Il s'agit tout simplement de partager par le biais du web les homélies que je compose et prononce pour les catholiques de mes paroisses chaque dimanche et jour de fête.
mardi 15 novembre 2011
33ème dimanche du temps ordinaire
Les deux chapitres (24 et 25) qui précèdent le récit de la Passion dans l’Evangile selon saint Matthieu tournent nos regards vers le retour du Christ à la fin des temps. La parabole des talents nous parle donc de la venue du Christ glorieux. Elle nous parle aussi du temps de l’Eglise, ce temps entre Noël et le second avènement du Christ. Nous vivons ce temps de l’Eglise au rythme de l’année liturgique, année qui nous présente les différents mystères de la vie de Jésus. Dans la parabole des talents le Fils de Dieu est représenté par un homme qui part en voyage. C’est au jour de l’Ascension que le Seigneur est « parti en voyage ». Il nous a promis de demeurer toujours présent auprès de nous. Malgré cela nous pouvons parfois ressentir dans nos vies chrétiennes ce sentiment de l’absence de Dieu, de l’absence du Seigneur. Avant de nous quitter le Seigneur nous a confié tous ses biens : ce sont les talents. Le plus grand bien qu’il nous a donné c’est l’Esprit Saint avec toute la richesse de ses dons. La parabole précise qu’il nous a confié ses biens en fonction de nos capacités : « à chacun selon ses capacités ». « Puis il partit ». Le temps de l’Eglise est celui où nous sommes libres de faire fructifier les dons reçus. Cette liberté implique aussi que nous puissions en faire un mauvais usage pour diverses raisons. Dieu respecte notre liberté. C’est pourquoi il semble absent. Il n’est pas toujours derrière nous pour rectifier le tir. Il est parti en nous laissant tout ce dont nous avons besoin pour vivre en enfants de Dieu : sa Parole dans la Bible, son Eglise et ses sacrements. Mais jamais il ne s’impose à nous. C’est le sens de son départ en voyage. Peu importe le nombre de talents que nous avons reçu, l’essentiel est de se rappeler que ces talents ne nous appartiennent pas, nous n’en sommes que les gestionnaires. Nous sommes les serviteurs de ce bon maître qui nous fait confiance et adapte ses dons à notre capacité. Une parabole de l’Evangile selon saint Luc se termine de la manière suivante : « On sera plus exigeant si l’on a donné plus, on demandera davantage à qui on aura beaucoup confié ». Cela éclaire bien l’enjeu de l’enseignement de ce dimanche. Le Christ, lors de son retour, sera plus exigeant envers les chrétiens qu’envers les hommes qui ne l’ont pas connu ; il sera plus exigeant à l’égard des papes et des évêques qu’à l’égard des fidèles laïcs. Dans la parabole, sur trois catégories de serviteurs deux ont bien rempli leur mission. Quelle récompense leur donne le Christ lors de son retour ? « Entre dans la joie de ton maître ». Le serviteur bon et fidèle goûtera alors pleinement la joie du Ressuscité, il sera immergé dans cette joie divine. Le cas du serviteur mauvais et paresseux nous intéresse davantage. Car il illustre ce que nous devons éviter de faire. Pourquoi donc cet homme n’a-t-il pas fait fructifier son talent ? « Je savais que tu es un homme dur ». Ce serviteur ne connaissait pas vraiment son maître, il s’en était fait une fausse image. Il en va de même pour nous : si notre conception de Dieu n’est pas celle que Jésus nous a révélée, nous risquons bien de ne pas pouvoir agir en vrais chrétiens. Non seulement ce serviteur ignore la bonté de son maître, mais il oublie que le talent qu’il a reçu appartient au maître : « tu moissonnes là où tu n’as pas semé ». Fausse image de Dieu, oubli de ses dons, tout cela aboutit à la peur qui paralyse : « J’ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre ». Un vrai serviteur du Christ ignore cette peur car il met toute sa confiance dans son maître. Mais pour faire confiance au Christ, encore faut-il le connaître comme le maître au cœur doux et humble. « Celui qui a recevra encore, et il sera dans l’abondance. Mais celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a. » La traduction de la Bible des peuples a le mérite de rendre plus compréhensible le sens de cette parole : « On donnera à celui qui produit et il sera dans l’abondance, mais celui qui ne produit pas, on lui prendra même ce qu’il a. » Un pauvre peut être un meilleur serviteur du Seigneur qu’un riche, là n’est pas la question. Le 3ème serviteur est mauvais parce qu’il est paresseux, non pas parce qu’il n’a reçu qu’un talent. Le Seigneur Jésus nous connaît mieux que quiconque. Il connaît nos capacités et les dons qu’il nous a faits. C’est pour cela qu’il sera un juste juge que nous ne devrions pas craindre. Ce qui est le plus à craindre, c’est d’être un chrétien endormi, un chrétien inconscient de ses privilèges et des devoirs qui vont avec.
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