5ème dimanche de Carême / Année Saint Paul
29 mars 2009
Philippiens 3, 8-14 (année C / p. 234)
Nous terminons en ce dimanche notre parcours de Carême avec saint Paul en lisant et en méditant un extrait de sa lettre aux Philippiens (deuxième lecture de l’année C). Les biblistes situent la rédaction de cette lettre en 56 au moment où l’apôtre était emprisonné à Ephèse. Ce passage du chapitre 3 de sa lettre aux chrétiens de Philippes, ville de Macédoine située au nord de la Grèce, nous révèle un saint Paul passionné par le Christ. Et cette passion pour le Christ, l’apôtre la manifeste dans un contexte polémique, semblable à celui de la lettre aux Galates. Il nous suffit pour nous en rendre compte d’entendre l’avertissement qui se trouve au début du chapitre 3 : « Prenez garde aux chiens, prenez garde aux mauvais ouvriers, prenez garde au groupe des circoncis ! La circoncision, c’est nous qui l’avons, puisque nous servons Dieu en esprit et nous nous appuyons sur le Christ et non sur des sécurités humaines. » Paul adopte un ton sévère à l’égard des judaïsants, ces chrétiens originaires du Judaïsme qui veulent imposer aux païens la loi de Moïse et la circoncision. C’est au sein de cette polémique que l’apôtre expose trois thèmes principaux aux chrétiens de Philippes, et cela à partir de son expérience personnelle. Cet enseignement a en effet un ton très personnel et Paul s’engage tout entier dans ce qu’il affirme avec tant de passion depuis sa prison.
Le premier enseignement concerne « la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur ». Pour l’apôtre il s’agit du bien qui dépasse tout, du seul avantage. Notons bien cette formule très personnelle : le Christ Jésus, mon Seigneur. Si Paul a renoncé à tous ses privilèges de bon Juif pharisien pratiquant, c’est pour connaître le Christ, pour communier dans sa vie à son mystère pascal. Cette connaissance n’est pas théorique. Tout d’abord parce que Saul a été saisi par le Christ Ressuscité sur le chemin de Damas. La passion de Paul pour son Seigneur est celle d’un converti, d’une personne qui a rencontré personnellement le Christ Vivant dans sa vie. Il s’agit véritablement d’un retournement, d’un bouleversement de perspectives, et c’est de cette conversion dont Paul témoigne ici. Sur le chemin de Damas sa vie de Juif zélé a été radicalement transformée. La connaissance du Christ par la foi, connaissance mystique, n’a en effet rien de théorique puisqu’il s’agit « d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion. » Saisi par le Christ, Paul se laisse habiter par son mystère pascal. Ce mystère devenu intérieur à nous-mêmes par le sacrement de baptême…
Le deuxième enseignement est une réponse directe aux manœuvres des judaïsants. Il concerne le salut par la foi en Jésus : « Cette justice ne vient pas de moi-même, - c’est-à-dire de mon obéissance à la loi de Moïse – mais de la foi au Christ : c’est la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi. » Paul a quitté son orgueil de bon Juif pratiquant pour accepter d’être sauvé par le Christ, et par lui seul. Il est un témoin privilégié du passage de l’ancienne Alliance à la nouvelle Alliance. Dans les paroles de la consécration du vin, le ministre du Seigneur dit : « Ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude, en rémission des péchés. » Si la loi de Moïse a eu une valeur pédagogique, transitoire, la loi du Christ, elle, est éternelle et définitive.
Le troisième enseignement de Paul concerne le dynamisme de notre vie chrétienne. Si nous mettons vraiment notre foi dans le Christ, si nous accueillons en nous son mystère pascal, alors nous ne pouvons plus être les hommes du passé et du regard en arrière : « Oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but. » Saint Paul compare notre vie chrétienne à une course, une course aimantée en quelque sorte par la présence du Christ ressuscité. Dans cette course seul compte le présent, l’aujourd’hui de Dieu, en tant qu’il nous fait avancer vers notre vocation ultime : la communion parfaite avec Dieu dans le Christ. Paul est pour nous un exemple significatif : il n’est pas arrivé au but, il ne se considère pas comme parfait. C’est cet état d’esprit intérieur qu’il met en valeur en comparant sa vie à une course. C’est aussi ce que le temps du Carême vient nous rappeler chaque année. Si nous étions parfaits, parvenus au but, le Carême serait inutile. La prière du mercredi des Cendres parle de notre entraînement au combat spirituel. Voilà une image qui correspond bien à celle de la course. Ce passage de la lettre de Paul aux Philippiens nous renvoie aussi à la prière du premier dimanche de Carême : « Accorde-nous, Dieu tout-puissant, tout au long de ce Carême, de progresser dans la connaissance de Jésus Christ et de nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle. » Alors que notre Carême touche à sa fin, Paul nous pose une question bien personnelle : Que cherches-tu dans ta vie, quel est ton but ? Et quelle place fais-tu au Christ ton Seigneur et unique Sauveur ?
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