Luc 18,
9-14
23/10/16
La parabole du pharisien et du
publicain nous parle d’une tentation propre aux croyants, celle de l’orgueil
spirituel. Mais avant d’aborder la parabole au niveau spirituel, nous pouvons
déjà en tirer un enseignement au niveau humain, une leçon de sagesse valable
pour les croyants comme pour les athées. Car Jésus s’adresse ici
particulièrement à certains hommes qui
sont convaincus d’être justes et qui méprisent tous les autres. Le mépris
est une attitude humaine malheureusement fréquente, conséquence en nous de la
blessure du péché originel. C’est une attitude universelle qui peut toucher
aussi bien les croyants que les athées. Nous pouvons mépriser les autres pour
diverses raisons : celui qui a réussi socialement et qui est riche sera
tenté de mépriser les pauvres, celui qui est sportif pourra mépriser celui qui passe
son temps dans son canapé à regarder la télé, celui qui a reçu une bonne
éducation et qui se cultive intellectuellement chaque jour pourra regarder de
haut le travailleur manuel ou la personne manquant de culture etc. A la racine
du mépris, il y a toujours cette manie que nous avons de nous comparer les uns
aux autres. Il y a aussi cet oubli désastreux que, dans un corps, tous les
membres sont utiles les uns aux autres, pour reprendre l’image de saint Paul.
Et que, par conséquent, le grand intellectuel a besoin du travail des
agriculteurs et des ouvriers pour pouvoir vivre dignement sa vie. Ce qui peut
favoriser dans notre société cette culture du mépris (et du complexe de
supériorité qui l’accompagne), c’est aussi l’influence de catégories
économiques sur nos relations interpersonnelles. Quant à longueur de journée,
on entend chanter les vertus supposées de la compétitivité et de la libre
concurrence, notre cœur peut être pollué par cette pensée économique qui ne
laisse aucune place à la solidarité, à la collaboration et à la coopération.
Contre le poison du mépris, nous n’avons que la vertu d’humilité : Qui s’abaisse sera élevé. L’exhortation
de saint Paul aux Philippiens doit nous servir de boussole lorsque nous sommes
tentés de céder à l’autosatisfaction et aux mépris des autres : ne faites rien par rivalité ou pour la
gloire ; ayez l’humilité de croire les autres meilleurs que vous-mêmes. Au
lieu de penser chacun à son intérêt, que chacun se préoccupe des autres.
Dans la parabole, Jésus envisage
le mépris comme un péché spirituel. En effet le pharisien comme le publicain
sont dans le Temple et ils prient. Les détails donnés par le Seigneur nous
permettent de saisir le contraste entre deux manières de prier : l’une
inspirée par l’orgueil, l’autre par l’humilité. L’orgueil spirituel est capable
de pervertir la prière elle-même, et l’une de ses formes les plus élevées, la
prière d’action de grâce : Mon Dieu,
je te rends grâce parce que… L’objet de l’action grâce du pharisien est
incompatible avec l’esprit de la prière. Il n’est plus tourné vers Dieu comme
la source de tous les dons, mais il se complaît en lui-même. Au lieu de
contempler la bonté de Dieu, il s’admire lui-même comme un modèle de
perfection. Son orgueil spirituel le pousse ainsi à l’autojustification,
oubliant que la seule justification digne de ce nom vient de Dieu seul. Dans
notre prière, il est bon de toujours commencer par la supplication du
publicain. C’est la liturgie de la messe qui nous enseigne à faire ainsi,
puisqu’au commencement de la célébration nous nous présentons au Seigneur comme
un peuple de pécheurs. Ce n’est qu’ensuite que nous pouvons entrer dans
l’eucharistie, l’action de grâce de l’Eglise, non pas pour dire à Dieu que nous
sommes les meilleurs d’entre les hommes, mais pour le remercier de sa grâce à
l’œuvre dans nos vies et dans la vie de l’Eglise. Dans notre prière
personnelle, après le temps de la supplication et de la demande de pardon, nous
pouvons et devons dire merci à Dieu, mais d’une manière radicalement différente
de celle du pharisien. Par exemple : merci, Jésus, parce que tu me fais le
don de la foi, parce que tu me donne une vocation et une mission au service de
mes frères, parce que tu me donnes ton Esprit d’amour pour que grandisse en moi
la compassion et l’empathie. Merci surtout parce que, chaque dimanche, tu me
donnes la possibilité d’écouter ta parole de vie dans l’Evangile et de
communier à ta personne de Ressuscité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire