Il s'agit tout simplement de partager par le biais du web les homélies que je compose et prononce pour les catholiques de mes paroisses chaque dimanche et jour de fête.
lundi 9 janvier 2012
EPIPHANIE DU SEIGNEUR
Demain le temps de Noël prendra fin avec la fête du Baptême du Seigneur. En cette fête de l’Epiphanie nous sommes invités à partager la très grande joie des mages qui découvrent l’enfant Jésus, non pas dans la crèche mais dans une maison de Bethléem. Cette différence entre le récit de Luc et celui de Matthieu peut s’expliquer de la manière suivante : à cause du recensement Joseph et Marie n’avaient pas trouvé de lieu convenable pour préparer la naissance de l’enfant, d’où la crèche comme hébergement d’urgence. Après la naissance ils sont restés un certain temps à Bethléem et ont pu trouver un abri plus confortable. Mais là n’est pas l’essentiel. Avant de revenir sur l’étonnant voyage des mages et ce qu’il signifie, voyons tout d’abord les noms qui sont donnés à l’enfant dans cet Evangile : Le roi des Juifs, le Messie et enfin le berger d’Israël. Tous ces titres sont des échos de prophéties de l’Ancien Testament. Ils traduisent à leur manière l’attente messianique du peuple Juif. Ils ne disent pas encore la véritable et profonde identité de cet enfant qui vient de Dieu. Cette identité sera révélée d’abord par Jean le baptiste mais surtout par le ministère public de Jésus, par ses paroles et par ses actes. A l’autre bout de l’Evangile, au moment de la Passion, nous voyons que les chefs religieux du peuple mettent en avant ce titre de « Roi des Juifs » pour obtenir de Pilate la mort par la croix. Mais le motif politique cache pour eux la vraie cause de leur volonté d’en finir avec Jésus de Nazareth : il s’est prétendu le Fils de Dieu, il a blasphémé ! Et c’est le centurion romain qui, paradoxalement, affirmera : « Vraiment celui-ci était fils de Dieu ». Le récit de la visite des mages ne se comprend lui aussi que dans la lumière du paradoxe. Car il nous présente une situation totalement inversée par rapport à ce qui aurait dû être… D’un côté nous avons l’élite politique et religieuse de Jérusalem, Hérode, les chefs des prêtres et les scribes, donc des Juifs, des connaisseurs de l’Ecriture. De l’autre nous avons des mages venus d’Orient, des païens, des étrangers à la révélation juive. Or ce sont eux, et eux seuls, qui vont se prosterner devant l’enfant. De la même manière qu’après la mort de Jésus c’est un soldat païen qui confesse la vérité à son propos. L’Evangile de Matthieu nous livre aussi une belle méditation sur les signes de Dieu. Aux Juifs Dieu a donné sa Parole consignée dans la Bible. Eux ils connaissent la vérité, ils savent où doit naître cet enfant et ils informent les mages venus se renseigner. Mais ils n’agissent pas d’après leur connaissance. Les chefs des prêtres sont donc utiles dans le plan de Dieu mais pour les mages. Leur connaissance, pour ce qui les concerne, est parfaitement inutile, incapable de les changer. Aux mages Dieu donne une étoile car ils sont astronomes, peut-être astrologues. Cela est significatif pour nous si nous voulons savoir de quelle manière Dieu nous parle dans notre vie. En tant que croyants Il nous parle bien sûr par son Fils Jésus, par la Bible et par l’Eglise. Cela n’exclue pas qu’Il nous parle aussi à travers notre étoile. Quelle est donc notre étoile ? Pour la découvrir il suffit de nous connaître nous-mêmes. Qu’est-ce qui, dans notre vie humaine, nous passionne et nous motive ? Où se trouvent nos centres d’intérêts ? Si, par exemple, j’aime la musique de Mozart, Dieu peut me parler à travers un magnifique Kyrie. C’est la voie de l’art. Il y a aussi celle de la nature, du sport, des sciences etc. Par nos passions Dieu peut nous conduire auprès de Lui en nous montrant le visage de son Fils. Nos passions ne sont pas mauvaises en soi. C’est la passion de l’étude des astres qui a permis aux mages d’accueillir le signe adapté que Dieu leur destinait. La foi ne supprime jamais la richesse de notre expérience humaine, elle l’élève et la purifie, elle en fait un moyen de plus de nous unir à Dieu. Comme le disait Coventry Patmore, « les vertus ne sont que des passions ordonnées, comme les vices ne sont que des passions en désordre ». La fête de l’Epiphanie est une célébration de l’universalité de la révélation divine. L’amour de Dieu ne saurait se limiter à un seul peuple ou à une seule foi. Ce récit nous fait toucher de manière dramatique qu’être croyant n’est jamais la garantie pour nous d’être plus proches du Seigneur que les autres. Certains hommes, pourtant non-chrétiens, peuvent avoir une vie qui les rapproche davantage de Dieu. Dans notre cœur de croyants laissons aussi une place au mage.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire