Deuxième dimanche de Carême / année C
4 mars 2007
Luc 9, 28-36 (page 82)
« Pendant que Jésus priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante. »
L’évangéliste Luc nous invite, en ce dimanche, à contempler Jésus transfiguré. Luc souligne que c’est pendant la prière du Seigneur que cette transfiguration advient. Quant à Pierre, Jean et Jacques, ils « étaient accablés de sommeil ». Comment ne pas penser ici à un autre événement ? Entre la montagne de la transfiguration et le jardin de l’agonie, il y a en effet un lien. Ce jardin situé sur le mont des oliviers est aussi le lieu de la prière de Jésus. Et là encore les disciples s’endorment, « accablés de tristesse » . Que leur dit alors le Seigneur ? « Vous dormez ? Levez-vous donc et priez pour ne pas être pris par la tentation. » L’Evangile de cette liturgie est d’abord une invitation pressante à prier, à prendre le temps de la contemplation, de la méditation, dans le silence qui favorise le cœur à cœur avec Dieu. Si nous nous endormons, il nous sera très difficile de progresser spirituellement. S’endormir, cela revient, pour reprendre une expression de saint Paul, à ne tendre que vers les choses de la terre.
Réveillés de leur sommeil, les apôtres contemplent la gloire de Jésus. C’est-à-dire qu’ils voient à travers le voile de l’humanité transfigurée la divinité même du Christ. Et Pierre de s’écrier : « Maître, il est heureux que nous soyons ici ! » La traduction liturgique rend le mot grec kalos par l’idée de bonheur. Une traduction littérale donnerait : « Il est beau que nous soyons ici ». C’est la beauté de la divinité manifestée dans l’humanité de Jésus qui comble de joie Pierre et les deux autres apôtres. Saisi par une telle beauté, Pierre voudrait en quelque sorte la fixer, la photographier, la garder pour lui, pour toujours : « Dressons trois tentes ». Ces tentes seraient l’équivalent de nos musées destinés à accueillir, à conserver et à exposer les chefs-d’œuvre de l’art. Mais l’art divin ne peut se fixer quelque part : « Il ne savait pas ce qu’il disait. » Ce spectacle splendide et glorieux de la transfiguration est l’expression d’un Dieu transcendant qui laisse, pour un moment fugitif, apercevoir quelque chose de sa beauté. Pierre ne fait que reproduire ici la tentation du peuple juif depuis le roi David. C’est-à-dire depuis le moment où les juifs ont voulu rendre Dieu sédentaire, l’assigner à résidence dans le temple de Jérusalem. Vous savez ce que le Seigneur, par l’entremise de Nathan, répond à David qui veut lui construire un temple : « Depuis le jour où j’ai fait sortir les Israélites d’Egypte jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas eu de maison pour habiter, mais j’étais avec eux et je n’avais qu’une tente comme demeure. » Dans le même texte, Dieu se présente comme Celui qui fait route au milieu de son peuple. Et dans notre Evangile, Moïse et Elie « parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem ». Le texte grec parle carrément d’ « exode ». Dans ce mot très significatif pour la révélation biblique, il y a le mot « chemin », « route ». Ce n’est pas pour rien que Jésus demande à ses disciples d’hier et d’aujourd’hui de le suivre… Notre Dieu est un Dieu Vivant, et nous ne le connaissons que dans la mesure où nous suivons le Christ.
Le psaume 26 nous enseigne que notre vie spirituelle est un chemin, une recherche, quelque chose de dynamique. C’est en ce sens que l’expression « j’ai la foi » est inexacte ou inadaptée. Nous croyons au Dieu Vivant, à la Sainte Trinité. Mais la foi n’est pas une chose acquise une fois pour toutes, comme un capital mis en banque. La foi vivante suppose une lutte spirituelle, un désir spirituel. Tout simplement parce que la foi n’est pas une abstraction. Elle est un don de Dieu qui s’incarne en chacun de nous, et en chacune des étapes de notre vie, qu’elles soient joyeuses ou éprouvantes. La foi n’est pas d’abord un héritage venu du passé, elle est une force reçue aujourd’hui pour nous tourner vers notre avenir avec Dieu. Que dit le croyant qui s’exprime dans le psaume ? « Mon cœur m’a redit ta parole : cherchez ma face ». Dieu demande au croyant de chercher sa face… Et la réponse du croyant est la suivante : « C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. »
En ce Carême, demandons au Seigneur la grâce d’être des infatigables chercheurs de Dieu, tout particulièrement dans la prière et dans la méditation de la Parole de Dieu. Puisse le Seigneur augmenter notre désir de le rencontrer dans le cœur à cœur de la prière. Une prière faite en Esprit et en vérité.
Amen
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