Le
concile Vatican II a enseigné, en conformité avec le message du Nouveau
Testament, que tous les fidèles du Christ étaient appelés à la sainteté. C’est
donc la vocation commune à tous les chrétiens en raison de la grâce reçue au
baptême et à la confirmation. Cette grande vérité avait été quelque peu oubliée
dans le passé, si bien qu’on en venait à penser que la sainteté était réservée
aux vocations particulières : religieux, religieuses et membres du clergé.
Saint François de Sales s’est élevé avec force contre cette réduction de
l’appel à la sainteté à certaines vocations, et cela au 17ème
siècle. En témoigne ce passage de son Introduction
à la vie dévote :
C'est
une erreur de vouloir bannir la vie dévote de la compagnie des soldats, de la
boutique des artisans, de la cour des princes, du ménage des gens mariés. Il
est vrai que la dévotion purement contemplative, monastique et religieuse ne
peut être exercée en ces vocations-là mais aussi, outre ces trois sortes de
dévotion, il y en a plusieurs autres, propres à perfectionner ceux qui vivent
ès états séculiers. Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie
parfaite.
La solennité de la Toussaint est une
occasion de nous rappeler cet appel universel à la sainteté, appel qui concerne
tout autant les membres laïcs de l’Eglise que le clergé et les personnes
consacrées dans la vie religieuse. Simplement chaque chrétien peut aspirer à la
sainteté en fonction de sa vocation, ce qui signifie que les chemins et les
moyens ne sont pas les mêmes pour tous. Saint François de Sales le montre
clairement :
Dieu
commanda en la création aux plantes de porter leurs fruits, chacune selon son
genre : ainsi commande-t-il aux chrétiens, qui sont les plantes vivantes de son
Église, qu'ils produisent des fruits de dévotion, un chacun selon sa qualité et
vocation. La dévotion doit être différemment exercée par le gentilhomme, par
l'artisan, par le valet, par le prince, par la veuve, par la fille, par la
mariée ; et non seulement cela, mais il faut accommoder la pratique de la
dévotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque particulier.
Le concile Vatican II enseigne que le
lieu propre de l’exercice de la sainteté par les fidèles laïcs, c’est notre
monde. Les personnes laïques, mariées ou célibataires, se sanctifient dans
l’accomplissement de leurs tâches au sein même des réalités terrestres. D’où
l’importance de toujours rechercher l’accomplissement de son devoir d’état dans
la famille, le travail comme dans la société. Les laïcs se sanctifient tout
particulièrement dans les domaines étudiés par la doctrine sociale de
l’Eglise : la famille, le travail et l’économie, la politique, l’écologie
et la promotion de la paix. C’est par leur engagement de foi dans ces réalités,
si importantes pour la vie de la société, que les fidèles laïcs sont sel de la terre et lumière du monde.
Cela ne signifie pas, bien sûr, que les laïcs pourraient se désintéresser de la
spiritualité et de la vie de prière, bien au contraire. Simplement une maman ou
un papa ne peuvent pas s’adonner à la prière de la même manière qu’une personne
consacrée dans un monastère. Et saint François de Sales va encore plus loin en
affirmant que notre recherche de la sainteté doit aussi tenir compte de notre
situation personnelle concrète : il faut accommoder la
pratique de la dévotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque
particulier. Cela signifie que telle
mère ou père de famille pourra prier chaque jour 30 minutes alors que pour
d’autres 10 minutes suffiront… Donc pas de règles rigides et uniformes qui
seraient valables pour tous dans la recherche de la vie parfaite ! Même si
un minimum est exigé comme la participation à la messe du dimanche, la prière
quotidienne et la confession pascale ainsi que la volonté de mettre en pratique
le commandement de l’amour. La première lecture nous montre une foule immense, que nul ne pouvait
dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. La
sainteté n’est donc pas réservée à un petit nombre d’élus. Telle est notre
espérance, devenir semblables à Jésus parce
que nous le verrons tel qu’il est. Tout homme qui fonde sur lui une telle
espérance se rend pur comme lui-même est pur. La sainteté est en effet
d’abord un chemin, toujours à reprendre sans jamais se décourager. Elle est le
chemin du désir de Dieu, du désir de ressembler au Christ des Béatitudes. Elle
est le chemin de la communion avec Dieu par la pratique du commandement de
l’amour. Nous faisons dès maintenant partie du peuple des saints et des saintes
si nous nous reconnaissons dans les paroles du psaume :
Voici
le peuple de ceux qui cherchent le Seigneur, qui recherchent la face de
Dieu !
Les saints et les saintes du Ciel ont
tous été des chercheurs de Dieu en pratiquant jour après jour, dans la joie
comme dans les épreuves, les vertus de foi, espérance et charité.
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