dimanche 11 décembre 2011

Troisième dimanche de l'Avent

En ce troisième dimanche de l’Avent l’Evangile selon saint Jean nous remet devant les yeux la figure de Jean le baptiste. Nous l’avons déjà rencontré dimanche dernier. Il est dans un endroit désertique où il attire les foules en leur donnant un baptême de conversion. Sa présence, son activité et probablement son succès posent des questions aux responsables religieux du peuple à Jérusalem. Des prêtres, des lévites et des pharisiens sont donc envoyés pour lui poser des questions. La première de ces questions porte sur son identité : qui est donc cet homme nommé Jean ? A trois reprises Jean répond par la négative : « Je ne suis pas… ». Il ne rentre dans aucune des cases par lesquelles on voudrait le définir. Et il se définit lui-même en citant le prophète Isaïe : « Je suis la voix qui crie à travers le désert ». Jean est envoyé par Dieu, il est son messager, son prophète. Son message, si l’on se réfère à Isaïe, est un message de consolation pour le peuple tout entier. « Je ne suis pas le Messie », ce qui revient à dire : « Je ne suis pas le Christ ». La première lecture, extraite du prophète Isaïe, nous présente justement la figure du Christ sur lequel repose l’Esprit du Seigneur ainsi que sa mission : « porter la bonne nouvelle aux pauvres etc. ». Puisque Jean ne correspond pas dans son identité à ce que les Juifs voyaient en lui, ils lui demandent des comptes sur son activité. C’est leur deuxième question qui ressemble à une accusation : « Si tu n’es ni le Messie, ni Elie, ni le grand prophète, pourquoi baptises-tu ? » Alors que Jean est un ami de la vérité, un homme profondément humble, ils voient en lui un usurpateur, un charlatan. S’il n’est qu’une voix qui crie dans le désert, de quel droit baptise-t-il ? Le même genre de question sera posé à Jésus lui-même dans le chapitre qui suit à l’occasion de la scène des marchands chassés du temple : « De quel droit fais-tu cela, quel signe nous montres-tu ? » C’est la question de l’autorité qui donne le droit d’agir. On demande donc à Jean de se justifier. Et sa seule justification consiste à parler du Christ, celui qui vient derrière lui, après lui, mais qui est infiniment plus grand que lui : « Je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale ». Ce qui signifie : je ne suis même pas digne d’être son esclave. C’est l’esclave qui, à l’arrivée de son maître à la maison, se mettait à genoux pour lui enlever ses chaussures. Donc Jean ne répond pas directement à la question. Et il va même plus loin en s’adressant à ces hommes spécialistes de la religion juive : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». C’est une manière polie de leur révéler leur ignorance quant à l’identité du Messie. Jean en sait plus qu’eux sur ce point. Notons aussi qu’il entretient le mystère en ne nommant pas celui qui vient après lui et qui se tient pourtant au milieu du peuple. Dans sa manière de répondre aux autorités, Jean pratique la théologie négative : celle qui dit de Dieu ce qu’il n’est pas pour laisser entrevoir que Dieu ne peut jamais être saisi ni connu par un esprit humain. « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas » : En ce temps de l’Avent nous sommes concernés par cette affirmation de Jean. Car quel chrétien peut dire qu’il connaît vraiment Jésus ? Et que signifie donc « connaître Jésus » ? Le catéchisme et la théologie sont utiles mais ne suffisent pas à nous donner la connaissance de « celui qui se tient au milieu de nous ». Cette expression suggère que la connaissance du Christ passe nécessairement par une expérience personnelle de sa présence et de sa proximité. Cette expérience personnelle nous pouvons la vivre dans la solitude de notre chambre comme dans les célébrations en Eglise. Elle peut coïncider avec la méditation des Evangiles et la célébration des sacrements. Mais la personne de Jésus est toujours plus grande que ces moyens qui nous sont donnés pour le connaître et vivre en communion avec lui. Le mystère du Christ est infiniment riche et c’est pour cette raison que nous ne le connaitrons jamais en plénitude ici-bas. Sur ce chemin, la voix de Jean nous invite à toujours marcher, toujours progresser, sans nous arrêter ni nous décourager. Le Christ est toujours en avant de nous, même s’il est déjà au milieu de nous. Et l’un des meilleurs moyens de le connaître, n’est-ce pas de mettre en pratique le commandement qu’il nous a laissé ? Celui de l’amour du prochain qui implique esprit de service, humilité, bienveillance, confiance et capacité de pardonner.

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