4ème dimanche de l’Avent / B
21/12/08
Luc 1, 26-38 (p.184)
Le 4ème dimanche de l’Avent, tout proche de Noël, est le dimanche de Marie et de Joseph. La première lecture de l’Ancien Testament éclaire admirablement bien le sens de l’Annonciation à Marie et vice-versa, sans oublier le psaume 88.
Prenons donc le temps de comprendre ce passage capital du second livre de Samuel, dans lequel la figure centrale est celle du roi David. Le deuxième roi d’Israël vient de s’installer dans sa nouvelle capitale Jérusalem. Et la paix règne enfin pour le peuple de Dieu. David nous est ici présenté comme un homme pieux qui a le souci de la gloire du Seigneur : « J’habite dans une maison de cèdre, et l’Arche de Dieu habite sous la tente ! » L’intention de David semble louable : il veut construire une maison pour le Seigneur… Mais voilà que par le prophète Nathan Dieu va manifester sa volonté et son projet. Notre texte liturgique saute quelques versets de la prophétie de Nathan, je les cite ici : « Depuis le jour où j’ai fait sortir les Israélites d’Egypte jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas eu de maison pour habiter, mais j’étais avec eux et je n’avais qu’une tente comme demeure. De tout le temps que j’ai fait route au milieu des Israélites, je n’ai jamais dit à l’un des Juges d’Israël, à ceux que j’avais faits pasteurs de mon peuple Israël : Pourquoi ne me construisez-vous pas une maison de Cèdre ? » Dieu rappelle la longue aventure de l’Exode, le temps où son peuple était nomade. David, généreusement, veut construire une maison pour l’Arche mais telle n’est pas la volonté de Dieu ! Et le Seigneur renverse la situation : C’est moi qui te construirai une maison ! Il y a bien sûr comme un jeu de mot avec le double sens de « maison » : le bâtiment de cèdre d’un côté, et la descendance royale de l’autre. David propose à Dieu un bâtiment, Dieu lui promet une descendance : « Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours ». La descendance promise par Dieu à David est à la fois proche et lointaine… La prophétie parle d’abord de Salomon, le fils de David. Et c’est lui qui construira au 10ème siècle avant J.C le temple de Jérusalem, temple qui sera détruit en 587. Mais une lecture chrétienne de la prophétie nous fait entrevoir son sens lointain. En effet Dieu promet au roi que sa maison demeurera pour toujours. Cette promesse s’accomplit d’une manière inattendue avec la naissance du Messie, ce qui nous ramène au récit de l’Annonciation en saint Luc.
Le nom de David y est cité deux fois, et ce n’est pas un hasard. Tout d’abord Joseph est de la maison de David, d’où la naissance de Jésus à Bethléem. Ensuite Gabriel reprend presque mot à mot une partie de la prophétie de Nathan en l’appliquant à l’enfant qui doit naître de la Vierge Marie : « Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin ». Ce que Nathan avait dit à David 10 siècles auparavant va s’accomplir en Marie de manière spirituelle. Le Messie sera bien Roi, mais un Roi divin. « Il te fera lui-même une maison… » Cette maison promise par Dieu à David pour sa descendance, c’est la Vierge Marie elle-même. Les litanies de la Vierge Marie ne lui donnent-elles pas ces titres éloquents : Tour de David, Arche de la Nouvelle Alliance ?
Il est utile pour nous de comparer l’attitude de Marie et celle de David. Le roi, bien que généreux et pieux, propose à Dieu ses plans… Dans le récit de l’Annonciation, c’est le contraire qui se vérifie. Par l’envoi de l’ange Dieu prend l’initiative et propose à Marie son plan… Marie est invitée à faire sienne la volonté de Dieu même si cette volonté la surprend et la bouleverse, même si elle ne comprend pas tout des paroles mystérieuses de Gabriel. Marie peut devenir le temple de Dieu, le sanctuaire du Fils de Dieu, parce qu’elle dit « oui » à la volonté de Dieu : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole ». Et Luc reprend une expression de l’Ancien Testament, utilisée à propos de la gloire de Dieu investissant le temple de Jérusalem, pour l’appliquer à la jeune fille de Nazareth : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ». Chrétiens, nous avons nos cathédrales et nos églises, mais n’oublions jamais la grande leçon de cette liturgie. C’est en répondant « oui » à l’appel et à la volonté de Dieu sur nous que nous lui construisons les temples qu’Il désire… Ou plutôt que nous nous laissons édifier par l’Esprit-Saint en temples spirituels. Comme Marie nous pouvons donner au monde la présence du Dieu Sauveur, l’Emmanuel. Lui qui préfère habiter les tentes nomades de nos corps de chair que les temples sédentaires faits de pierres… Ce n’est pas pour rien que saint Jean dans son prologue, en parlant du mystère que nous allons célébrer à Noël, écrit littéralement : « Et le Verbe s’est fait chair et il a planté sa tente parmi nous ». Amen.
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