29eme dimanche du TO/C
17/10/2010
Luc 18, 1-8 (p. 799)
Apres nous avoir entretenu de la foi et de la gratitude, le Seigneur Jesus nous invite en ce dimanche a une reflexion sur la priere. Et cela a l’aide de la petite histoire du juge et de la veuve. Parabole tellement claire qu’elle se passe de commentaires. Si Jesus nous raconte cette parabole semblable a une autre dans le meme Evangile (celle de l’homme couche derange par son ami venu lui demander du pain), c’est dans un but bien precis : « pour nous montrer qu’il faut toujours prier sans se decourager ». Cet Evangile n’est donc pas un enseignement general sur la priere et cela pour deux raisons. La premiere, evidente, c’est qu’il nous parle de l’une des caracteristiques de la priere chretienne : elle ne se decourage jamais, donc elle est perseverante. La seconde, c’est qu’il s’agit ici de l’une des formes de la priere chretienne : la priere de demande. En effet la veuve demande au juge de lui faire justice. Et nous verrons enfin le lien de cet enseignement avec la realite de la foi. Priere et foi etant bien sur inseparables.
Pourquoi donc Jesus insiste-t-il tant sur cette qualite que doit avoir notre priere, la perseverance ? Parce qu’il nous connait mieux que nous-memes ne pouvons nous connaitre. Il sait qu’a cause du peche mais aussi parce que nous sommes des etres incarnes, corps, esprit et ame, nous pouvons tres vite nous decourager dans notre vie spirituelle. Dieu peut sembler a certains moments tellement lointain ou absent... Jesus sait aussi que quand nous demandons quelque chose a Dieu dans la priere et que nous ne l’obtenons pas immediatement, nous abandonnons facilement. Nous pratiquons la priere de demande dans un esprit de rentabilite. Et s’il nous semble que nous ne sommes pas exauces nous passons a autre chose. C’est contre cette tentation que le Seigneur veut nous mettre en garde. Permettez-moi de traduire d’une maniere triviale le message de la parabole : il faut casser les pieds au Bon Dieu a la maniere de cette pauvre veuve ! Partons de nos experiences humaines les plus simples pour comprendre a quelle point notre faiblesse nous expose a baisser les bras dans le combat de la priere. Ceux parmi vous qui ont ou ont eu de jeunes adolescents et vous les jeunes vous savez par experience combien il est difficile de perseverer dans un choix. Un tel veut jouer du piano, un autre veut se mettre au tennis, un autre enfin veut creer un groupe de musique avec ses amis etc. Combien ont commence plein d’enthousiasme pour au final abandonner au bout de 6 mois ou d’un an ? Je reprends l’exemple de l’apprentissage du piano. Au debut cela demande beaucoup de travail et de patience pour tres peu de resultats. Au debut on se fait tres peu plaisir a repeter des exercices et des gammes... Ce n’est que la perseverance qui apporte la joie de bien jouer ! Bien sur la priere est d’un autre ordre, surnaturel, et tout ne depend pas de nous dans cet ordre. Car prier est d’abord une grace de Dieu, un don de son amour, puisque nous ne pouvons pas prier sans la foi et la charite. Il n’en reste pas moins vrai que pour la part qui est la notre, celle de notre liberte, la comparaison avec la perseverance dans l’apprentissage du piano nous instruit. Je pense en effet que plus nous prions, plus nous sommes fideles a la priere, plus la priere devient aise et facile. La perseverance dans la priere nous permet de gouter, si Dieu le veut, son amour, sa presence d’une maniere plus intense et plus forte. Quand je dis qu’il faut donc casser les pieds au Bon Dieu, cela doit etre compris dans le contexte de notre Evangile. La priere de demande n’a rien a voir avec le caprices des enfants qui exasperent leurs parents tant qu’ils n’ont pas obtenu ce qu’ils voulaient. La parabole nous parle d’une veuve, donc d’une femme pauvre. Voila la premiere condition pour une bonne priere de demande : se tenir comme un pauvre en presence de Dieu. C’est cette humilite qui nous permet de dire en verite : Que ta volonte soit faite ! Si dans notre priere de demande perseverante nous mettons de cote cette demande du « Notre Pere » alors nous ne sommes plus dans la priere chretienne. Enfin l’autre condition pour une bonne priere de demande, c’est Jesus lui-meme qui nous la donne avec la fin de cet Evangile : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Cette interrogation angoissee nous interpelle. Alors nous savons comment demander dans la priere. Il est evident que nous n’avons pas le droit de demander des choses mauvaises mais seulement ce qui nous semble bon pour nous-memes et pour les autres. Nous le faisons avec humilite, foi et perseverance. Car aucune priere n’est perdue. Enfin souvenons-nous que le miracle de la priere de demande se trouve parfois ailleurs que dans son exaucement. Car toute priere nous transforme et nous rend meilleurs. Je terminerai par un exemple illustrant cela. Si je prie pour la conversion de mon ennemi, de celui qui me fait du mal, peut-etre que lui ne changera pas. Cela ne signifie pas que je ne suis pas exauce. Car il se peut qu’a travers cette priere perseverante Dieu augmente ma force et ma patience pour aimer malgre tout cette personne antipathique ou qui me veut du mal.
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