Il s'agit tout simplement de partager par le biais du web les homélies que je compose et prononce pour les catholiques de mes paroisses chaque dimanche et jour de fête.
dimanche 17 juin 2012
11ème dimanche du temps ordinaire
Après les fêtes de la Sainte Trinité et du Saint-Sacrement nous reprenons la liturgie du temps ordinaire avec la lecture continue de l’Evangile selon saint Marc (année B). L’Evangile de ce dimanche, au chapitre 4 de saint Marc, nous fait entendre la prédication de Jésus dans les premiers temps de son ministère public en Galilée. L’évangéliste a regroupé dans ce chapitre l’enseignement en paraboles. Les deux paraboles que nous venons d’entendre nous parlent du Règne de Dieu. Elles constituent une reprise et un développement de la toute première prédication du Seigneur après les tentations au désert : « Les délais sont accomplis, le Règne de Dieu est là, convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ! » En la personne de Jésus le Règne de Dieu est donc déjà là, déjà présent, déjà agissant au milieu des hommes. La première parabole est celle de l’homme qui jette le grain dans son champ. Ce grain c’est, entre autres choses, le bon grain de la Parole de Dieu. En nous donnant cette parabole Jésus nous demande de faire un acte de foi en la présence du Règne de Dieu au milieu de nous. Il nous demande en fait de lui faire totalement confiance car il est le maître de la moisson. Cette parabole s’adresse en particulier à tous ceux parmi nous qui ont des responsabilités familiales, professionnelles, éducatives. Elle concerne autant les parents, que les professeurs ou les prêtres. Tous nous ressemblons à cet homme qui sème le grain. La parabole, contrairement à ce que pourrait laisser penser une lecture superficielle, ne nous encourage pas à la paresse ou à la négligence. Nous avons à faire notre travail : semer le grain et moissonner. Mais nous devons toujours nous souvenir que c’est la force de Dieu et elle seule qui fera porter du fruit à notre travail. Une fois que nous avons semé, nous devons faire confiance à l’œuvre de Dieu. Et ce n’est pas parce que nous ne voyons pas de résultats visibles et immédiats que nous devons douter de l’œuvre de Dieu ou encore culpabiliser. Cette parabole nous invite aussi à la patience. Dans le domaine du Règne de Dieu il est dangereux d’appliquer les règles de la productivité capitaliste. La logique du Règne de Dieu est totalement opposée aux slogans de notre économie : produire toujours plus, toujours plus vite et à un prix toujours plus bas. L’œuvre de Dieu se réalise dans le temps, dans la durée et n’est perceptible que dans la mesure où nous sommes capables de lire les signes des temps. Il en est d’ailleurs ainsi de toutes les grandes choses dans notre monde. Un étudiant sérieux et qui aime ce qu’il étudie sait très bien qu’il a besoin de nombreuses années pour vraiment assimiler l’objet de son étude. Cette parabole nous met donc en garde contre une vision humaine de l’évangélisation dans notre Eglise. Si nous recherchons uniquement des chiffres et des statistiques, rapidement, nous risquons de prendre le chemin d’une secte américaine avec ses méthodes fort peu catholiques. Le Règne de Dieu parmi nous est une réalité divine donc surnaturelle. Ce n’est pas un business que nous aurions à faire fructifier par des moyens seulement humains. Le concile Vatican II a beaucoup insisté sur ce point. La force de l’Eglise vient de Jésus seul et pas de sa richesse ou de son pouvoir temporel :
« La vertu du Seigneur ressuscité est sa force pour lui permettre de vaincre dans la patience et la charité les afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans, et de révéler fidèlement au milieu du monde le mystère du Seigneur, encore enveloppé d’ombre, jusqu’au jour où, finalement, il éclatera dans la pleine lumière. » Il s’agit donc pour l’Eglise d’utiliser dans sa mission « tous les moyens, et ceux-là seulement, qui sont conformes à l’Evangile et en harmonie avec le bien de tous ». « L’énergie que l’Église est capable d’insuffler à la société moderne se trouve dans cette foi et dans cette charité effectivement vécues et ne s’appuie pas sur une souveraineté extérieure qui s’exercerait par des moyens purement humains. »
Si le temps de la moisson tarde, si le Règne de Dieu semble une réalité humble et discrète au milieu de nous, si nous sommes minoritaires, n’ayons pas peur. Si nous travaillons vraiment selon l’Esprit de l’Evangile, nous pouvons être certains qu’au moment où Dieu le voudra nous pourrons constater avec joie que nous n’avons pas travaillé en vain. Mais pour cela il faut que nous cultivions en nous le sens surnaturel de la foi. Il faut que nous soyons convaincus que notre travail est une participation à l’œuvre de Dieu et que c’est donc lui le Maître de toutes choses. N’oublions jamais que Dieu seul a le pouvoir de convertir les cœurs par les moyens qu’il choisit dans sa souveraine liberté.
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