23ème dimanche du TO/A
7/09/08
Matthieu 18, 15-20 (p. 501)
La rentrée scolaire est faite… après la coupure estivale nous reprenons chacun chacune nos activités ordinaires… Notre paroisse qui vit au rythme de l’année scolaire propose à nouveau aux enfants et aux jeunes les activités du catéchisme et de l’aumônerie…
Et voilà que l’Evangile de cette messe nous parle de « correction fraternelle » pour reprendre l’expression traditionnelle. Avant d’entrer dans le vif du sujet, un sujet difficile, regardons la différence qui existe entre Matthieu et Luc sur ce point. St. Matthieu développe ce thème et en fait un pilier de la vie communautaire, de la vie en Eglise. St. Luc, lui, est beaucoup plus bref et donne à la correction fraternelle un aspect personnel : « Si ton frère pèche contre toi, reprends-le, et s’il regrette, pardonne-lui. S’il pèche contre toi sept fois le jour et que sept fois il revienne vers toi en disant : ‘je regrette’, tu lui pardonneras. » Luc, évangéliste de la miséricorde, situe la correction fraternelle dans le contexte du pardon mutuel. Matthieu ne mentionne pas le pardon. Enfin Luc ne parle pas du péché en général (« Si ton frère a commis un péché… ») mais bien du péché dont je suis la victime (« Si ton frère pèche contre toi… »).
« Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute… ». Baptisés, nous sommes chacun pour notre part les membres du Corps du Christ, les membres de l’Eglise. Jésus demande à ses disciples de vivre la dimension communautaire, donc fraternelle, de leur foi. Ce qui ne revient pas, bien sûr, à oublier la dimension personnelle de toute vie chrétienne. Dans la communauté chrétienne nous sommes responsables les uns des autres, nous sommes solidaires. Ce qui fait dire à l’apôtre Paul : « Tous les membres doivent pareillement se préoccuper les uns des autres. Si l’un des membres souffre, tous souffrent avec lui. Si l’un des membres est mis à l’honneur, tous se réjouissent avec lui. » Dans le contexte contemporain de notre société, cette idée de correction fraternelle est d’emblée mal reçue, perçue comme une violation de la sphère privée et individuelle. Nous sommes attachés, et avec raison, à l’exercice de la conscience personnelle. L’Evangile de ce dimanche nous rappelle cependant que nous ne pouvons pas être chrétiens de manière individualiste. C’est en effet par l’Eglise que je connais le Christ et que je reçois ses dons. Et c’est aussi dans l’Eglise que je suis appelé à vivre selon l’enseignement de l’Evangile.
Alors comment pouvons-nous pratiquer cette correction fraternelle les uns envers les autres ? La réponse à cette question très concrète n’est pas évidente. Je vous propose simplement quelques repères capables de nous aider à y voir plus clair. Le plus fondamental me semble être le suivant : qu’est-ce qui me motive profondément lorsque je vais voir mon frère pour lui dire qu’il s’engage sur un mauvais chemin ? Le bien de mon frère, son salut ou autre chose ? Si ma démarche n’est pas inspirée par l’amour de mon prochain, c’est le signe qu’elle n’est pas selon l’esprit de l’Evangile : « Ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l’amour mutuel ». Si c’est vraiment l’amour qui m’anime, alors je dois en quelque sorte peser le pour et le contre. Dans ces circonstances concrètes (et surtout pas de manière générale), que vaut-il mieux faire pour le bien de mon frère ? Parler ou me taire. Un autre repère pourrait être le suivant : suis-je capable d’accepter la correction fraternelle de la part des autres ? Si ce n’est pas le cas, c’est que je manque d’humilité, et alors il vaudrait peut-être mieux m’abstenir… Enfin nous pouvons trouver un autre repère dans le même Evangile, quelques chapitres plus haut, avec l’histoire bien connue de la paille et de la poutre : « Quoi ! Tu vois la paille dans l’œil de ton frère et tu ne remarques pas la poutre qui est dans le tien ? Et tu vas dire à ton frère : ‘Laisse-moi t’enlever de l’œil cette paille’, alors que la poutre reste là dans ton œil ! Mais tu joues la comédie ! Enlève d’abord de ton œil la poutre, et ensuite tu verras comment enlever la paille de l’œil de ton frère. » C’est bien sûr une question de cohérence. Je ne vais pas par exemple reprocher à mon frère son avarice à la quête si moi-même je me débarrasse chaque dimanche de mes pièces en centimes d’euro ! Bref la correction fraternelle doit toujours être un bien pour la personne concernée, une démarche qui va lui permettre de progresser et d’avancer selon la volonté de Dieu. En sachant que nous obtenons beaucoup plus par la douceur et la patience que par la dureté et la sévérité… Dans certains cas nous devons montrer la faute mais toujours dans une atmosphère d’amour : « L’amour ne fait rien de mal au prochain. Donc, l’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour. » Amen.
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