Pentecôte /C
23/05/10
Jean 14, 15-26 (p.797)
La solennité de Pentecôte marque le terme du temps pascal. Ce terme est un sommet, un couronnement, une plénitude. Car avec le don de l’Esprit Dieu se révèle et se donne totalement. Avec le don de l’Esprit la révélation chrétienne est achevée. Ce n’est pas par hasard que la liturgie nous fera célébrer dimanche prochain la Sainte Trinité. Ce sommet de la révélation chrétienne que nous célébrons aujourd’hui correspond au temps de l’Eglise, ce que nous nommons dans la liturgie le temps ordinaire. Ce qui marque le commencement de l’Eglise, c’est le rassemblement, dans la prière et l’attente, des apôtres et des saintes femmes dont Marie, la mère du Sauveur. Cela nous rappelle que l’essence de l’Eglise est d’ordre spirituel. L’Eglise est une réalité née de la volonté du Fils et du don de l’Esprit. L’organisation nécessaire à la vie de l’Eglise, corps du Christ, doit se comprendre et se vivre dans la primauté donnée à la relation avec Dieu dans l’Esprit. Le ministère des apôtres n’a de raison d’être que s’il est au service de la vie de Dieu dans les membres de l’Eglise, que s’il annonce le don de cette vie divine à tous les hommes. Evangéliser dans l’Eglise apostolique, ce n’est donc pas faire de la propagande sectaire. C’est témoigner de ce que l’homme ne peut s’accomplir lui-même s’il reste en dehors de cette vie divine communiquée par l’Esprit. Seul l’Esprit du Christ nous fait devenir ce que nous sommes comme en promesse à notre naissance : des personnes humaines à l’image de la divine Personne du Fils. Notre vie humaine, fécondée par la vie de l’Esprit, devient ainsi un passage de l’homme charnel, prisonnier de son égoïsme et de son individualité, à l’homme spirituel : une personne humaine capable d’aimer et de se donner, ouverte à la relation aux autres et à Dieu. Célébrer la Pentecôte, c’est affirmer à nouveau que Dieu seul est source de vie. De notre vie humaine tout d’abord en tant que créateur. Souvenez-vous de la première page de la Bible : « La terre était informe et vide, les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux ». C’est le même Esprit qui vient nous recréer en nous communiquant la vie divine. Voilà le miracle de la Pentecôte ! Ainsi que celui de notre baptême et de notre confirmation !
Les textes bibliques de cette liturgie insistent tous sur le fait que Dieu nous donne l’Esprit pour qu’il habite en chacun de nous. Je ne fais que rappeler ici quelques expressions parlantes : « Ils furent tous remplis de l’Esprit Saint » ; « L’Esprit de Dieu habite en vous » ; « Nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui ». Et dans l’Evangile un verset omis par la version liturgique : l’Esprit de vérité « est avec vous et demeure en vous ». En nous donnant son Esprit, Dieu se donne totalement. Ce qui signifie que ce sont les trois personnes divines qui font de nous leur temple, leur sanctuaire. La Pentecôte nous révèle cette merveilleuse réalité de l’inhabitation divine. Et nous comprenons alors beaucoup mieux certains enseignements du Seigneur Jésus dans les Evangiles. Par exemple : « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous », « Dieu est esprit ; quand on adore, il faut adorer en esprit et en vérité ». Depuis la Pentecôte, tout chrétien devrait avoir une vive conscience que c’est d’abord en lui qu’il doit trouver la présence de Dieu Trinité. « Grandeur de l’âme humaine », notait Pascal dans son Mémorial. L’expression utilisée par Luc dans les Actes des Apôtres mérite qu’on s’y arrête : « Ils furent tous remplis de l’Esprit Saint ». Comme si l’Esprit était un liquide et nous des récipients ! L’image nous parle : l’eau répandue dans un vase a la capacité de « remplir » justement, c’est-à-dire de ne laisser aucun espace vide. Le don de l’Esprit ne concerne donc pas seulement notre cœur ou encore notre âme mais notre être tout entier corps et âme. D’ailleurs Paul le rappellera aux chrétiens de Corinthe : ne savez-vous pas que vos corps sont des temples de l’Esprit ? C’est ainsi que l’Esprit du Christ devient notre vie, en nous remplissant totalement de sa présence, en sanctifiant non seulement notre âme mais aussi notre corps. Cette vérité de foi, suite logique de l’incarnation du Fils, a des conséquences nombreuses au niveau de la morale chrétienne.
L’événement de Pentecôte institue donc en quelque sorte une religion de l’intériorité, un culte spirituel de Dieu. Et tout dans notre pratique religieuse extérieure doit nous aider à aller sans cesse vers ce centre, ce foyer intérieur dans lequel Dieu Trinité habite. C’est en nous que nous avons à faire l’expérience de l’amour divin, de ce feu dévorant. Particulièrement par la prière communautaire, les sacrements et la prière personnelle. En même temps l’événement de Pentecôte nous pousse à sortir de nos églises pour évangéliser, porter la Bonne Nouvelle de Jésus dans toutes les langues du monde. Pentecôte, c’est la double respiration de notre vie chrétienne : du foyer intérieur où brûle l’amour divin à la mission apostolique, par notre capacité à entrer en dialogue avec tous et chacun, porteurs de l’amour du Fils et polyglottes de l’Esprit Saint. Amen.
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