17ème dimanche du TO/B
26/07/09
Jean 6, 1-15 (p. 212)
Avec le récit de la multiplication des pains nous commençons en ce dimanche notre lecture du chapitre 6 de saint Jean : chapitre eucharistique consacré au Pain de vie.
Je vous propose de méditer la multiplication des pains comme un enseignement sur le rapport entre la grâce et la nature, Dieu et l’homme.
Il y a là sur la montagne, une colline dominant le lac, une grande foule venue écouter Jésus. Les disciples et les apôtres sont là aussi. Et voilà que se pose la question toute pratique de la nourriture de ces nombreuses personnes en un lieu désert. Et c’est le Seigneur qui pose cette question à son apôtre Philippe « pour le mettre à l’épreuve » : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Jésus a décidé de faire un signe en faveur de cette foule fatiguée et affamée mais il veut aussi éduquer ses apôtres. S’il les met ainsi à l’épreuve, c’est bien pour les faire passer d’une pensée toute naturelle à une pensée surnaturelle ou pour le dire autrement d’une vue selon la seule raison à une vue selon la foi. Et Philippe répond selon le bon sens humain, selon la raison : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun ait un petit morceau de pain ». C’est comme s’il disait à son Maître : ce que tu nous demandes là est impossible ! L’intervention d’André quant à elle est intéressante… Elle témoigne d’un commencement d’espérance face à une situation apparemment sans issue : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons… ». Peut-être avait-il prévu le pique-nique champêtre pour lui et les membres de sa famille… Mais André demeure bien au seul niveau de la nature humaine, du raisonnable : « Mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »
Jésus va alors faire ce signe de la multiplication des pains. Non pas à partir de rien, comme quand Dieu créa le monde, mais bien à partir des cinq pains et des deux poissons. Ce qui signifie que le geste surnaturel du Seigneur utilise la nature. Il n’y a pas opposition entre le domaine de la grâce surnaturelle et le domaine de la nature créée. Cette complémentarité entre la nature et la grâce, nous la retrouvons dans tout le christianisme, et d’abord dans le mystère de l’incarnation. Comment le Fils de Dieu est-il venu au monde ? Par le « oui » et le corps de la Vierge Marie, donc selon la nature humaine, et par l’action en elle du Saint-Esprit, donc de manière surnaturelle, divine. Et c’est pour cela que Jésus est en vérité vrai Dieu et vrai homme, médiateur entre Dieu et les hommes. C’est dans la lumière de ce mystère de l’incarnation, que nous comprenons alors les sacrements, particulièrement le sacrement de l’eucharistie. En instituant l’eucharistie, Jésus a pris des éléments naturels, le pain et le vin, pour en faire son corps et son sang. Il ne peut y avoir d’eucharistie, donc de présence vivante et sacramentelle du Seigneur Jésus à son Eglise, sans la nature (le pain) et sans le surnaturel (l’action de l’Esprit-Saint). Il ne peut y avoir d’eucharistie dans le sens plénier du sacrement sans notre participation intérieure et extérieure au mystère. Au moment de la préparation des dons, le prêtre dit à voix basse, en versant une goutte d’eau dans le calice, la prière suivante : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. » Remarquez bien le lien fait par la liturgie entre le mystère de l’incarnation et celui de l’eucharistie. Dans l’eucharistie sont en quelque sorte mêlés Dieu et l’homme, le surnaturel et la nature. Et au moment de la préparation des dons, alors que le prêtre présente à Dieu le pain et le vin, nous devons nous offrir nous aussi au Père avec toute notre personne et toute notre vie, avec ce qui est lumineux en nous comme avec les parts d’ombre que nous portons... Nous apportons ce qui relève du domaine de notre nature humaine, sanctifiée par le baptême, pour qu’elle soit élevée, assumée, transfigurée dans l’amour surnaturel du Seigneur, pour qu’elle soit davantage divinisée. Le corps ecclésial (chaque baptisé en communion de foi, d’espérance et de charité avec les autres baptisés) et le corps eucharistique sont des réalités inséparables. Voilà jusqu’où peuvent nous mener les cinq pains et les deux poissons utilisés par Jésus pour nourrir toute une foule…
Saint Jean relève qu’il resta après le repas douze paniers de nourriture. Comme les douze tribus d’Israël et comme les douze apôtres du Seigneur… Le pain multiplié, signe du pain eucharistique, est non seulement surabondant mais inépuisable. Il ne manquera jamais à l’Eglise jusqu’à la fin des temps. La fin du récit de la multiplication des pains nous montre que la foule rassasiée en est restée au niveau de la nature, elle n’a pas encore compris le message de grâce. Cette foule veut en effet faire de Jésus un roi temporel, un Messie-Prophète impliqué directement dans les affaires de ce monde qui passe. Et le Seigneur est obligé de s’enfuir, jusqu’au moment de la Passion où il sera vraiment Roi de manière divine et surnaturelle, selon la volonté du Père et non selon les vues des hommes !
1 commentaire:
BON DEPART
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