Troisième
dimanche de Pâques / C
Jean 21,
1-19
2004
Le début de l’évangile de ce
dimanche a de quoi nous surprendre : saint Jean nous fait contempler une
scène de la vie ordinaire des apôtres après Pâques. Ces hommes ont quitté
Jérusalem et sont revenus auprès du lac de Tibériade. Ils ont repris leur
métier de pêcheurs… comme si de rien n’était, serait-on tenté de dire… Or nous
savons qu’ils ont déjà vu à deux reprises le Christ vivant alors qu’ils
s’étaient enfermés chez eux par peur des juifs. Jésus ressuscité leur a donné
l’Esprit Saint, le don de sa paix, et leur a confié la mission de remettre les
péchés en son Nom ! Et Simon-Pierre, le chef des apôtres, de dire :
« Je m’en vais à la pêche » ! Bref il y a comme un décalage entre
la mission qu’ils ont reçue et l’activité tout à fait ordinaire à laquelle ils
s’adonnent, d’ailleurs sans succès ce matin-là. Sont-ils dans l’attente ?
Ou bien leur foi n’est-elle pas encore assez solide ? Les évangiles
soulignent à bien des reprises les lenteurs de ces hommes choisis par Jésus
pour être les piliers de son Eglise. Ils sont à l’opposé des illuminés et des
crédules. Leur tempérament, à l’exception peut-être de Jean, est plutôt terre à
terre. C’est donc dans cette situation que le Ressuscité choisit de se manifester
pour la troisième fois. C’est devenu une banalité d’affirmer que Dieu vient
nous rejoindre dans l’ordinaire de notre existence. Mais c’est profondément
vrai, cette page de l’Evangile nous le confirme. Et cette manière d’agir de
Dieu à notre égard n’a rien de banal. C’est nous qui avons tendance à tout
rendre banal parce que le regard de notre foi s’émousse et s’affaiblit.
Avant de nous intéresser aux
réactions des apôtres face à cette nouvelle manifestation du Ressuscité
quelques mots pour souligner, une fois encore, l’amour rempli de délicatesse de
Jésus. Il vient à leur rencontre à l’aube sur leur lieu de travail. Les pensées
de ces hommes à ce moment-là devaient être bien matérielles : ils
espéraient faire une bonne pêche. Puis il y a ce terme extraordinaire,
« les enfants », par lequel Jésus interpelle ses apôtres ! On y
sent toute la densité d’une affection humaine, d’un cœur aimant. On y pressent
aussi leur condition de fils adoptifs de Dieu. Notons bien que Jésus prend son
temps avec eux, il passe volontairement par les détours de leurs préoccupations
bien humaines : « Auriez-vous un peu de poisson ? » Ce
n’est qu’à la fin de cette merveilleuse rencontre que le Maître et Seigneur
abordera la question essentielle de leur vocation et de leur mission. Et voilà
qu’il va leur donner un signe, celui d’une pêche surabondante… comme il l’avait
déjà fait par le passé.
Dans cette atmosphère faite
d’amour et de délicatesse les disciples vont vivre un passage, celui de la
reconnaissance. « Ils ne savaient pas que c’était lui ». C’est le
point de départ. Puis il y a le cri de saint Jean : « C’est le
Seigneur ! », le premier à comprendre, le premier à reconnaître la
présence de Jésus. « Aucun des disciples n’osait lui demander : Qui
es-tu ? Ils savaient que c’était le Seigneur ». C’est l’aboutissement
du chemin. Lorsqu’on est dans une relation d’amour aussi forte on n’a même plus
besoin de poser des questions. On sait par le cœur qui est celui qui nous aime
et qui est là. On sait par le cœur qu’on est aimé et attendu.
On pourrait dire que c’est tout
l’itinéraire de notre vie spirituelle qui est résumé dans cet Evangile. Notre
vie spirituelle est intimement imbriquée dans notre vie humaine. La vie
spirituelle ne saurait se réduire aux temps de prière et à la messe dominicale.
Ce sont des temps forts et importants. N’oublions cependant pas que l’Esprit du
Ressuscité est aussi présent, si nous le voulons bien, dans les moments
« ordinaires » de nos existences. De notre naissance à notre mort
nous faisons, dans l’ordre ou le désordre, le parcours des apôtres. Au début
nous sommes incapables de croire, de reconnaître le Ressuscité. Ensuite nous
pouvons le reconnaître avec Jean : « C’est le Seigneur ! »
Enfin lorsque nous atteignons la maturité de notre vie spirituelle notre cœur
est comblé, notre foi est devenue inébranlable.
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