15/09/19
Luc 15,
1-10
En ce
dimanche la liturgie de la Parole nous fait entendre les trois paraboles de la
miséricorde divine qui correspondent au chapitre 15 de l’Evangile selon saint
Luc. J’ai choisi la lecture brève qui n’inclue pas la troisième parabole, celle
du fils prodigue. Tout simplement parce que c’est cette parabole qui est la
plus connue et qui retient généralement notre attention au détriment des deux
autres. Cela me permettra donc de me concentrer sur les deux petites paraboles
de la brebis perdue et de la pièce perdue.
Jésus ne
nous a pas donné ces paraboles comme un enseignement autonome sans rapport
immédiat avec la situation concrète dans laquelle il se trouvait. Contrairement
aux Béatitudes, ces paraboles ne se comprennent que dans leur contexte vivant.
Elles constituent une réponse à une critique qui lui est adressé. D’où
l’introduction donnée par l’évangéliste : Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon
accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Les hommes religieux se
voulant fidèles à la loi de Moïse ne supportent pas l’attitude d’accueil et de
bienveillance de Jésus à l’égard des publicains et des pécheurs. Peut-être
sont-ils animés par une forme de jalousie religieuse selon laquelle ils
devraient être prioritaires en tant que bons Juifs par rapport aux autres…
Comme aujourd’hui certains catholiques aigris reprochent au pape François de se préoccuper davantage des périphéries
que des bons catholiques fidèles… Derrière cette situation de conflit entre
Jésus et les pharisiens, c’est la question du caractère missionnaire de
l’Eglise qui se pose. Ou pour le dire autrement c’est la question du pourquoi
du mystère de l’incarnation. Dans quel but Dieu, en son Fils bien-aimé, se fait
homme et devient notre frère ? Les paraboles répondent clairement à cette
question : pour appeler les pécheurs à la conversion et leur offrir le don
de la réconciliation. Dans sa première lettre à Timothée, l’apôtre Paul,
lui-même un pécheur converti, traduit de manière concise le pourquoi de la
présence de Jésus au milieu de nous : Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine
connaissance de la vérité. Ces paraboles ne nous parlent pas seulement de
l’amour miséricordieux du Père, donc de Jésus, pour les pécheurs. Elles nous
rappellent sa volonté de salut universel : ce sont tous les hommes qu’il veut rassembler dans sa communion trinitaire.
Nous pourrions penser qu’il n’est pas si grave que cela de perdre une brebis ou
une pièce quand il nous en reste encore 99 ou neuf… Mais Dieu ne raisonne pas
ainsi. Chacun d’entre nous a une grande valeur à ses yeux, chacun est unique.
Peu lui importe que 99 brebis soient en sécurité, si une seule s’est égarée
alors son cœur s’émeut et il ne peut se résoudre à cette perte. A l’image du
berger et de la femme, c’est lui-même qui se met à notre recherche si nous
sommes perdus. Et rien ne procure davantage de joie à Dieu notre Père que de
pouvoir nous retrouver et de nous réintroduire dans sa communion et dans sa vie
divine. Remarquez comment dans les deux paraboles cette joie ne peut être
gardée pour soi-même ! Le berger comme la femme se réjouissent avec leurs
amis et leurs voisins. Il en va de même dans la communion de l’Eglise et dans
la communion des saints au ciel : C’est
ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se
convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de
conversion. Saint Matthieu nous présente une variante de la parabole de la
brebis perdue qui a le mérite de nous en donner la signification précise :
votre Père qui est aux cieux ne veut pas
qu’un seul de ces petits soit perdu.
Ces deux
paraboles nous interpellent en tant que catholiques pratiquants. Premièrement,
si nous sommes présents en cette église pour célébrer le sacrement de
l’eucharistie, c’est probablement parce que nous faisons partie des 99 brebis
qui ne se sont pas égarées, ce qui ne fait pas de nous automatiquement des
saints ! Cela signifie-t-il que nous ne pouvons pas réjouir le cœur de
Dieu notre Père ? Pas du tout, puisque notre objectif et notre vocation,
c’est bien la sainteté et que sur ce chemin nous pouvons toujours progresser et
nous rapprocher du Père dans la foi, l’espérance et la charité. Ensuite, au
lieu de récriminer contre Jésus comme les pharisiens, nous sommes invités à
nous réjouir de ce que Dieu et son Eglise accueillent et recherchent les brebis
égarées. Nous-mêmes sommes invités à faire nôtre l’attitude de Jésus :
accueil, bienveillance, ouverture et charité pour les brebis égarées. Sans
mépris ni aucun complexe de supériorité, il s’agit pour nous d’être tout
simplement apôtres et missionnaires à la suite de Jésus et surtout à sa manière.
Faire partie des 99 brebis qui sont dans la bergerie de l’Eglise devrait nous
empêcher d’être indifférents à la perte d’un seul de nos frères. Il s’agit donc
de partager la préoccupation du Seigneur pour ceux qui se sont éloignés et pour
leur salut… ainsi que sa joie quand ils se convertissent.
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