16ème dimanche du temps ordinaire / C
22 juillet 2007
Luc 10, 38-42 (page 168)
Après la parabole du bon samaritain, nous poursuivons notre lecture du chapitre 10 de saint Luc. L’épisode de Jésus chez Marthe et Marie comme la parabole du bon samaritain sont des textes propres à l’évangéliste Luc. Bien des commentateurs se sont heurtés à la difficulté d’une juste interprétation de ce passage évangélique. Cela fait maintenant un certain temps que la plupart des commentateurs ont abandonné l’interprétation qui consistait à opposer la vie active, représentée par Marthe, à la vie contemplative, représentée par sa sœur Marie. En fait cet Evangile semble bien être une leçon de vie chrétienne pour tous, et pas seulement pour les personnes consacrées.
Regardons tout d’abord l’attitude de Marthe recevant Jésus chez elle : elle « était accaparée par les multiples occupations du service. » Une autre traduction donne la version suivante : elle « était absorbée par tout le service. » Et lorsque Marthe se plaint de ne pas être aidée par sa sœur, le Seigneur lui répond : « tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. » Si l’intention de Marthe est louable, c’est sa état d’esprit qui est critiquable. Dans sa volonté de perfectionnisme, de bien recevoir son hôte de marque, elle passe à côté de l’essentiel, ce que Jésus nomme ici le « nécessaire ». Finalement elle est davantage absorbée par ses casseroles et par ses plats que par la présence du Seigneur Jésus. Recevoir quelqu’un, surtout si c’est le Seigneur, c’est le recevoir dans toutes ses dimensions. Certes le corps de Jésus a besoin de nourriture, mais Jésus n’est pas seulement un corps affamé. Le livre des Proverbes note avec humour : « Mieux vaut un morceau de pain sec et la paix, qu’une maison où les festins se terminent en dispute. » Recevoir quelqu’un c’est lui permettre d’entrer en relation, en dialogue, donc c’est toujours, d’une manière ou d’une autre, l’écouter. Nous avons tous faits l’expérience de repas succulents au cours desquels nous nous sommes ennuyés car nous n’étions pas réellement accueillis… Marthe oublie la relation entre les âmes, entre les esprits. Son souci excessif du service de la table lui fait rater cette occasion peut-être unique de rencontre en profondeur avec le Seigneur. Quand nous sommes inquiets et agités intérieurement, nous avons beau être là, physiquement présents, nous ne pouvons pas être présents véritablement à la personne que nous recevons. Les apôtres ont bien compris au commencement de l’Eglise le danger de l’activisme, même dans un but noble : aider les pauvres et rendre service aux prochain : « Ce ne serait pas normal que nous laissions de côté la parole de Dieu pour assurer le service des tables. »
Regardons maintenant l’attitude de Marie : elle écoute la parole de Jésus. C’est elle qui a choisi « la meilleure part ». Est-ce par hasard si, quelques versets plus haut, dans le même chapitre, saint Luc nous rapporte ces paroles du Seigneur : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez. Oui, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu ! » Marie a conscience de vivre un événement unique, bouleversant : une rencontre avec Celui qui est la Parole de Dieu faite chair. Marthe veut nourrir le corps de Jésus. Quant à elle, elle veut nourrir son âme en écoutant la Parole du Seigneur. L’une veut donner, l’autre se rend disponible pour recevoir. La première attitude du disciple est bien celle de l’écoute. L’écoute du Seigneur, voilà le nécessaire dans nos vies, la meilleure part sans laquelle tout le reste s’évanouit et perd finalement saveur et consistance.
Alors cet Evangile nous invite à un examen de conscience. Notre vie est peut-être chrétienne, mais est-elle vraiment spirituelle ? Et que signifierait une vie chrétienne sans spiritualité ? La vie de prière, de méditation, d’étude et de lecture de la Parole de Dieu est indispensable pour notre vie chrétienne. Si nous sommes en permanence inquiets et agités à cause des choses matérielles, comment pouvons-nous nous rendre présents à l’unique nécessaire ? Nous courons sans cesse, nous n’avons jamais le temps… Oui, nous courons après le vent. S’arrêter, faire une vraie pause quotidienne pour la rencontre avec le Seigneur est une véritable libération. Pour une fois on ne nous demande pas de donner ou de faire, mais de recevoir : quel bonheur ! Encore faut-il écarter tous les obstacles qui se dressent sur ce chemin de notre vie spirituelle. Et ils sont nombreux ! Le premier étant peut-être le bruit de notre vie moderne. Le silence est devenu une denrée de luxe. Oui, tout lâcher, tout quitter, y compris téléphones fixes et portables, pour vivre pleinement et avec toute notre foi, tout notre amour, ce temps privilégié de la prière. Amen.
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