14/05/15
Le mystère glorieux de
l’Ascension du Seigneur a fait passer les premiers disciples de Pâques à la
Pentecôte. Au jour de l’Ascension le Seigneur ressuscité devient invisible aux
yeux de ses disciples. Sa présence dans l’Eglise et dans le monde demeure mais
sous un autre mode. Nos mots humains ne peuvent pas rendre compte de ce mystère
sans utiliser des images. Et les images, si elles peuvent nous aider à nous
représenter l’Ascension du Seigneur, peuvent aussi nous tromper si nous les
comprenons d’une manière purement matérielle : monter au ciel, s’asseoir à
la droite du Père. Dans la deuxième lecture saint Paul utilise lui aussi ces
images : « Celui qui était descendu est le même qui est monté au plus
haut des cieux pour combler tout l’univers ». Pour saint Paul l’Ascension
doit se comprendre en correspondance avec l’Incarnation. Au jour de Noël la
Parole de Dieu « descend » vers nous en se faisant chair dans le sein
de la Vierge Marie ; au jour de l’Ascension elle « monte »
auprès du Père. Ces images de descente et de montée sont bien sûr liées au fait
que la Bible nous parle du Père qui est aux cieux. Les cieux symbolisent le
« lieu » propre de la divinité, sa demeure. Les cieux représentent la
transcendance de Dieu, le fait qu’il n’est pas un être parmi les autres, une
créature se mouvant dans les limites du temps et de l’espace, mais le Créateur
et Père, pur Esprit, éternel et partout présent. Nous comprenons alors pourquoi
il ne faut pas essayer de nous représenter avec notre imagination Jésus montant
au ciel. Simplement il nous suffit de comprendre qu’à partir de l’Ascension il
est présent d’une autre manière, d’une manière invisible.
Dans la première lecture saint
Luc nous montre que le mystère de l’Ascension est tout entier orienté vers
celui de la Pentecôte. Avant de quitter ses disciples, le Seigneur ressuscité
leur parle en effet du don de l’Esprit Saint, force venue d’en-haut pour en
faire des témoins. Jésus étant devenu invisible, c’est l’Esprit du Père et du
Fils qui va nous permettre de croire en Jésus ressuscité. La présence de
l’Esprit en nous est intérieure. Nous ne sommes plus dans une situation de face
à face comme celle qui fut celle des disciples entre Pâques et l’Ascension.
Lorsque Jésus se manifestait à eux, ils le voyaient comme nous nous voyons
lorsque nous nous rencontrons. L’Esprit n’ayant pas de corps il peut venir
demeurer au plus intime de notre être et faire que la présence de Dieu nous
devienne intérieure. Le temps de l’Eglise qui commence après l’Ascension et
surtout après la Pentecôte est le temps de l’Esprit. C’est en effet par
l’Esprit Saint que nous reconnaissons la présence de Jésus ressuscité. Et c’est
encore par l’Esprit Saint que tous les sacrements nous communiquent les dons du
Père. Il n’y aurait pas d’eucharistie, donc pas de présence sacramentelle de
Jésus, sans l’action de l’Esprit Saint.
Enfin l’Ascension oriente notre
cœur vers notre avenir en Dieu, vers le terme dont nous parle saint Paul :
« Au terme, nous parviendrons tous ensemble à l’unité dans la foi et la
vraie connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la plénitude
de la stature du Christ ». Notre vie chrétienne est en effet un chemin. Si
Dieu est patient avec nous, nous devons aussi être patient avec nous-mêmes et
ne pas exiger de tout comprendre en une seule fois. C’est en parcourant le
chemin de notre vie, chemin de foi, d’espérance et de charité, que, peu à peu,
nous progresserons vers la vraie connaissance du Fils de Dieu. Ce n’est qu’au
terme, nous avertit saint Paul, donc après le passage de notre mort, que nous
saisirons dans la pleine lumière les mystères du Seigneur et le mystère de
notre propre personne.
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