Premier dimanche de Carême
1er mars 2009
Année saint Paul, lecture de l’année C : Romains 10, 8-13 (p.40)
A l’occasion de l’année saint Paul, les prêtres et le diacre de votre paroisse ont décidé de prêcher, pendant le Carême, à partir de la deuxième lecture qui est généralement extraite des épîtres pauliniennes. La lecture de notre année liturgique (B) étant un passage de la première lettre de saint Pierre, je prêcherai sur la lecture de l’année C pour retrouver saint Paul.
Nous commençons donc notre cheminement de Carême en compagnie de saint Paul et cela avec un passage de sa lettre aux Romains, au chapitre 10. Avant de mettre en lumière pour vous certains aspects de la deuxième lecture, il est essentiel de la remettre dans son contexte. Saint Paul consacre les chapitres 9 à 11 de sa lettre aux Romains à une question qui l’intéresse au plus haut point et qui le touche profondément : la place et le rôle du peuple Juif dans le dessein du salut, dans le projet de Dieu pour notre humanité. Je vous invite à lire et à méditer ces chapitres tout au long de cette semaine. L’apôtre Paul est à la croisée des chemins. Il se présente comme Israélite, « de la race d’Abraham, de la tribu de Benjamin » et comme apôtre des « non-Juifs », donc des païens. Et c’est bien à des païens qu’il écrit dans cette lettre aux Romains. Paul médite sur un mystère qui est source pour lui de « souffrance continuelle » : la majorité des Juifs n’a pas cru en Jésus, ne l’a pas reconnu comme Messie. Comment expliquer le refus du Christ par le peuple Juif ? L’apôtre répond en abordant un thème central de sa lettre aux Romains : le rapport entre la foi et les œuvres. Les Juifs ont pensé trouver leur sainteté en accomplissant les œuvres de la loi de Moïse. C’est-à-dire qu’ils ont réduit l’amour pour Dieu à un effort moral personnel : « Ils ne savent pas comment Dieu nous fait justes et ils veulent établir leur propre perfection », écrit Paul. Dans le dessein mystérieux de Dieu, le refus des Juifs a entraîné la conversion des païens : « Grâce à leur chute, les nations païennes ont reçu le salut, et cela va être un défi pour eux ». Il y a donc eu un transfert de grâces entre le peuple élu et les païens. Mais ce n’est pas une raison pour mépriser le peuple élu. Les païens convertis aux Christ ne doivent pas tomber dans l’orgueil, encore moins dans l’antisémitisme : « Comment voudrais-tu te moquer ? Ce n’est pas toi qui portes la racine, mais c’est la racine qui te porte ». Nous trouvons ici l’image de la greffe des païens sur le bon olivier du judaïsme. Et c’est à partir de cette image que Paul conserve pour ses frères de race l’espérance du salut dans le Christ : « Une partie d’Israël restera dans son aveuglement jusqu’à ce que l’ensemble des nations soit entré, et à ce moment c’est Israël tout entier qui sera sauvé ». Paul espère donc en la conversion finale de son peuple au Christ. Encore une fois il y a eu un échange du salut entre le peuple qui porte les racines et le peuple greffé : « Alors que vous, païens, vous étiez loin de l’obéissance à Dieu, c’est leur désobéissance qui vous a obtenu la grâce. Eux aussi auront droit à sa miséricorde après cette désobéissance qui vous a valu la miséricorde. Ainsi Dieu nous fait tous passer par la désobéissance, afin de montrer à tous sa miséricorde. » Si les Juifs dans leur majorité ont rejeté le Christ, Dieu, lui, ne les a pas rejetés, car il est fidèle à ses promesses. La fin du chapitre 11 est une hymne à la sagesse de Dieu. Paul enseigne aux Romains que le mystère d’Israël renvoie au mystère de Dieu lui-même. Nous sommes incapables de saisir tous les chemins par lesquels sa Providence mène tous les hommes, Juifs et païens, au salut. Et cela uniquement par la grâce et la miséricorde, et non pas à cause des bonnes œuvres dont nous pourrions nous vanter.
En guise de conclusion, je ne pourrai mettre en valeur que très brièvement le contenu de notre deuxième lecture. Retenons, en ce début de Carême, trois points d’attention. La loi de Dieu nous est intérieure ; le salut vient de notre foi dans le Christ ; le salut donné par le Christ est universel. « La Parole est près de toi… », Paul cite ici le Deutéronome. Et nous pouvons illustrer cette citation par une autre, tirée du prophète Jérémie : « Je mettrai ma loi au-dedans d’eux et je l’écrirai sur leur cœur ; je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple. » Le Carême est un temps privilégié pour nous permettre d’intérioriser le message de la foi, l’Evangile du Christ. Si nous posons des actes (prière, jeûne, partage), c’est pour mieux vivre de l’intérieur cette relation d’Alliance avec Dieu par le Christ. Car ce ne sont pas nos bonnes actions qui nous sauvent, mais bien notre relation avec le Christ mort et ressuscité pour nous. Et c’est notre 2ème point : la foi, unique source de notre salut. Et c’est par la foi que la différence entre Juifs et païens est abolie (3ème point). A tous Dieu veut faire miséricorde. Juifs comme païens ont à abandonner l’orgueil de l’homme qui croit pouvoir se sauver par lui-même. Juifs comme païens doivent dans l’humilité accueillir la Bonne Nouvelle de Jésus et se reconnaître fils d’un même Père : Car « tout vient de Lui, tout arrive par Lui, tout va vers Lui. Gloire à Lui pour les siècles. Amen ! »
2 commentaires:
Petits arrangements avec les cycles des lectures, Padre?? Année saint Paul oblige, certes, mais tout de même, on entend si rarement saint Pierre qu'il est regrettable de passer sur une occasion de le commenter, non?
Merci pour tes homélies et ton amitié, Dieu te garde.
Rémi
Good reaad
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