vendredi 19 novembre 2010

TOUSSAINT

Toussaint 2010
Matthieu 5, 1-12 (p. 1297)

Chaque année la fête de la Toussaint nous rappelle le but de notre vie chrétienne : la sainteté. Au jour de notre baptême nous avons été sanctifiés par la puissance de l’amour du Christ pour nous. Nous sommes véritablement devenus des saints, des temples de la Sainte Trinité. Baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, confirmés dans le même Esprit, nous sommes déjà saints parce que nous portons le beau nom de chrétiens, parce que nous sommes les membres du Corps du Christ. Mais notre expérience nous rappelle aussi chaque jour à quel point nous avons du mal à demeurer fidèles à la grâce de notre baptême, à cette vie divine qui nous habite au plus profond de notre être. C’est l’expérience de notre péché et de notre faiblesse, d’où l’importance du sacrement du pardon qui chaque fois nous remet dans la grâce de notre baptême en nous redonnant un vêtement tout blanc pour reprendre l’image de l’Apocalypse ou encore un coeur pur. C’est ainsi que la sainteté est en même temps ce qui nous caractérise et ce que nous avons à devenir, notre vocation à tous. Le Concile Vatican II a enseigné que tous les chrétiens étaient appellés à la sainteté. Et cette vocation à la sainteté est un appel au vrai bonheur de l’homme. Car nous ne pouvons pas vivre ce bonheur en nous contentant des seules joies terrestres et matérielles. Elles sont importantes et nous n’avons pas à les mépriser, seulement à les mettre à leur juste place pour qu’elles n’étouffent pas en nous le désir de Dieu. Notre vrai bonheur ne concerne pas seulement notre corps, notre sensualité, notre intelligence et notre raison, mais aussi notre coeur et notre âme. Il exige donc l’expérience de l’amour véritable et l’expérience de l’absolu, de Dieu lui-même.
Avant d’aller plus loin dans notre réflexion, regardons comment les textes de cette liturgie caractérisent les chrétiens que nous sommes :

- Serviteurs de Dieu dans l’Apocalypse
- Membres du peuple qui cherche Dieu dans le psaume
- Enfants de Dieu dans la deuxième lecture
- Appellés au bonheur dans l’Evangile

Quelle richesse ! Je ne retiendrai ici que l’expression du psaume. Elle nous donne deux moyens de progresser vers la sainteté. Tout d’abord nous sommes les membres du peuple de Dieu, du Corps du Christ, nous sommes l’Eglise. Ce qui signifie que l’on ne devient pas saint tout seul, isolé dans son coin. Nous avons besoin les uns des autres pour grandir dans la sainteté et pour nous encourager sur ce chemin à la fois magnifique et difficile. La sainteté est toujours un don de l’amour de Dieu et ce don il nous le fait à travers notre appartenance à l’Eglise. L’expression du psaume nous rappelle aussi que nous sommes un peuple en marche, orienté vers notre avenir en Dieu. L’Eglise n’a pas d’autre but que d’aider chacun de ses membres à vivre dans l’amitié avec Dieu. L’Eglise doit sans cesse nous redire que nous avons à rechercher Dieu dans nos vies. Un saint n’est pas celui qui dit : j’ai trouvé Dieu et j’attends maintenant la mort pour parvenir à la béatitude éternelle. Le saint, c’est celui qui a conscience que jusqu’à son dernier souffle il devra chercher Dieu. Oui, Dieu s’est révélé à nous comme un Père en nous envoyant son Fils Jésus et en nous donnant l’Esprit de sainteté. Mais Dieu demeure toujours un mystère, c’est-à-dire une réalité inépuisable. Et c’est pour cela qu’en tant que croyants nous devons toujours le chercher, toujours revenir à Lui par le désir de l’amour.
Signalons enfin un danger pour nous tous, en fait une fausse représentation de la sainteté. Pour certains la sainteté chrétienne consisterait en une vie honnête, faite de mesure et de perfection morale. C’est ce type de vie que menait Paul le pharisien avant sa rencontre avec le Christ Vivant sur le chemin de Damas. Nous ne pouvons pas comprendre la sainteté chrétienne sans nous référer aux propos de Paul qui parle de la folie de la croix, donc de la folie de l’amour de Dieu à notre égard. Nous ne sommes plus dans cet idéal grec et classique de mesure mais au contraire dans l’excès. La sainteté, nous le voyons, va bien au-delà d’une vie morale honnête. Elle nous met en contact avec le Dieu vivant et vrai, le Trois fois Saint, elle nous fait entrer dans la vie divine de la Trinité, communier à cet échange de vie et d’amour en Dieu même. La sainteté ne nous met pas d’abord en relation avec une Loi ou des commandements mais en relation avec le mystère même de Dieu. Elle n’est donc pas d’abord une affaire de morale, mais une affaire d’amour et de recherche spirituelle. Nous avons peur de la sainteté parce que l’idée de perfection morale nous semble inaccessible, utopique au fond. Mais si nous attendons de vivre une morale parfaite pour nous mettre en chemin, alors oui nous en resterons là où nous sommes. C’est pas à pas, humblement, que nous avons à nous lancer dans cette grande marche de la sainteté à la suite de tous les saints et de toutes les saintes de l’histoire de notre humanité. Ne restons pas au bord du chemin en nous disant : ce n’est pas fait pour nous ! C’est progressivement, choix après choix, jour après jour, qu’avec la grâce du Christ, nous avancerons sur ce chemin. Les 9 béatitudes balisent notre route. Et ces balises nous rappellent qu’il est impossible de séparer notre recherche de Dieu de l’amour du prochain : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! » En résumé nous avons repéré trois moyens parmi tant d’autres de progresser dans la sainteté : parcourir ce chemin avec d’autres dans l’Eglise, rechercher sans cesse le vrai visage de Dieu et agir de manière concrète au service de la justice parmi les hommes.

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