Dédicace de la Basilique du Latran
9 novembre 08
Jean 2, 13-22 (p.1316)
Nous fêtons donc aujourd’hui la dédicace de la Basilique saint Jean de Latran à Rome. C’est une majestueuse façade baroque du 18ème siècle qui accueille le pèlerin et le touriste venant à saint Jean de Latran. Sur cette façade nous trouvons en latin l’inscription suivante : « Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde », inscription qui souligne l’importance historique et la dignité de cette basilique romaine. Si la basilique saint Pierre est bien plus connue et visitée, n’oublions pas que c’est saint Jean de Latran qui est la cathédrale de l’évêque de Rome, donc du pape, d’où son rang unique de première église parmi toutes les églises du monde catholique. D’ailleurs c’est au Latran que les papes ont habité à partir du 5ème siècle et ce jusqu’à leur départ pour Avignon. 5 conciles de l’Eglise se sont tenus au Latran contre deux seulement au Vatican… Si la basilique du Latran a une telle importance dans notre histoire chrétienne, c’est de par ses origines qui remontent au 4ème siècle. Constantin se convertit au christianisme et donne par l’édit de Milan la liberté de culte aux chrétiens. C’est donc la fin d’une longue période d’insécurité et de persécutions pour les disciples du Christ. C’est en 320 que Constantin fait construire la première église officielle des chrétiens de Rome au Latran. La dédicace du Latran marque donc le début de la liberté de culte et la possibilité pour le christianisme d’être non plus une religion cachée, religion des catacombes, mais une religion au grand jour. Fêter la dédicace du Latran, c’est donc fêter la liberté de culte accordée aux tous premiers chrétiens par Constantin.
Les textes de la Parole de Dieu sont d’une richesse extraordinaire. 250 ans après la destruction du temple unique de Jérusalem, Constantin édifie la première église chrétienne. Pour nous chrétiens le lieu de culte n’a pas la même signification que pour les Juifs qui avaient un temple unique à Jérusalem. Une comparaison éclairante traduit le sens profond de la fête de la dédicace : de même qu’une église est consacrée au culte de Dieu par un rite spécifique, de même le chrétien est consacré au culte de Dieu par le baptême et la confirmation. Fêter la dédicace d’une église nous renvoie toujours au mystère de notre propre consécration. Contrairement à la vision propre au judaïsme, pour nous chrétiens, ce qui est premier ce ne sont pas les lieux de culte mais bien les membres du Peuple de Dieu que nous sommes. C’est le magnifique enseignement de la première lettre de Pierre : le Christ, notre Seigneur, y est comparé à une pierre vivante « rejetée par les hommes mais précieuse pour Dieu qui l’a choisie ». Et les chrétiens sont dans le Christ autant de pierres vivantes : « Et donc vous aussi, devenus pierres vivantes, construisez-vous comme un édifice spirituel, une race sainte de prêtres, pour offrir à Dieu par Jésus Christ les sacrifices spirituels qui lui sont agréables . » L’apôtre Paul est bien dans la même ligne de pensée lorsqu’il reprend lui aussi l’image de la construction qui a pour uniques fondations le Christ Jésus : « Vous êtes le temple de Dieu, l’Esprit de Dieu habite en vous. » Et dans sa première lettre aux Corinthiens Paul ose affirmer : « Votre corps est un temple de l’Esprit Saint, qui est en vous, venu de Dieu . » Le sacré pour un chrétien ne se trouve pas d’abord dans un lieu de culte. Ce qui est sacré, c’est l’homme, créature de Dieu appelé à vivre dans l’Alliance comme un fils bien-aimé du Père. Bref le vrai temple de Dieu, c’est l’homme. La Sagesse personnifiée dans le livre des Proverbes annonçait déjà cette merveilleuse réalité : « Je joue sur ce monde, sur la terre que Dieu a faite, et mon grand plaisir, c’est d’être chez les humains. » Fêter la dédicace, c’est nous redire notre incomparable dignité de fils de Dieu. Nous sommes réellement le temple sacré de Dieu, la demeure de la Sainte Trinité. Et Paul n’hésite pas à dire : « Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira. » Pensons dans la prière à tous nos frères chrétiens qui, de par le monde, sont persécutés. Et rougissons de notre peu de foi et de ferveur alors que nous avons la grâce de pratiquer librement notre religion. Fêter la dédicace du Latran nous invite à deux attitudes : solidarité tout d’abord avec les chrétiens persécutés, engagement à la suite du Concile Vatican II pour la liberté religieuse dans le monde. Et aussi attachement au siège de Pierre, sans lequel l’unité catholique se perdrait. « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » Si nous sommes les temples sacrés de Dieu, c’est par notre communion au Corps du Christ, c’est parce que nous sommes membres de l’unique Corps du Christ, qui est l’Eglise. Notre dignité vient du mystère pascal. Notre vie a sa source et sa finalité dans le corps ressuscité du Seigneur duquel ne cesse de jaillir pour tous l’eau vive, signe de l’amour de Dieu notre Père. Amen.
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