Basilique sainte Sabine, Rome
14/09/14
Jean 3,
13-17
Cette année le 14 septembre
tombant un dimanche nous célébrons la fête de la croix glorieuse à la place du
24ème dimanche du temps ordinaire. Cette fête est inséparable de la
célébration du vendredi saint au cours de laquelle nous vénérons la croix du
Seigneur. C’est l’accent qui est différent. Le 14 septembre c’est la croix
glorieuse que nous célébrons alors que la croix du vendredi saint est celle des
souffrances physiques et morales du Christ.
Avant d’aborder le sens profond
de cette fête il est nécessaire de se référer à l’histoire du christianisme. La
croix considérée pour elle-même est un horrible objet de torture et de
souffrance, un instrument de mort particulièrement terrible. Des milliers
d’hommes sont morts du supplice de la croix dans l’antiquité, pensons
simplement à Spartacus et aux esclaves qui l’avaient suivi dans sa révolte. La
croix en tant qu’instrument de supplice est la preuve de la perversité de l’esprit
humain capable d’inventer des formes de torture toujours plus cruelles et
barbares. Elle est la preuve éclatante de la méchanceté de l’homme marqué par
le péché originel et esclave de ses propres péchés, méchanceté qui va de pair
avec un cœur de pierre, un cœur non seulement insensible aux souffrances
d’autrui, mais un cœur qui prend un plaisir diabolique à faire souffrir et à
tuer. Ne pensons pas que cette barbarie soit l’apanage de l’antiquité :
nos armes modernes, en particulier la bombe atomique, les drones et les armes
chimiques, sont tout aussi condamnables moralement. Au moins le soldat romain
qui plantait les clous dans les pieds et les mains de Jésus avait du cran pour
commettre cette horreur, contrairement au pilote qui depuis son avion lâche lâchement
des bombes… Tant que l’homme ne s’est pas vraiment converti au Seigneur et à
son Evangile il demeure capable des pires atrocités à l’égard de son prochain.
Les premiers chrétiens savaient par expérience à quel point le supplice de la
croix était un spectacle horrible. C’est la raison pour laquelle il a fallu
attendre le 5ème siècle pour que Jésus crucifié soit représenté pour
la première fois dans l’histoire de l’art chrétien sur les portes de la
basilique sainte Sabine à Rome ! Et encore la croix est absente de cette
représentation, on y voit simplement le Christ entouré des larrons étendant les
bras en forme de croix. Tout cela pour dire qu’aujourd’hui nous ne célébrons
pas un instrument de torture mais bien la croix sur laquelle le Seigneur Jésus
a donné sa vie pour obtenir notre conversion et notre salut. Le magnifique
texte de saint Paul aux Philippiens nous présente le mystère de Pâques comme un
abaissement (la mort sur la croix) et comme une élévation (la résurrection et
l’ascension). En parlant de croix glorieuse la liturgie nous montre que les
deux aspects du mystère de Pâques sont inséparables : la douleur et la
gloire, la croix et la résurrection, la mort et la vie. Aussi si la croix,
instrument de supplice, peut être qualifiée de glorieuse c’est uniquement en
raison de l’amour du Christ. Ce qui compte en effet ce n’est pas la croix mais
bien ce que Jésus y a accompli en acceptant cette mort infamante. Célébrer la
croix glorieuse c’est donc célébrer le sacré cœur de Jésus, ce cœur qui nous a
tant aimés. C’est la puissance de l’amour divin de Jésus qui a transformé cet
instrument de supplice en signe de vie et d’espérance. Comme le disent souvent
les pères de l’Eglise en acceptant de mourir sur le bois de la croix Jésus a
tué la mort. Il a transformé une invention diabolique en source de vie pour
tous ceux qui mettraient sa foi en lui. La fête de ce jour nous demande de
mettre au centre de notre foi et de notre vie chrétienne le mystère de Pâques.
Tous les dons de Dieu, en commençant par la foi, mais aussi les sacrements et
les grâces diverses et variées, les charismes de l’Esprit Saint, ont leur
source dans la croix glorieuse, celle de Jésus-Christ, notre unique Seigneur.
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