Ascension du Seigneur / C
13/05/10
Luc 24, 46-53 (p. 710)
C’est avec saint Luc que nous faisons mémoire du mystère de l’Ascension du Seigneur. En effet la liturgie de la Parole nous fait entendre la finale de l’Evangile selon saint Luc et le commencement du livre des Actes des Apôtres. Ce livre est en quelque sorte le tome II de l’Evangile selon saint Luc. Ecrit par le même auteur il nous rapporte les commencements de l’Eglise à partir de l’Ascension et de la Pentecôte.
C’est essentiellement à partir de la première lecture que je vous propose de méditer ce mystère de l’Ascension comme le début, dans notre histoire humaine, du temps de l’Eglise. Luc nous dit que c’est pendant 40 jours, entre Pâques et l’Ascension, que le Seigneur Ressuscité s’est manifesté à ses disciples pour les confirmer dans la foi. Ce nombre symbolique nous rappelle bien sûr d’autres moments importants de l’histoire sainte dans l’Ancienne Alliance comme dans la Nouvelle, à commencer par les tentations du Christ au désert. Tentations qui inaugurent et préparent son ministère public. Et que fait le Seigneur pendant ces 40 jours ? Il parle à ses disciples du Royaume de Dieu. Il ne leur dit donc rien de nouveau. Pas de révélation nouvelle. Mais il les invite à approfondir dans la lumière de Pâques son enseignement d’avant Pâques, son premier enseignement concernant la venue du Royaume de Dieu. Enseignement donné justement après les tentations au désert. Ce rappel de la présence du Royaume de Dieu s’accompagne d’une promesse : celle du baptême dans l’Esprit Saint, « force venue d’en haut ». Avant de quitter physiquement ses disciples, voilà ce que Jésus désire partager avec eux. Encore une fois rien de nouveau, mais la confirmation de tout ce qu’il avait enseigné et promis avant sa mort et sa résurrection.
Malgré les trois années de compagnonnage, les 40 jours après Pâques, les apôtres, pierres de fondation de l’Eglise, ne sont toujours pas prêts ! « Est-ce donc maintenant que tu vas rétablir le royaume d’Israël ? » Dans le texte de Luc nous passons du Royaume de Dieu au royaume d’Israël… Les apôtres sont encore prisonniers d’une vision étriquée de la religion, une religion réduite à un nationalisme, une religion mise au service d’une politique, d’un peuple, d’un territoire. Toute la prédication de Jésus montrait clairement que le Royaume de Dieu ne se confondait pas avec la royauté en Israël et pourtant nous voilà revenus à la case départ, juste avant l’Ascension ! Cette confusion entre la sphère spirituelle et la sphère temporelle ou politique qui est alors dans la mentalité des apôtres reviendra tout au long de l’histoire de notre Eglise sous le nom de chrétienté. Jésus n’a pas prêché la chrétienté mais la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Et dans l’Eglise nous n’avons pas à réduire le christianisme à une simple expression temporelle historique, la chrétienté. La réponse du Seigneur va remettre les apôtres dans le droit chemin de leur mission avec délicatesse mais fermeté :
Il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates que le Père a fixés dans sa liberté souveraine. Mais vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre.
Ces hommes, galiléens de naissance, Juifs de religion, reçoivent une mission universelle et spirituelle : être les témoins du Christ Seigneur et de son Evangile « jusqu’aux extrémités de la terre ». Notez bien la progression géographique, du plus local (Jérusalem) au plus universel en passant par la Judée et la Samarie. Nous retrouvons cela dans la finale de l’Evangile :
C'est bien ce qui était annoncé par l'Écriture : les souffrances du Messie, sa résurrection d'entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. C'est vous qui en êtes les témoins.
Avant son Ascension, Jésus confirme donc ses apôtres dans leur mission spirituelle de témoins de l’Evangile avec la force de l’Esprit et il en fait les pierres de fondations d’une Eglise universelle, donc catholique. L’Eglise ou le christianisme ne peuvent jamais se réduire à un nationalisme, un patriotisme, une culture localisée dans le temps et l’espace ou encore à une civilisation particulière. L’Eglise est catholique ou elle n’est pas. Et cela n’a aucun sens de parler par exemple d’une Eglise anglicane ou d’une Eglise gallicane.
La solennité de l’Ascension ouvre donc notre cœur et notre esprit aux larges horizons du Royaume de Dieu ou Royaume des cieux. L’Ascension nous rappelle que nous ne sommes que de passage ici-bas et que notre vocation ultime c’est bien d’entrer au sanctuaire du ciel grâce au sang de Jésus. Le temps de l’Eglise est celui de l’espérance universelle, dans l’attente et le désir du retour du Christ dans la gloire « pour le salut de ceux qui l’attendent ». Et c’est bien parce que nous sommes animés par cette espérance surnaturelle que nous devons, à la suite des apôtres, rendre témoignage jour après jour de la vérité et de la beauté de l’Evangile. Oui, nous sommes membres d’une Eglise qui est inséparablement catholique et apostolique.
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