Matthieu
5, 1-12
La sainteté est le propre de
Dieu. C’est cette sainteté divine que nous proclamons au cœur de chaque messe
par le chant du Sanctus qui s’inspire
d’un texte du prophète Isaïe :
« L’année de la mort du roi
Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ; les pans de
son manteau remplissaient le Temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de
lui. Ils se criaient l’un à l’autre : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de
l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. »
Dans l’Ancien Testament la
sainteté de Dieu se confond presque avec sa gloire. Dieu est Esprit, Dieu est
transcendant : le Créateur est tout autre par rapport à ses créatures. Sa
sainteté exprime aussi cette distance entre le Créateur et les créatures. Dans
le culte divin mis en place par la Loi de Moïse on distingue le sacré du
profane, et dans la vie de chaque jour le pur de l’impur. Ce sont autant de
manières pour le juif d’honorer le Dieu saint. La sainteté et la gloire de Dieu
sont liées à l’arche d’alliance, lieu privilégié de la présence divine. Arche
qui a voyagé avec le peuple à travers le désert et qui était placée sous la
tente de la rencontre, arche qui ensuite a été transférée par David dans le
premier temple de Jérusalem. Puis est venu le temps de l’accomplissement des
promesses avec la nouvelle alliance, une alliance éternelle. Dans le mystère de
l’incarnation Dieu qui est Esprit épousait notre humanité en son Fils Jésus.
Dieu venait vivre notre condition humaine de l’intérieur pour nous dire son
amour et sa proximité. Quand saint Jean nous parle de ce mystère dans le
prologue de son évangile, il écrit : « Et le Verbe s’est fait chair,
il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire ». Le texte grec utilise
une expression significative : « Il a planté sa tente au milieu de
nous », expression qui rappelle la tente de la rencontre. Jésus est donc
la nouvelle arche d’alliance, le temple nouveau et éternel, celui qui rayonne
la sainteté et la gloire de Dieu. Avec la venue de Jésus la sainteté de Dieu
n’est plus localisée dans un temple mais elle se répand dans toute la création
et particulièrement dans le cœur des hommes. Tout est appelé à devenir sacré
même les réalités les plus humbles et les plus charnelles. Il n’y a plus rien
d’impur dans la création si ce n’est le mal qui provient du cœur de l’homme et
qui le pousse à pécher. Saint Paul n’hésitera pas à dire que désormais
« tout est pur pour les purs ».
La fête de la Toussaint nous
rappelle que nous participons à cette sainteté de Dieu par le baptême, la
confirmation et tous les autres sacrements mais aussi par la foi et la charité.
Nous pouvons avoir parfois une fausse conception de la sainteté chrétienne,
comme si cette dernière était réservée aux ermites et aux moines. Jésus en
prenant notre condition humaine et en vivant une vie ordinaire au milieu de son
peuple nous fait comprendre au contraire que le don de la sainteté est offert à
tous et cela dans les conditions de notre vie quotidienne. Dans l’évangile des
Béatitudes nous n’avons pas entendu Jésus nous dire : « Heureux ceux
qui ont des visions et des extases, heureux ceux qui font des miracles, heureux
ceux qui parlent en langues ». Les Béatitudes nous parlent d’abord d’une
disposition intérieure, d’une qualité du cœur. Ce n’est pas en nous détournant
de notre monde que nous serons saints. Jésus nous demande plutôt de nous
sanctifier au cœur de ce monde avec tous ses problèmes et ses défis, et nous
savons qu’ils sont nombreux. La sainteté consiste à ne pas perdre l’espérance
d’un monde nouveau, d’une création nouvelle, puisque Jésus a voulu tout
sanctifier depuis la nuit de Noël. Le trésor de la sainteté nous est
particulièrement confié à nous qui sommes chrétiens. Il nous revient de le
faire fructifier en nous engageant jour après jour à faire le bien selon
l’esprit de l’Evangile. Participer à la sainteté de Dieu c’est une réalité
concrète qui doit donc avoir des conséquences visibles dans notre manière
d’être, dans notre comportement, nos engagements et nos choix de vie. Diverses
associations, chrétiennes ou pas, nous permettent de mettre notre foi en
pratique dans divers domaines : la pauvreté et la faim dans le monde, la
justice sociale, l’écologie, la lutte contre la torture et la peine de mort, la
promotion d’une paix véritable etc. Oui, nous serons heureux de la joie même de
Jésus si nous ne laissons pas dormir en nous le don de la sainteté ; oui,
nous serons heureux de sa joie si nous sommes prêts à accepter la souffrance en
raison de notre engagement pour la paix et la justice sur cette terre.
Recevons en cette fête
l’enseignement de l’apôtre Paul :
« Dans le Christ Jésus, ce
qui a de la valeur, ce n’est pas que l’on soit circoncis ou non, mais c’est la
foi qui agit par la charité… Ne nous lassons pas de faire le bien, car, le
moment venu, nous récolterons, si nous ne perdons pas courage. »
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