jeudi 15 août 2024

Assomption de Marie 2024

 


Assomption de Marie 2024

Au cœur de l’été nous célébrons l’Assomption de Marie, mystère que les chrétiens d’Orient appellent « dormition ». L’assomption, c’est la Pâque de Marie, sa résurrection en communion parfaite avec son Fils mort et ressuscité pour nous. L’assomption, c’est ce moment ultime de la vie terrestre de Marie, sa mort, sa dormition, qui correspond à sa participation à la pleine victoire de son Fils sur la mort. Dans ce mystère, Marie, parce qu’elle est la mère du Sauveur, anticipe la résurrection de la chair. Elle est pleinement sauvée corps et âme.

Je voudrais en cette solennité méditer avec vous le contenu de la prière mariale la plus utilisée, le Je vous salue Marie. Comme vous le savez la première partie de l’Ave Maria est une collection de citations bibliques tandis que la seconde partie a été composée par l’Eglise. C’est avec les paroles de Gabriel lors de l’Annonciation que nous commençons cette prière mariale : Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous (Luc 1, 28). La salutation angélique nous apprend deux choses sur la jeune fille de Nazareth. Elle est comblée de grâce, c’est-à-dire totalement ouverte à l’action de Dieu et à son amour. En elle le mal et le péché n’ont aucune emprise. Elle est la toute sainte, la toute belle. Comme d’autres justes de l’Ancien Testament avant elle, Marie s’entend dire : Le Seigneur est avec vous. Dans la liturgie eucharistique c’est cette formule biblique que le célébrant adresse à l’assemblée et à chaque fidèle mais avec une variante : Le Seigneur soit avec vous. En particulier au commencement et à la fin de la messe, avant la bénédiction finale, mais aussi dans le dialogue qui introduit la proclamation de l’Evangile et la préface de la prière eucharistique. C’est avec les paroles d’Elisabeth lors de la Visitation que nous poursuivons notre prière mariale : Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni (1, 42). Ici encore la salutation d’Elisabeth (tu es bénie entre toutes les femmes) reprend une formule déjà présente dans l’Ancien Testament. Tout d’abord dans le livre des Juges : Bénie soit parmi les femmes Yaël, la femme de Hèber, le Qénite ; parmi les femmes qui vivent sous la tente, bénie soit-elle ! (Juges 5, 24) mais aussi dans le livre de Judith (13, 18) : Bénie sois-tu, ma fille, par le Dieu Très-Haut, plus que toutes les femmes de la terre ; et béni soit le Seigneur Dieu, Créateur du ciel et de la terre. Marie est la femme bénie entre toutes parce qu’elle est la mère de Jésus, appelée par le Père à cette mission. Son fils est déclaré lui aussi « béni » par Elisabeth. La double bénédiction d’Elisabeth nous rappelle le lien intime entre Marie et son Fils. Le Catéchisme de l’Eglise catholique (n°487) déclare : Ce que la foi catholique croit au sujet de Marie se fonde sur ce qu’elle croit au sujet du Christ, mais ce qu’elle enseigne sur Marie éclaire à son tour sa foi au Christ.

La deuxième partie de l’Ave Maria proclame la sainteté de Marie et sa maternité divine : Sainte Marie, mère de Dieu. C’est lors du concile d’Ephèse en 431 que l’Eglise donne à Marie ce titre audacieux de Mère de Dieu (theotokos). Dieu, Esprit éternel donc sans commencement et sans corps, ne peut avoir de mère. Le Dieu de la Bible n’est pas Zeus ou Jupiter. C’est uniquement en raison du mystère de l’incarnation du Fils que Marie a reçu ce titre. Voici l’explication donnée par l’abrégé du catéchisme de l’Eglise catholique (n°95) : « Marie est vraiment Mère de Dieu parce qu’elle est la Mère de Jésus. En effet, celui qui a été conçu par l’opération du Saint-Esprit et qui est devenu vraiment son Fils est le Fils éternel du Père. Il est lui-même Dieu. » Nous terminons notre prière à Marie par une demande : Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Ce n’est qu’en France que nous, pécheurs, recevons cette qualification de « pauvres », absente de la prière en latin ! Nous nous présentons à Marie avec humilité, conscient d’être éloignés de la sainteté qui est la sienne. Nous lui demandons d’intercéder pour nous sans préciser l’objet de notre demande. Nous lui laissons choisir ce qu’elle doit demander pour nous auprès de son Fils, elle qui est notre mère. Nous lui demandons de prier pour nous « maintenant » mais aussi « à l’heure de notre mort ». Chaque Ave Maria nous remet dans l’humilité et la fragilité de notre condition humaine : nous sommes pécheurs et mortels alors que Dieu est Saint et éternel. Par avance nous demandons à Marie, elle qui nous précède dans la gloire du Royaume avec son corps et son âme, de nous assister de sa présence maternelle lorsque le moment du grand passage viendra pour nous et de nous garder dans la foi, l’espérance et la charité au moment de l’agonie si nous avons à la vivre. L’Ave Maria comme le mystère de l’Assomption que nous célébrons en ce jour ouvre notre existence de créatures terrestres sur la vie éternelle déjà commencée ici-bas.


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