Le baptême du Seigneur / A
9/01/2011
Matthieu 3, 13-17 (p. 345)
La fête de ce dimanche marque le passage entre le temps de Noël et le temps ordinaire qui commencera demain. Le baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain a ainsi une double signification. Il nous donne le but du mystère de l’incarnation et en même temps il inaugure, après des années de vie cachée à Nazareth, le ministère public de Jésus au milieu de son peuple. Le baptême de Jésus est une véritable révélation de sa mission, un moment fondateur pour tout ce qui suivra. Et c’est probablement pour cela qu’il est aussi une manifestation du Dieu Trinité.
Dans les eaux du Jourdain le Seigneur nous dit le but de sa venue parmi nous, le pourquoi de sa fraternité avec tout homme depuis sa naissance au milieu des animaux de la crèche de Bethléem : que tout homme puisse devenir un fils bien-aimé du Père. Toute la mission du Seigneur consistera précisément à révéler Dieu non seulement comme son Père mais comme notre Père à tous. Tous les actes et toutes les paroles du Seigneur seront un rappel de notre divine vocation : créatures de Dieu nous sommes faits pour devenir ses fils, par le baptême justement. « Là où il passait, il faisait le bien » : c’est ainsi que le chef des apôtres résume le ministère de son Maître et Seigneur. C’est dire que ce Dieu Père révélé par Jésus a pour caractéristique essentielle la bonté. C’est comprendre aussi que si nous prétendons être ses fils, nous devons marcher sur le même chemin que Jésus, être des reflets de la bonté divine partout où nous passons.
Si au baptême de Jésus notre divine vocation nous est révélée, nous savons aussi quel obstacle se dresse sur la route de notre divinisation. Car le baptême que Jésus veut recevoir des mains de Jean est un baptême de pénitence en vue du pardon des péchés. D’où la réaction de Jean qui ne s’y trompe pas et qui fait au Seigneur la lecon : N’es-tu pas en train d’inverser les rôles ? Cette réaction de Jean en annonce une autre à l’autre bout de l’Evangile, le soir du jeudi saint. Souvenez-vous de l’initiative surprenante du Seigneur à la veille de sa mort : il veut laver les pieds de ses disciples dans un geste réservé aux esclaves. Et Pierre de refuser cet abaissement de son Maître, cette inversion des rôles entre Dieu et l’homme... Dans les eaux du Jourdain Jésus force la main à Jean, et cela pour deux raisons au moins. Lui qui est le Fils de Dieu veut se montrer solidaire des pauvres pécheurs que nous sommes. Mais c’est aussi pour nous libérer du pouvoir du mal et du péché qu’il descend dans les eaux. Et c’est là le début de son ministère, de son divin service à notre égard. Non seulement nous révéler que nous sommes faits pour être les fils de Dieu et vivre en conséquence, mais aussi nous donner la possibilité de guérir de notre péché par le baptême, la foi et les actes de bonté et de justice. Et ce divin service de libération atteindra son sommet dans le témoignage inouï du don de soi sur la croix. La fête de ce jour nous projette donc déjà au-delà du temps ordinaire dans le temps de Pâques.
Célébrer le baptême du Seigneur c’est inévitablement faire mémoire de notre propre baptême et de notre condition de chrétiens dans ce monde. C’est nous redire ces grandes vérités de notre foi. Oui, nous sommes véritablement les fils et les filles bien-aimés du Père. Oui, nous sommes déjà libérés des puissances du mal même si nous demeurons faibles et sujets à bien des tentations. Oui, nous sommes appelés à mener notre vie en nous laissant inspirer et conduire par l’Esprit de Dieu. Peut-être que l’une des tentations de notre vie chrétienne est-elle celle de Jean et de Pierre... Nous pouvons penser que le Seigneur va trop loin ! Si nous progressons parfois si peu dans notre lutte contre le péché en nous et le mal dans nos vies, ne serait-ce pas parce que nous ne laissons pas à Jésus ressuscité jouer son rôle de Sauveur ? Quand nous mettons véritablement notre confiance en la puissance de l’Esprit Saint, quand nous le croyons capable de transformer nos coeurs et nos vies, si nous sommes des hommes et des femmes de bonne volonté, alors oui, nous progressons dans la vie des fils de Dieu, et souvent de manière visible et concrète. Se laisser conduire par l’Esprit implique aussi de savoir tirer profit même de nos faiblesses et de nos rechutes. Si Dieu les permet, c’est peut-être pour nous remettre dans l’esprit d’humilité, esprit sans lequel Dieu ne peut pas accomplir ses merveilles en nous. Rien ne serait plus terrible pour nous que de ne plus avoir foi en la puissance transformante de la grâce du baptême en nous. Nous ne sommes pas chrétiens une fois pour toutes, nous le devenons un peu plus chaque jour si nous sommes fidèles à l’Esprit, jusqu’au grand passage de la mort, où avec Jésus nous aurons la force de dire : Père, entre tes mains je remets mon esprit !
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