Luc 4,
1-13
17/02/2013
Au commencement de notre Carême
l’Eglise nous emmène au désert avec Jésus. Les quarante jours qu’il y a vécu,
juste après son baptême, constituent une préparation aux trois années de sa vie
publique. Saint Luc insiste sur le fait que c’est « conduit par
l’Esprit » que le Seigneur quitte les lieux habités pour se rendre au
désert. Cette expérience de solitude et d’ascèse est donc une expérience
spirituelle. Les quarante jours de notre Carême sont aussi une expérience
spirituelle forte. Le Carême pour nous chrétiens est un peu notre retraite
annuelle même si nous n’allons pas au désert. Ce qui signifie que le Carême est
un temps privilégié pour nous laisser conduire par l’Esprit à la rencontre de
Dieu notre Père. Tout en conservant nos activités habituelles nous pouvons
faire retraite comme Jésus. C’est-à-dire prendre du recul par rapport à tout ce
qui préoccupe notre esprit et aussi par rapport à nos projets immédiats. Le
désert signifie symboliquement cette prise de distance sans laquelle nous
perdons notre véritable liberté. Ceux qui analysent la crise de notre monde
actuel, et même certains économistes qui tentent de la comprendre, tombent
souvent d’accord sur le fait que notre société est construite sur une vision à
court terme. C’est la raison pour laquelle elle s’autodétruit et avec elle notre
planète en répétant qu’il n’y pas d’alternative… donc plus de liberté possible.
Le séjour de Jésus au désert nous redit l’importance du long terme, c’est-à-dire
d’une vie orientée selon des principes spirituels solides. Je dirais que
l’Esprit de Dieu c’est vraiment celui qui nous inspire, celui qui nous donne du
souffle. Ce qui menace notre société c’est bien le manque d’inspiration, le
manque de souffle pour des projets à long terme et par conséquent le manque de
courage. On nous répète que nous devons nous résigner face à la fatalité de la
crise. Le désert symbolise aussi l’importance du silence même si les bruits de
la nature s’y font entendre. Notre Carême peut être l’occasion de nous poser la
question de notre environnement sonore. Ce temps liturgique est probablement
une grâce pour savoir à nouveau goûter le silence. Il est toujours possible, si
nous le voulons, de réduire l’emprise de la télévision, de l’ordinateur, du
portable et de la musique comme bruit de fond sur nos personnes. Cela au profit
bien sûr de la méditation, de la lecture et de la prière. A travers la pratique
du jeûne, en particulier chaque vendredi de Carême, nous pouvons aussi
redéfinir notre relation à la nourriture. Car le jeûne ce n’est pas seulement
se priver de nourriture, s’abstenir de manger. C’est peut-être aussi
redécouvrir le respect pour cette nourriture que nous avons la chance d’avoir
chaque jour à notre disposition, le respect pour le travail de ceux qui l’ont
produite, en premier lieu les agriculteurs, et par conséquent supprimer de
notre comportement le gaspillage. L’acte humain de manger a un aspect sacré. Le
Carême nous encourage à prier ensemble avant de nous mettre à table si nous ne
le faisons pas de manière habituelle. Le jeûne du Carême est aussi une
invitation à redécouvrir la joie de la sobriété et de la simplicité dans le
domaine de la nourriture.
Au bout de ses quarante jours de
retraite et de jeûne Jésus eut faim, et c’est bien compréhensible ! C’est
alors que le démon entre en scène. Je ne vais pas me lancer dans un commentaire
détaillé des trois tentations. Dans deux tentations sur trois le démon commence
en disant : « Si tu es le Fils de Dieu… ». Le tentateur connaît
l’identité de Jésus ainsi que son besoin physique de nourriture. Il part donc
de la réalité d’une situation concrète. Le danger de toute tentation se trouve
ici résumé : de la vérité de notre être elle nous entraîne peu à peu dans
une démission de notre liberté. N’étant plus dans la vérité nous nous séparons
de Dieu notre Père. Où Jésus trouve-t-il la force de résister à cette mise à
l’épreuve ? Dans la Parole de Dieu : « Il est écrit… ». Le
Carême est aussi un temps privilégié pour la méditation priante de la Parole de
Dieu, en particulier des Evangiles. C’est ainsi que nous fortifierons en nous
l’homme intérieur, l’homme rempli de l’Esprit Saint, et que nous aurons la joie
de grandir dans la foi, l’espérance et la charité.
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