12ème
dimanche du temps ordinaire / C
23/06/2013
Luc 9,
18-24
Nous connaissons bien cette page
évangélique. La scène se situe dans un endroit isolé. L’atmosphère est celle de
l’intimité entre Jésus et ses disciples les plus proches. Dans l’évangile selon
saint Luc la profession de foi de Pierre est encadrée par deux moments
importants : elle suit la multiplication des pains et prépare la
transfiguration du Christ. Après le bain de foule Jésus éprouve le besoin de
prier à l’écart. La réponse que Pierre donne à la question de son maître est
véritablement l’occasion d’une révélation nouvelle. Jésus veut en effet
préciser dans quel sens il est le Messie. En révélant au petit groupe des
disciples la nature véritable de sa mission il va aussi leur révéler la
signification du mot disciple. Ce sera la fin de cette page évangélique. Nous
voyons comment l’identité de Jésus et l’identité de ses disciples sont en fait
des réalités inséparables. C’est cette logique qui nous est rappelée en ce
dimanche. L’identité de Jésus-Messie culmine dans le mystère pascal qu’il vivra
à la fin de ses jours sur notre terre : souffrance, rejet, mort et
résurrection. En disant à Jésus « Tu es le Messie », Pierre pensait
probablement au passé. En effet le Messie avait été annoncé autrefois, et le
peuple d’Israël l’attendait comme celui qui allait restaurer de la part de Dieu
la splendeur perdue du royaume de David. En précisant sa mission messianique
Jésus oriente ses disciples vers un avenir proche. La première lecture comme
certains passages du prophète Isaïe donnaient à voir un messager de Dieu
connaissant la souffrance et l’échec apparent. Jésus résume en sa personne
toutes les prophéties concernant le Messie, celles qui parlaient de gloire mais
aussi celles qui annonçaient la souffrance. Si le Maître se révélera à travers
le mystère de Pâques cela signifie que ses disciples, eux aussi, vivront dans
leur vie le même mystère. « Celui qui veut marcher à ma
suite » : le disciple ne regarde pas en arrière, vers le passé, il est
en route vers l’avenir promis par Dieu, il suit le Christ, il est fait pour
avancer. Jésus nous donne les conditions pour avancer, pour progresser dans la
vie chrétienne. Et là comment ne pas ressentir, instinctivement, un
malaise ? Renoncer à soi-même, prendre sa croix chaque jour et perdre sa
vie… Voilà un programme de vie qui n’est pas réjouissant, semble-t-il… La
difficulté se redouble pour nous car ces expressions peuvent être interprétées
de bien des manières. Que signifie donc, par exemple, renoncer à
soi-même ? C’est certainement lutter contre notre pente égoïste, c’est
renoncer à se considérer comme le centre du monde. La deuxième lecture nous
donne peut-être une indication : Vous tous que le baptême a unis au
Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a
plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous,
vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus. Renoncer à soi-même ne serait-ce pas aussi renoncer à mettre notre fierté
dans ce qui nous divise ? Paul cite les barrières raciales, sociales,
sexuelles. Tout cela ne compte plus dans le monde nouveau inauguré par le
Christ. Prendre sa croix chaque jour ce n’est pas seulement supporter avec
patience les épreuves physiques et morales. Cela signifie aussi que tout
disciple qui est enflammé de zèle pour l’unité et la justice, pour la vérité et
pour la paix, connaîtra la souffrance et la persécution. En tant que chrétiens
nous ne recherchons ni les conflits ni les polémiques avec ceux qui ne partagent
pas notre vision du monde. Nous ne sommes pas des croyants aigris et agressifs
ou encore hyper susceptibles parce que nous ne sommes plus majoritaires ou bien
parce que l’Eglise a perdu son pouvoir sur la société civile. Mais notre
témoignage en faveur de la justice et de la vérité fera que, nous aussi, nous
serons parfois rejetés. Nous ne devrions pas en être étonnés. Le Christ
lui-même n’a pas converti à l’Evangile les foules de son époque. Un petit
groupe de personnes, une minorité, a voulu librement le suivre. Cela a suffi
pour établir les fondations de l’Eglise. Ces premiers disciples, faibles comme
nous le sommes, ont cependant été capables par la force de l’Esprit de perdre
leur vie par amour du Christ et pour la cause de l’Evangile.
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