Noël 2015
Dans la nuit de Noël les fidèles reçoivent
l’annonce faite autrefois aux bergers : Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un
nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. Pour la messe du jour,
l’Eglise nous propose le magnifique prologue de saint Jean. L’évangéliste a
voulu commencer son Evangile par ces paroles significatives : Au commencement était le Verbe… Il
pensait bien sûr au commencement du livre de la Genèse, aux premiers mots de la
Bible : Au commencement Dieu créa le
ciel et la terre. Saint Jean situe donc le mystère de Noël, l’incarnation
du Verbe de Dieu, dans l’ensemble de l’histoire du salut. Celui qui a habité
parmi nous en naissant du sein de la Vierge Marie, c’est celui par qui le Père
a tout créé. Saint Paul se fait l’écho du prologue de saint Jean dans sa lettre
aux Colossiens : Jésus est l’image
du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature : en lui, tout fut
créé, dans le ciel et sur la terre. C’est donc dans le Fils que nous avons
été voulus et créés, à l’image de Dieu et selon sa ressemblance. Célébrer la
naissance de Jésus à Noël nous demande donc de croire en Dieu créateur. La
référence de Jean au récit de la création nous montre le lien intime entre
notre foi en Dieu créateur et notre foi en sa venue parmi nous lorsque le Verbe
se fait chair. Notre existence, notre vie viennent de la volonté du Père
manifestée en son Fils unique : En
lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Jean veut nous
faire comprendre que le secret de notre vie réside en Dieu, plus précisément
dans le Verbe créateur. Comme l’indique la deuxième lecture, ce qui se passe à
Noël est le sommet de la révélation divine, de la manifestation du mystère de
Dieu dans l’histoire humaine. Après l’entrée du mal dans le cœur de l’homme et
donc dans la création, Dieu notre Père ne nous a pas abandonnés. Dans son
prologue Jean nous montre la présence du Verbe dans notre monde avant la grande
manifestation de son amour et de sa proximité dans le nouveau-né emmailloté et
couché dans une mangeoire : Il était
dans le monde, il est venu chez les siens pour faire briller la lumière de
la vie divine au sein de la création tout entière. L’Ancien Testament a affirmé
cette présence aimante de Dieu à sa création en utilisant la figure de la
Sagesse, cette Sagesse qui annonce le Verbe de Dieu. Nous lisons dans le livre
des Proverbes une belle évocation de cette présence du Fils parmi nous, lui, la
Sagesse du Père, bien avant qu’il n’habite parmi nous en naissant de la Vierge
Marie :
Lorsque Dieu traçait l'horizon à la surface de
l'abîme, chargeait de puissance les nuages dans les hauteurs et maîtrisait les
sources de l'abîme, lorsqu'il imposait à la mer ses limites, pour que les eaux
n'en franchissent pas les rivages, lorsqu'il établissait les fondements de la
terre, j'étais à ses côtés comme un maître d'œuvre. J'y trouvais mes délices
jour après jour, jouant devant lui à tout instant, jouant sur toute la terre,
et trouvant mes délices avec les fils des hommes.
En méditant l’évangile de cette solennité, nous comprenons que Noël est
un commencement, un commencement à mettre en rapport avec celui de la création.
La naissance du bébé dans une mangeoire est le signe que Dieu commence avec
nous, en nous et pour nous une nouvelle création. Et c’est dans le sacrement du
baptême que nous renaissons à cette vie nouvelle apportée par l’enfant de
Bethléem. C’est par le baptême et par la foi que nous naissons de Dieu. Ici encore
saint Paul nous aide à comprendre le dessein de Dieu dans toute son ampleur.
Ecoutons son enseignement dans sa lettre aux Ephésiens :
Béni soit Dieu, le
Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des
bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le
Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés
devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils
adoptifs par Jésus, le Christ.
Dieu notre Père nous a choisis dans le Christ, avant la fondation du
monde, pour que nous soyons saints dans l’amour. Voilà le but et la raison du
mystère de Noël ! Dans la nuit de Noël, à la plénitude des temps, se
manifeste le dessein éternel de Dieu pour ses créatures. Le Verbe s’est fait
chair pour que nous soyons saints dans l’amour. La création nouvelle qui
commence à Noël, c’est la vie de Dieu en nous, c’est la sainteté de l’homme
créé à l’image de Dieu. L’enfant couché dans la mangeoire nous indique comment
nous pouvons renaître et vivre de la liberté des enfants de Dieu : en
aimant. L’amour est l’arme que Dieu nous donne pour vaincre en nous et en ce
monde les ténèbres du mal. Si les hommes acceptent l’Evangile du Christ, si les
hommes vivent en conformité avec cet Evangile, alors, oui, toute la création
sera sauvée et renouvelée. C’est par notre oui actif à l’amour divin manifesté
à Noël, que nous pourrons non seulement nous libérer nous-mêmes de la tristesse
du péché mais apporter à toutes les autres créatures et à la création elle-même
la joie du salut. Saint Paul nous fait entrevoir le grand mystère de notre
responsabilité de fils de Dieu pour que ce monde soit dès maintenant le signe
du Royaume de Dieu, royaume d’amour, de justice et de paix :
La création attend
avec impatience la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise
au pouvoir du néant. Pourtant, elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi,
libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la
gloire donnée aux enfants de Dieu. Nous le savons bien, la création tout
entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore.
En regardant la marche de notre monde et de notre humanité, nous
pouvons être tentés par le pessimisme et le découragement et même penser que
Jésus est venu pour rien… Noël nous remet sur le chemin de l’espérance en nous
faisant comprendre l’importance de notre mission là où nous nous trouvons. Si
le signe de la puissance de l’amour de Dieu est un bébé, alors nous comprenons
que tous les petits actes d’amour, humbles et cachés, que nous pouvons vivre au
quotidien contribuent réellement à remettre un peu du jardin d’Eden sur notre
terre travaillée par les douleurs de l’enfantement à une vie nouvelle.
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