berger ou chef-pasteur
du peuple d’Israël. D’un côté nous avons donc un roi mis en place par
l’autorité romaine, et de l’autre un roi nouveau-né dont l’autorité vient de
Dieu. L’étoile pour les mages, la prophétie pour les Juifs indiquent bien que
ce roi n’est pas seulement un roi terrestre comparable aux autres, mais qu’il a
un caractère divin. Hérode a acheté son pouvoir aux romains par l’argent, les
mages reconnaissent le pouvoir de l’enfant grâce à l’étoile.
A ce
premier parallélisme en correspond un autre dans le récit de Matthieu. Il y a
donc deux rois, très différents et même opposés, il y a aussi deux réactions
différentes et opposées face à la naissance de l’enfant Jésus. La réaction
d’Hérode, homme d’ambition et de pouvoir, était prévisible : c’est la
panique lorsqu’il entend parler d’un roi des Juifs. Il est bouleversé par la
peur de perdre son pouvoir en Israël. Si son cœur avait été ouvert, il aurait
compris que la royauté de cet enfant, d’un ordre totalement différent de la
sienne, n’était pas un danger pour lui. Mais Hérode est purement terrestre et
ne connaît pas l’existence des réalités spirituelles. Il est animé par l’esprit
de ce monde, parfaitement bien résumé par saint Jean dans sa première
lettre : N’aimez pas le monde, ni ce
qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en
lui. Tout ce qu’il y a dans le monde – la convoitise de la chair, la convoitise
des yeux, l’arrogance de la richesse –, tout cela ne vient pas du Père, mais du
monde. Or, le monde passe, et sa convoitise avec lui. Mais celui qui fait la
volonté de Dieu demeure pour toujours. Les mages, des étrangers, des
scientifiques, ont, eux, une disposition contraire qui leur fait entreprendre
un long voyage pour honorer le nouveau-né. Aucun bouleversement, aucune
inquiétude, mais seulement une très grande joie. L’une des leçons essentielles
de l’Epiphanie pour nous est bien la suivante : chaque fois que nous
reconnaissons humblement l’autorité de Dieu et sa manifestation parfaite dans
la royauté du Christ, chaque fois que nous nous ouvrons à l’adoration de Dieu,
nous recevons le don de la joie véritable, celui de la joie spirituelle. Par
contre si notre cœur s’attache aux promesses de ce monde (gloire, pouvoir et
richesse), nous ne pouvons pas connaître la paix du cœur et notre âme est sans
cesse tourmentée, à l’image de celle d’Hérode. C’est l’occasion de nous
rappeler quel est le fruit de l’Esprit Saint dans nos vies en citant l’apôtre
Paul : voici le fruit de l’Esprit :
amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise
de soi. En ces domaines, la Loi n’intervient pas. Ceux qui sont au Christ Jésus
ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises.
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