Luc 24,
46-53
5/05/16
Nous devons à saint Luc deux
livres du Nouveau Testament : l’Evangile qui porte son nom et le livre des
Actes des Apôtres. Dans ces deux livres, saint Luc nous parle du mystère de
l’Ascension du Seigneur. Cela correspond à la première lecture et à l’Evangile
de cette liturgie. Dans un premier temps regardons les mots humains par
lesquels Luc tente de rendre compte de ce mystère. Nous lisons dans l’Evangile :
Tandis qu’il les bénissait, il se sépara
d’eux et fut emporté au ciel. Quant à la première lecture, elle se place du
côté des apôtres : Après ces
paroles, ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. L’Ascension
du Seigneur ne peut se comprendre qu’en relation avec sa résurrection à Pâques
et le don de l’Esprit à Pentecôte. Les paroles utilisées par Luc veulent
signifier deux réalités. La première, c’est que Jésus dans son humanité
glorifiée passe en quelque sorte dans une autre dimension. Il ne perd pas son
humanité mais il entre dans le Ciel, symbole biblique de ce qui est le propre
de Dieu. Le ciel, immense et situé au-dessus de nous, représente en effet la
transcendance de Dieu, sa différence radicale d’avec les créatures qui se
trouvent sur cette terre. Jésus, dans son corps de ressuscité, appartient
pleinement à Dieu, et il ne pouvait pas rester plus longtemps sur cette terre.
S’il est resté parmi les hommes pendant 40 jours, se manifestant seulement à
certains d’entre eux, c’était pour confirmer leur foi et les envoyer en
mission. Souvenons-nous de ce qu’il dit à Marie Madeleine, pour bien marquer la
nouveauté de son état de ressuscité : Ne
me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Après sa
résurrection, la place de Jésus n’est plus sur cette terre, elle est dans le
Royaume de Dieu. La seconde réalité n’est qu’une conséquence de la première. Si
avec l’Ascension, le Seigneur devait quitter cette terre pour aller vers le
Ciel, alors il disparaît à nos yeux. L’Ascension marque une séparation entre
Lui et nous. Mais nous savons qu’il ne nous abandonne pas pour autant : il
nous donne l’Esprit Saint par lequel nous pouvons reconnaître sa présence et
son action au milieu de nous, il nous donne aussi le sacrement de
l’eucharistie, sacrement de sa présence pour nous. La deuxième lecture nous
montre comment le Christ monte au Ciel le premier pour nous ouvrir le chemin du
Royaume : C’est avec pleine
assurance que nous pouvons entrer au sanctuaire du ciel grâce au sang de
Jésus : nous avons là une voie nouvelle et vivante qu’il a inaugurée en
pénétrant au-delà du rideau du sanctuaire, c’est-à-dire de sa condition
humaine. Remarquons comment les apôtres ne sont pas attristés par cette
séparation au jour de l’Ascension. Au contraire ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie. Et ils étaient sans
cesse dans le Temple à bénir Dieu.
L’Ascension nous invite à
comprendre le fait suivant, paradoxal à nos yeux : Jésus est beaucoup plus
proche de nous après son Ascension qu’avant. Avant, sa présence parmi les
hommes était limitée dans le temps et dans l’espace. Depuis Pâques et surtout
depuis l’Ascension, son humanité glorifiée, son corps transfiguré, lui
permettent une présence universelle. La séparation d’avec lui est donc d’ordre
physique mais elle permet, paradoxalement, une communion spirituelle beaucoup
plus forte avec le Ressuscité. Communion qui atteint l’un de ses sommets dans
le sacrement de l’eucharistie. C’est dans la lumière de l’Ascension que nous
pouvons comprendre une parole prononcée par Jésus avant sa mort et sa
résurrection : Le Règne de Dieu est
au milieu de vous. Ce qui signifie que nous n’avons pas à chercher Dieu en
dehors de ce qui constitue le plus intime de notre personne humaine. Depuis
l’Ascension, Jésus est devenu intérieur à chacun de ses disciples, nous n’avons
pas à le chercher dans les nuées du ciel. C’est en descendant au plus intime de
notre cœur et de notre conscience que nous nous élèverons avec le Christ à la
droite du Père. Le pape Grégoire le grand avait parfaitement saisi ce mystère
lorsqu’il affirmait que le Ciel, c’est
l’âme du juste.
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