Messe de la nuit de Noël / Luc 2, 1-14 (page 204)
Année 2027. Plus d’enfant, plus de futur, plus d’espoir : depuis 18 ans, aucune naissance n’a eu lieu… Tel est le sombre scénario du film « Les fils de l’homme » réalisé en 2006 par Alfonso Cuaron… En cette nuit de la Nativité, nous fêtons la naissance du plus beau des enfants de l’homme, Jésus, le Fils de l’homme. Noël nous renvoie d’abord au miracle de la vie. Noël nous tourne vers Dieu notre Père, vers Dieu créateur, source de toute vie. Notre vie est un miracle, peut-être l’oublions-nous trop facilement… En cette sainte Nuit la tradition veut que nous nous échangions des cadeaux. Le premier et le plus beau des cadeaux c’est Dieu notre Père qui nous l’offre : c’est tout simplement le fait que, comme Jésus, nous soyons venus au monde. Notre existence est en effet un merveilleux cadeau. Nous sommes créés de manière unique à l’image de Dieu. C’est dire toute la dignité et la valeur de notre vie. En notre personne, quelles que soient nos faiblesses, nos défauts, nos péchés, Dieu est présent. C’est ce qui fait de notre vie une histoire sacrée. Nous sommes les témoins vivants d’un Dieu Père et Créateur. C’est pour cette raison que toute atteinte à la vie humaine est un grave péché contre Dieu. Chris Mc Candless, le personnage principal du film Into the wild, avait écrit dans son carnet de notes: « Chaque jour sur cette terre est un bon jour ». Célébrer Noël, c’est dans un premier temps célébrer la beauté de notre vie et de notre vocation humaines. C’est faire mémoire de la bonté de la création, oui, Dieu vit que cela était très bon ! Que l’enfant de Bethléem ouvre nos yeux et notre cœur pour que nous comprenions à quel point chaque jour sur cette terre est un bon jour… Il ne s’agit pas pour nous de faire comme si les difficultés n’existaient pas, mais il s’agit de reconnaître la bonté de notre condition de créatures. Noël nous pousse fortement à dire « merci » à Dieu et à nos parents, à retrouver le chemin de la louange et de la gratitude, en une époque où tout nous pousserait à gémir et à nous plaindre !
Mais Noël ne saurait se limiter à une célébration émerveillée du don de la vie. Avec le mystère de l’incarnation, nous allons encore plus loin dans la compréhension de ce que nous sommes. L’enfant dans la mangeoire est un signe donné aux bergers comme à nous aujourd’hui. Sans parler il nous dit que Dieu notre Père épouse notre humanité. En Jésus, Dieu se lie pour toujours à chaque homme et à chaque femme. Noël c’est le commencement d’une nouvelle Alliance entre Dieu et chacun d’entre nous. Une Alliance définitive, forte, irréversible. Du côté de Dieu, il n’y a pas de marche arrière possible. Des fois il nous arrive de nous plaindre à notre prochain en lui disant : « Si tu étais à ma place, tu me comprendrais ! » Eh bien non seulement Dieu s’est mis à notre place, mais il est devenu en son Fils l’un de nous, il s’est fait notre frère en humanité en toutes choses, à l’exception du péché. Depuis cette nuit de Bethléem au cours de laquelle la Parole de Dieu a pris chair de la Vierge Marie, tout en nous prend une nouvelle valeur, une dignité nouvelle. Par le mystère de l’incarnation, Dieu sanctifie le temps et l’espace. Depuis Noël toute terre est sainte, tout moment de l’Histoire et de notre histoire est sacré. Depuis Noël nous sommes véritablement entrés dans un temps de grâce et de renouveau. Si nous avons à sanctifier le temps de notre existence, c’est pour, en des moments privilégiés, prendre conscience que notre vie est déjà sanctifiée tout entière par le mystère de l’incarnation. Par la prière et par le respect du jour du Seigneur, le dimanche, nous offrons à Dieu un espace dans lequel il vient nous redire son amour. En contemplant le nouveau-né dans la mangeoire, vrai Dieu et vrai homme, comment ne pas saisir notre immense dignité aux yeux de Dieu, la place unique que nous tenons dans son cœur, et cela de manière personnelle ? Dans la banalité de notre vie quotidienne, nous devons saisir en tant que chrétiens toute la valeur de ce que nous vivons. Et justement, malgré les apparences et la routine, nous devrions comprendre que notre quotidien est tout sauf banal. Puisqu’il est le lieu de la communion avec Dieu par le Christ dans l’Esprit. Si dans notre quotidien, nous voulons être forts, regardons l’enfant de la mangeoire ! Il est le Dieu fort ! Notre vraie force ne consiste pas dans le pouvoir, la domination ou encore l’ambition ou le carriérisme. Mais bien dans la profondeur de notre vie de communion avec Jésus, Fils de Dieu. Comment, en vivant vraiment unis à Lui, comme Lui s’est uni à nous, pourrions-nous encore avoir peur ? Notre force dépend de notre foi. Si dans notre quotidien, nous voulons être libres, regardons encore l’enfant dans la mangeoire ! C’est dans la pauvreté, la simplicité et l’humilité que Dieu nous donne son Fils. Nous trouverons davantage notre liberté dans la vérité de notre vie que dans la recherche des biens ou des objets extérieurs à notre personne. L’enfant de la crèche nous ouvre un chemin d’humilité, c’est-à-dire de vérité sur nous-mêmes. Il nous invite à nous débarrasser de nos masques et de nos apparences pour vivre jour après jour comme des créatures bien-aimées du Père. Vivre libres c’est rechercher en toutes choses la volonté de Dieu. La grâce de Noël en nous apprenant à bien vivre nous donne aussi le sens de notre mort. Lorsque nous parviendrons au terme de notre vie terrestre, puissions-nous faire nôtres les paroles de Chris Mc Candless : « J’ai eu une vie heureuse, et j’en remercie le Seigneur. Au-revoir, et que Dieu vous bénisse tous ! » Amen.
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