3/07/16
Luc 10,
1-20
Les évangiles nous rapportent que
Jésus, dès le commencement de sa prédication, a appelé des hommes à le suivre
et à partager sa vie : les Douze, le groupe très proche des apôtres, mais
aussi d’autres disciples dont l’évangile de ce jour nous dit qu’ils étaient 72.
Comme les apôtres, ces disciples sont envoyés en mission et Jésus leur confie
l’évangélisation. L’introduction que saint Luc donne au discours d’envoi en
mission a son importance. Tout d’abord la mission ne se vit pas seul mais avec
d’autres, deux par deux. C’est le
sens de la communauté, le sens de l’Eglise. Ils sont envoyés devant lui dans toutes les villes et
localités où lui-même devait aller. Un missionnaire est un éclaireur, un
ambassadeur du Christ pour reprendre la parole de saint Paul. Comme Jean le
Baptiste, les disciples doivent préparer la venue du Seigneur. Le missionnaire
défriche le terrain souvent aride des cœurs humains pour que Jésus puisse être
accueilli. C’est un travail de préparation des cœurs qui souligne bien que
l’œuvre de la conversion ne peut venir que de Dieu lui-même. Les missionnaires
n’ont pas le pouvoir de convertir les hommes. Ils ne sont que des témoins.
Dans les paroles que Jésus leur
adresse avant leur départ, nous pouvons souligner la préparation aux
difficultés et même à l’échec. Comme des
agneaux au milieu des loups : cette expression souligne en même temps
la faiblesse des missionnaires et l’hostilité de ceux vers lesquels ils sont
envoyés. Jésus est honnête avec eux et les prévient que leur parole sera
parfois refusée. Dans ce cas-là ils ne doivent ni insister ni s’imposer, et
poursuivre leur route. Le contenu de leur message est très simple :
transmettre la paix de Dieu et annoncer la proximité du Règne de Dieu. Oui, en
Jésus son Fils, Dieu s’est fait proche de tout homme et tout homme peut donc
faire l’expérience de l’amour et de la miséricorde de Dieu au contact de Jésus.
Les paroles du Seigneur abordent aussi le pouvoir spirituel qu’il donne à ses
disciples. Ils sont comparés à des agneaux mais ils reçoivent un pouvoir spirituel
pour être vainqueurs du mal et des esprits mauvais. Evangéliser, c’est en effet
libérer les hommes de l’esclavage du mal pour les rendre à Dieu, leur créateur
et Père. C’est par rapport à ce pouvoir spirituel qu’il faut comprendre les
consignes concernant le dénuement matériel des missionnaires. L’évangélisation
telle que la conçoit Jésus ne doit pas s’appuyer sur les pouvoirs du monde
(l’argent, les gouvernants etc.). C’est le mystère de la croix rappelé par
saint Paul dans la deuxième lecture : par la croix, le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi pour le monde. Tout
au long de son histoire, l’Eglise s’est souvent appuyée sur les puissances de
ce monde afin d’évangéliser, oubliant ainsi les paroles de Jésus. Le
christianisme s’est ainsi transformé en chrétienté, un système dans lequel
l’Etat et l’Eglise étaient étroitement liés. Et malheureusement
l’évangélisation a de nombreuses fois commencé par des conquêtes militaires au
cours desquelles les soldats du roi tuaient et massacraient, réduisaient en
esclavage, avant que les missionnaires prêchent l’Evangile ! Jésus, dès le
départ, met en garde son Eglise contre la tentation de vouloir à tout prix la
réussite et cela le plus rapidement possible. Comme toutes les grandes choses,
l’évangélisation demande du temps et donc beaucoup de patience. En 2016, dans
notre monde très différent de celui que Jésus a connu, il est impossible de
retirer à l’Eglise certains moyens matériels, nécessaires à sa mission. Mais
l’utilisation de ces moyens matériels et financiers doit toujours être soumise
à l’esprit de la mission, tel que Jésus nous le transmet. Se garder de
rechercher à tout prix un succès facile et immédiat, se préserver des
compromissions avec les pouvoirs politiques et civils, refuser l’usage de la
force et des armes etc. Lorsque les disciples rentrent tout joyeux de mission
après les premiers succès de l’évangélisation, Jésus les réoriente
immédiatement vers l’essentiel. Car ce succès des débuts pourrait les gonfler
de vanité et d’orgueil et leur faire oublier que le pouvoir qu’ils ont de
libérer du mal et de réconcilier les hommes avec Dieu leur vient du Christ.
Ne
vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous
parce que vos noms sont inscrits dans les cieux.
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