4ème dimanche de Pâques / A
Dimanche de prière pour les vocations
13 avril 2008 / Jean 10, 1-10 (page 580)
Une fois par an l’Eglise nous rappelle l’importance des vocations spécifiques de prêtres, religieux, religieuses et missionnaires. Elle nous demande de prier ensemble et personnellement pour que les jeunes et les moins jeunes entendent l’appel du Père à donner leur vie à la suite du Christ. Et elle le fait en proposant à notre méditation un passage du chapitre 10 de saint Jean, chapitre consacré en grande partie à la parabole du Bon Pasteur. Cette année nous entendons le début de ce chapitre.
Jésus n’a pas inventé l’image du Bon Berger comme en témoigne le psaume 22 de cette messe dominicale. Il n’a fait que reprendre une image très courante dans l’Ancien Testament, image selon laquelle Dieu lui-même est le Bon Pasteur de son peuple Israël. Il faudrait reprendre dans ce contexte tout le chapitre 34 du prophète Ezéchiel. Ce chapitre commence par une condamnation des bergers d’Israël : « Malheur aux bergers d’Israël : des bergers qui prennent soin d’eux-mêmes ! N’est-ce pas du troupeau que le berger prend soin ? […] Faute de bergers, mes brebis se sont dispersées : une proie toute prête pour les bêtes sauvages. » Par Ezéchiel, Dieu annonce qu’il sera lui-même le Berger de son peuple : « Me voici, je suis là ! Je viens rechercher les brebis et c’est moi qui m’en occuperai, comme le berger s’occupe de son troupeau le jour où il se trouve au milieu de ses brebis en liberté. » En même temps Dieu suscitera un berger fidèle pour son peuple : « J’appellerai à leur tête un berger unique pour prendre soin d’elles, mon serviteur David. Lui sera leur berger. Moi, le Seigneur, je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d’elles. » Et le chapitre s’achève sur une image d’Alliance : « Vous êtes mon troupeau, les brebis de mon pâturage, et moi je suis votre Dieu – parole du Seigneur. » Ce passage d’Ezéchiel nous montre la déception de Dieu face à des bergers indignes et infidèles. La réponse du Seigneur est radicale : c’est Lui et Lui seul qui sera le Berger de son Peuple. Cependant il suscitera parmi les descendants de David un unique Berger qui lui sera fidèle. Comment ne pas voir dans le chapitre 10 de saint jean l’accomplissement de ces paroles prophétiques ? Jésus est bien cet unique Berger fidèle pour le troupeau du Seigneur. Et lorsqu’il affirme avec sévérité que ceux qui sont intervenus avant lui « sont tous des voleurs et des bandits » il fait allusion à tous ces bergers infidèles du passé. En reprenant l’image du Berger, Jésus lui apporte aussi une nouveauté. L’Ancien Testament parlait volontiers des pâturages, Jésus introduit la bergerie avec sa porte. La bergerie est l’image du nouveau peuple de Dieu, l’Eglise, la communauté des disciples du Christ. Il y a aussi une autre nouveauté par rapport à Ezéchiel. C’est le rapport personnel qui existe entre le berger et chacune de ses brebis : elles écoutent sa voix. « Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom… Elles le suivent car elles connaissent sa voix. » Etre chrétien, ce n’est donc pas être un mouton dans un troupeau anonyme… Etre dans la communion de l’Eglise-Bergerie ne doit pas nous entraîner à renoncer à notre unicité, à tout ce qui fait notre caractère et notre personne. Il est important de le noter quand nous pensons aux vocations. Il y a place dans l’Eglise pour la diversité des charismes et des talents. Dieu n’appelle pas des clones mais des personnes uniques avec ce qu’elles sont, avec leur histoire, pour bâtir son Royaume et prêcher l’Evangile en paroles et en actes. Avec Jésus comme Bon Pasteur nous sommes assurés de trouver enfin notre véritable liberté. La bergerie-Eglise n’est pas une prison : « Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage. » Pour être libre, il faut d’abord ne pas mourir de faim… Avec la liberté, Jésus, notre Bon Pasteur, nous offre la nourriture : son corps eucharistique. Et par-dessus toutes choses nous trouvons dans la bergerie la vraie vie, la vie en abondance. La parabole du Bon Pasteur a un aspect missionnaire dans la suite du texte : « J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie. Celles-là aussi je dois aller les chercher et elles entendront mon appel ; elles ne feront plus qu’un seul troupeau avec un seul berger. »
De cette méditation nous pouvons tirer bien des enseignements sur ce que sont les vocations spécifiques dans notre Eglise. La vocation à être bon pasteur à la suite du Christ est toujours un don merveilleux. Lorsque le Christ appelle un jeune à être prêtre ou missionnaire, il lui donne les moyens d’un accomplissement humain inespéré. La vocation ne détruit pas notre liberté, elle l’accomplit. La vocation n’appauvrit pas notre personnalité, elle l’enrichit et lui fait porter tous ses fruits. Simplement l’accomplissement que permet le « oui » à notre vocation n’est pas de type égoïste. C’est un accomplissement dans l’amour et dans le don de soi. Etre appelé par le Christ c’est toujours une grâce, un chemin de bonheur. Certes les difficultés ne manquent pas et elles peuvent décourager bien des jeunes à répondre « oui »… Mais ce n’est pas propre aux prêtres, aux religieux, religieuses et missionnaires. Qui aujourd’hui peut prétendre que fonder une famille vraiment chrétienne, c’est facile ? La croix fait en effet partie de toute vie chrétienne. Quant à nous, nous avons cette joyeuse certitude : si Dieu appelle un baptisé à une vocation spécifique dans l’Eglise, il lui donnera tous les moyens humains et surnaturels pour répondre « oui » jour après jour dans la fidélité. Prions donc pour que la peur ne l’emporte pas dans le cœur des jeunes qui sont appelés à suivre le Christ Bon Pasteur. Demandons à l’Esprit Saint d’ouvrir leur cœur et leur intelligence ! Qu’ils comprennent que leur « oui » à cet appel les engage sur un chemin de bonheur véritable pour eux-mêmes et pour les brebis qui leur seront confiées… Amen.
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