Noël 2017
Jean 1,
1-18
Le
magnifique prologue de saint Jean célèbre le mystère de l’incarnation du
Seigneur, Noël : et le Verbe s’est
fait chair, il a habité parmi nous. Si nous méditons ce prologue en lien
avec l’Evangile de saint Luc, celui de la messe de la nuit de Noël, alors nous
comprenons que l’enfant né de la Vierge Marie, et couché dans la crèche, est le
Verbe de Dieu, la Parole de Dieu ! Le contraste est saisissant. Le
nouveau-né, être fragile, faible et totalement dépendant, naissant dans le
dénuement, et la Parole puissante de Dieu, la seconde personne de la Sainte
Trinité ! Sous le regard de Joseph et de Marie, et, selon une pieuse
tradition empruntée à Isaïe, sous le souffle de l’âne et du bœuf, la faiblesse
du bébé est le signe paradoxal de la présence et de la puissance même de
Dieu ! Ce bébé, incapable de proférer une seule parole intelligible, est
la Parole même de Dieu ! C’est ainsi que Dieu choisit de se manifester et
de se donner à nous en son Fils dans le mystère de l’incarnation. A partir de
Noël, Dieu n’est plus seulement notre Père, il est aussi notre frère. Il n’est
plus seulement dans les Cieux, image de sa transcendance, mais il se fait
intérieur à chacun d’entre nous, infiniment proche, Emmanuel, Dieu avec nous.
Saint
Jean nous fait contempler ce grand mystère de l’incarnation en lien avec celui
de la création. Ou pour le dire autrement, l’incarnation du Verbe ne peut se
comprendre que si nous la mettons en relation avec le projet créateur de Dieu.
Ce n’est pas par hasard que Jean commence son prologue par ces paroles : au commencement était le Verbe. Tout
connaisseur de la Bible y voit immédiatement une référence au premier verset du
premier livre de la Bible, la Genèse : au
commencement Dieu créa le ciel et la terre. Ce n’est pas davantage par
hasard que Jean nous présente le Verbe comme la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et
les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. Ici encore la référence au chapitre
premier de la Genèse est évidente et éclairante :
La
terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le
souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. Dieu dit : « Que la
lumière soit. » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et
Dieu sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière « jour »,
il appela les ténèbres « nuit ». Il y eut un soir, il y eut un
matin : premier jour.
Grâce à
ce parallèle avec le livre de la Genèse, Jean nous fait comprendre d’une
manière très belle et profonde la signification du mystère de Noël. De la même
manière qu’au premier jour de la création Dieu sépara la lumière des ténèbres,
dans la nuit de la Nativité, il nous donne son Fils, parole de lumière pour vaincre
nos ténèbres. Ce nouveau-né est le Verbe-Lumière par lequel Dieu vient
commencer une nouvelle création. Noël, c’est donc le premier jour de cette
création nouvelle dans les derniers
temps. Noël, c’est déjà la victoire de la lumière sur les ténèbres du mal
et du péché qui ont envahi le monde depuis le péché des origines. Mais cette
victoire de la lumière ne s’impose jamais à nous dans l’ère chrétienne. Et Jean
en est parfaitement conscient. Nous pouvons refuser de faire partie de cette
nouvelle création. Nous pouvons refuser l’ère de grâce et de vérité inaugurée
par Jésus. Et c’est ce refus qui blesse notre humanité aujourd’hui comme hier,
et avec elle toute la création. Il était
dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne
l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Si
avec la naissance du Fils de Dieu commence une création nouvelle, cela signifie
qu’il nous faut, nous aussi, renaître, connaître une nouvelle naissance, une
renaissance spirituelle dans le Christ. Il nous faut naître de Dieu, comme le dit Jean. Jésus
enseignera cette grande vérité à Nicodème : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer
dans le royaume de Dieu. Nous savons que cette nouvelle naissance commence
par la grâce du baptême et le don de la foi. Mais c’est chaque jour que nous
sommes appelés à faire partie de la création nouvelle par notre
« oui » à la volonté de Dieu. Le mystère de l’incarnation pourra
porter tous ses fruits dans notre vie de baptisés si nous mettons nos pas dans
les pas de Jésus, Chemin nous conduisant vers la Vie. Lorsque saint Ignace de
Loyola contemple l’incarnation du Seigneur dans ses Exercices spirituels, il propose un temps de prière au cours duquel
nous sommes invités à demander une grâce au
Verbe éternel incarné, celle de
suivre et d’imiter davantage notre Seigneur, ainsi tout nouvellement incarné
(n°109).
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