12/06/16
Luc
7,36-8,3
Dans la page évangélique de ce
dimanche, saint Luc peint un tableau très vivant de la rencontre inattendue
entre Jésus et une femme pécheresse. Le premier verset décrit la
situation : un pharisien invite le Seigneur à manger chez lui. Ce qui
aurait dû être un repas entre honnêtes gens, un moment de discussion sur des
thèmes religieux, va être chamboulé par l’irruption, non prévue au programme de
ce repas, d’une femme qualifiée de pécheresse. Son comportement à l’égard de
Jésus va lui permettre de faire de la théologie, mais pas un catéchisme
abstrait. Il s’agit d’une théologie partant de l’expérience et de la vie de
cette femme, une théologie comme aime à la pratiquer le pape François. Non pas
un brillant exercice intellectuel sur les choses de Dieu, mais une réflexion
concrète sur l’action de Dieu dans nos vies. Si la femme est qualifiée de
pécheresse, on peut penser à une pécheresse publique, probablement une
prostituée. Elle n’a pas peur de s’inviter chez le pharisien pour honorer Jésus
et le rencontrer. Son attitude est très humble. Elle n’ose même pas le regarder
en face, elle se tient derrière lui, à ses pieds, comme une esclave. Ses pleurs
sont le signe à la fois du regret de ses péchés et de sa joie de rencontrer le
Christ. Ce sont les pleurs de la conversion. La réflexion intérieure du
pharisien révèle à quel point il méprise cette femme parce qu’elle est une
pécheresse. Jésus, lisant dans ses pensées, en profite pour délivrer un
enseignement sur la miséricorde et le pardon à travers la parabole des deux
créanciers. Simon, le pharisien, est un honnête homme qui suit la loi de Moïse.
Il n’a pas vraiment fait l’expérience du pardon de Dieu parce qu’il ne se
considère pas comme un grand pécheur. Au fond il n’a pas besoin de ce pardon
puisqu’il a trouvé sa justification dans sa propre fidélité à la loi de Moïse.
Or, nous dit saint Paul dans la deuxième lecture, personne ne devient juste en pratiquant la Loi. Sans que la femme
en ait fait explicitement la demande, Jésus affirme que ses péchés sont
pardonnés à cause de son grand amour.
Ses larmes et ses gestes sont en effet une manifestation évidente de cet amour
pour Jésus. Remarquons aussi que le Seigneur n’appelle pas cette femme du nom
méprisant de « pécheresse » mais signale seulement « ses
nombreux péchés ». C’est là la source d’inspiration pour l’attitude de
l’Eglise, ministre de la miséricorde de Jésus : aucun mépris pour les
personnes ayant commis des péchés et dénonciation du mal dont le péché est
l’expression. Une personne ne se réduit jamais à ses péchés, elle n’est pas
d’abord un pécheur ou une pécheresse, mais un fils ou une fille de Dieu appelé
à la conversion et à la joie de l’Evangile, fut-elle une prostituée. Qu’est-ce
qui nous sauve ? Qu’est-ce qui nous permet d’accueillir le pardon de Dieu
dans nos vies ? L’amour et la foi, répond Jésus : Tes péchés sont pardonnés… Ta foi t’a
sauvée. Va en paix ! C’est bien parce que nous aimons Jésus et que
nous sommes conscients de son amour pour nous, que nous pouvons regretter le
mal que nous avons commis. Dans ce mouvement de conversion qui implique la foi
en Jésus Sauveur, nous recevons le pardon de nos péchés. Dans le sacrement de
confession, c’est ce que nous appelons la contrition. Pour que cette contrition
soit parfaite, il faut que ce soit par amour de Jésus que nous pleurions nos
péchés, et pas seulement parce que nous avons honte ou encore pour nous mettre
en règle. Cette femme est l’exemple même de la contrition parfaite qui obtient
immédiatement le pardon de Dieu. Cette contrition parfaite est une grâce que
nous devons demander à Dieu lorsque nous nous préparons à la confession. Il
n’est pas en notre pouvoir de l’obtenir. Seul le Saint Esprit peut toucher nos
cœurs et les enflammer de l’amour pour Jésus. Si l’amour obtient le pardon, le
pardon reçu fait aussi grandir en nous l’amour, car celui à qui on pardonne peu, montre peu d’amour.
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