dimanche 9 septembre 2012

23ème dimanche du temps ordinaire


Tout au long de l’été, de dimanche en dimanche, nous avons médité sur l’eucharistie en lisant le chapitre 6 de saint Jean. Depuis dimanche dernier la liturgie nous fait entendre à nouveau l’évangile selon saint Marc. Aujourd’hui Jésus guérit un sourd-muet. Cette guérison a été interprétée tout au long de l’histoire de l’Eglise de manière spirituelle. Jésus est celui qui nous permet d’écouter la Parole de Dieu et d’annoncer la bonne nouvelle. Jésus, en nous faisant le don de sa vie et le don de la foi, nous permet de prier Dieu notre Père et de chanter ses louanges. Ce n’est pas sur cet aspect du récit que j’insisterai en ce dimanche. Marc note que cette guérison a été accomplie « en plein territoire de la Décapole », donc en dehors d’Israël. En plus notre récit est précédé par celui de la guérison d’une petite fille  étrangère. Le sourd-muet de notre Evangile est très probablement un païen lui aussi, un étranger, et pourtant Jésus le guérit. Cela nous semble tout à fait naturel après 2000 ans de christianisme. Cette attitude du Seigneur est pourtant annonciatrice d’une nouvelle manière de vivre et de comprendre le judaïsme, manière qui deviendra le christianisme en grande partie grâce à l’apôtre Paul. La notion de peuple élu est ambigüe dans la mesure où elle pouvait être mal comprise. Dans le projet de Dieu se choisir un peuple ne voulait pas dire exclure les autres. Certains passages de l’Ancien Testament montrent en effet la dimension universelle de la mission confiée à ce petit peuple, choisi par Dieu non pas parce qu’il était meilleur que les autres, mais par pure grâce. A certains moments de son histoire Israël n’a pas vécu sa mission selon le plan de Dieu. Le peuple élu a ainsi été tenté par l’orgueil religieux et nationaliste et a fini par bien souvent mépriser les autres, c’est-à-dire les païens. En guérissant le sourd-muet Jésus renverse donc une barrière, un mur entre les Juifs et les païens. Cela m’amène à faire un lien avec la deuxième lecture. Saint Jacques est le témoin d’autres barrières, cette fois au sein de la première Eglise. Non plus un mur entre les races et les religions, mais un mur entre les pauvres et les riches. Le Seigneur Jésus n’a cessé d’enseigner à ses disciples qu’ils étaient tous frères, jouissant de la même dignité d’enfants de Dieu dans l’Eglise. Mais c’est bien une tendance humaine que de vouloir séparer, diviser, plutôt que d’unir et de rassembler. Saint Jacques critique vivement ceux qui oublient la fraternité dans la communauté et qui, en raison de considérations de personnes, créent différentes classes de chrétien, ici en fonction de la richesse. Il n’est pas si éloigné que cela le temps où dans l’Eglise de France il y avait des enterrements de première classe et de deuxième classe comme dans le TGV il y a la première classe et la seconde… Les catholiques qui avaient les moyens pouvaient ainsi payer pour leurs défunts un enterrement de première classe ! Le concile Vatican II avait bien conscience de ce problème puisqu’il l’aborde dans la constitution sur la liturgie en ramenant la pratique de l’Eglise à l’idéal évangélique :
« Dans la liturgie, en dehors de la distinction qui découle de la fonction liturgique de l’ordre sacré, et en dehors des honneurs dus aux autorités civiles conformément aux lois liturgiques, on ne fera aucunement acception des personnes privées ou du rang social, soit dans les cérémonies soit dans les pompes extérieures. »
Si saint Jacques veut rectifier de mauvaises attitudes dans la communauté, c’est saint Paul, l’apôtre des païens, qui a le mieux exprimé dans ses lettres le fondement théologique d’une Eglise comprise comme une société sans classes. Je me limiterai à citer ici deux passages qui sont très proches, le premier dans la lettre aux Galates, le second dans celle aux Colossiens :
« Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus. »
« Revêtez l'homme nouveau, celui que le Créateur refait toujours neuf à son image pour le conduire à la vraie connaissance. Alors, il n'y a plus de Grec et de Juif, d'Israélite et de païen, il n'y a pas de barbare, de sauvage, d'esclave, d'homme libre, il n'y a que le Christ : en tous, il est tout. » C’est bien le Christ, et lui seul, qui est le principe de notre unité et donc de notre fraternité.




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