2ème
dimanche du temps ordinaire / C
Jean 2,
1-11
20/01/2013
Entre le temps de Noël et celui
du Carême nous commençons la liturgie du temps ordinaire qui reprendra après le
temps pascal. L’année C est consacrée à la lecture suivie de l’évangile selon
saint Luc. Mais au commencement du temps ordinaire c’est un évangile pris en
saint Jean qui nous est proposé aujourd’hui. Comme nous le verrons la scène des
noces de Cana prolonge le mystère de Noël. Dans l’antique Eglise on faisait
mémoire de cet événement ainsi que du baptême du Seigneur le jour de
l’épiphanie.
Saint Jean situe les noces de
Cana le troisième jour de la manifestation de Jésus en tant que Messie au début
de son ministère public. Dans le récit c’est Marie qui est citée en premier.
Remarquons bien que l’évangéliste ne l’appelle jamais Marie mais la mère de
Jésus. Nous retrouverons cette manière de faire au pied de la croix. Marie est
d’abord la mère. C’est toujours sa maternité qui est mise en valeur dans le
quatrième évangile, maternité à l’égard de Jésus mais aussi maternité pour
toute l’Eglise à travers la personne de Jean. Souvenez-vous des paroles du
Christ mourant sur la croix à son apôtre Jean : « Voici ta
mère ». Jésus et sa mère sont donc invités à un banquet de mariage à Cana,
une bourgade au nord de Nazareth. Or « on manqua de vin ». Inutile de
préciser qu’un banquet de mariage au cours duquel le vin vient à manquer est un
banquet raté. Le vin est le signe de la fête et de la joie. L’évangéliste nous
rapporte un dialogue très bref entre la mère et son fils. C’est elle qui prend
l’initiative car elle a remarqué l’embarras causé par ce manque de vin. Elle se
contente de dire à son fils : « Ils n’ont pas de vin ». La
formule est surprenante. Marie aurait dû dire en toute logique :
« ils n’ont plus de vin ». Peut-être il y a-t-il une signification
spirituelle derrière cette formulation inexacte. Le vin qu’ils avaient au début
du banquet donnait-il la joie aux convives ? Il semblerait bien que non.
« Ils n’ont pas de vin » pourrait se traduire, spirituellement
parlant, ils ne connaissent pas la joie. La demande de Marie à son fils est
tout entière implicite. Elle lui fait remarquer le manque pour qu’il agisse en
faveur des convives. Et elle essuie de la part de Jésus un refus, celui-ci
assez net. C’est alors qu’elle se tourne vers les serviteurs désemparés :
« Faites tout ce qu’il vous dira ». Marie nous est présentée ici
comme celle qui croit malgré tout, comme celle qui espère. Son fils a beau
considérer que son heure n’est pas venue, elle ne se décourage pas pour autant.
Et sa prière persévérante est finalement exaucée : « Remplissez d’eau
les cuves », dit Jésus aux serviteurs. La suite du récit ne nous fait
entendre aucune parole du Christ, aucun geste de sa part sur les cuves.
Rarement dans les évangiles un miracle s’accomplit d’une manière aussi
discrète, quasiment cachée. Seuls les serviteurs ont été les témoins du
changement de l’eau en vin. Mais le maître du repas, lui, ne sait pas d’où
vient ce vin supplémentaire et abondant. Il s’adresse donc au marié le tenant
pour responsable de la situation nouvelle :
« Tout
le monde sert le bon vin en premier, et, lorsque les gens ont bien bu, on
apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant. »
Ces
paroles, nous le savons, il aurait dû les adresser à Jésus lui-même. C’est ici
que la portée symbolique du récit atteint son sommet car ce marié c’est en
effet Jésus. Aux noces de Cana Jésus se révèle, grâce à sa mère, comme l’époux
de notre humanité. La première lecture nous encourage d’ailleurs à faire cette
interprétation puisque Jérusalem y est présentée comme l’épouse du Seigneur :
« Comme
un jeune homme épouse une jeune fille, celui qui t'a construite t'épousera.
Comme la jeune mariée est la joie de son mari, ainsi tu seras la joie de ton
Dieu. »
Les noces
de Cana sont donc une image des noces du Fils de Dieu avec notre humanité.
C’est pour cela que ce premier signe de Jésus nous fait demeurer dans la
lumière du mystère de Noël, mystère de l’incarnation. Le bon vin, le vin le
meilleur, celui qui vient à la fin du banquet nuptial, est en effet celui de la
nouvelle Alliance. Seul ce vin nouveau est capable de donner à notre humanité
la joie véritable. Et c’est Jésus qui réalise en sa personne cette Alliance
nouvelle et définitive de Dieu avec son peuple. De quelle manière ? Par le
don de sa vie et le mystère pascal. Souvenons-nous du détail donné par Jean
mais que nous n’avons pas dans la traduction liturgique : le troisième
jour il y eut une noce à Cana… Le premier signe de Jésus est donc prophétique.
Il annonce le grand signe, celui du mystère pascal, mort et résurrection. Il
annonce le sacrement par lequel l’Eglise fera mémoire de dimanche en dimanche
de l’amour infini de Dieu notre Père manifesté en son Fils Jésus : le
sacrement de l’eucharistie dans lequel le vin se change dans le sang du Christ.
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