Ascension du Seigneur / A
2/06/2011
Matthieu 28, 16-20 (p. 704)
A la fin du temps pascal, entre Pâques et la Pentecôte nous célébrons l’Ascension du Seigneur. Beaucoup, même parmi les catholiques, confondent cette fête avec celle de l’Assomption de Marie célébrée le 15 août. L’Ascension c’est pour Jésus et l’Assomption pour Marie ! Mais ces deux fêtes ont un point commun : elles nous montrent la puissance du mystère pascal à l’œuvre dans notre humanité. Jésus et Marie ont connu la mort, cette mort qui est la marque de notre condition humaine après le péché originel, mais leurs corps n’ont pas connu la corruption du tombeau. En Jésus et en Marie notre humanité est transfigurée et glorifiée en Dieu. En Jésus et en Marie notre humanité est parfaitement unie à Dieu, elle participe à la vie même et à l’amour de la Sainte Trinité. L’Assomption de Marie est sa Pâque à elle, dans le chemin ouvert par son Fils, le premier-né d’entre les morts. Ce qui fait le lien entre l’Assomption et l’Ascension, et du coup peut créer la confusion, c’est un même vocabulaire : Marie, comme Jésus, a été élevée au ciel avec son corps. Cette comparaison entre les deux mystères nous indique que cette fête est aussi la notre. Nous aussi, à la suite de Jésus et de Marie, nous sommes appelés à entrer dans la gloire de Dieu après le passage de notre mort. Et notre corps connaitra aussi une résurrection, une transfiguration en passant par l’anéantissement, conséquence de la mort. C’est là la différence entre nous et Marie. Grâce à Jésus, Dieu nous donnera un corps glorieux.
C'est à eux, les apôtres, que Jésus s'était montré vivant après sa Passion : il leur en avait donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur était apparu, et leur avait parlé du royaume de Dieu.
Pour le dire simplement l’Ascension marque la fin de ce temps privilégié au cours duquel le Ressuscité s’est manifesté à ses disciples pour les confirmer dans la foi et les envoyer en mission. A partir de l’Ascension aucun chrétien ne peut voir sur cette terre le Seigneur Jésus dans sa condition glorieuse. Il devient invisible à nos yeux de chair. Et c’est cela que signifie son entrée dans le ciel où il siège désormais à la droite du Père, partageant sa puissance et priant pour nous et pour son Eglise. Il est vrai que le Christ s’est manifesté à des saints et des saintes à travers une apparition pour leur confier un message. Mais cela reste exceptionnel et rare dans l’histoire de l’Eglise. Et l’on pourrait se poser la question suivante : pourquoi Jésus n’a-t-il pas choisi de continuer à se manifester aux hommes, comme il l’a fait entre sa résurrection et son ascension ? Tout simplement parce que son royaume n’est pas de ce monde. L’ascension nous montre que notre vie terrestre, avec toute sa valeur et son importance, n’est pas le but ultime. Notre horizon dernier c’est la vie éternelle en Dieu, c’est la vie bienheureuse dans la communion de la Sainte Trinité, dans la communion des saints. D’ailleurs les apôtres ne l’ont pas compris : Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël? L’Ascension nous empêche de vouloir établir sur terre une théocratie. Jésus est Roi mais il n’est pas venu pour mettre en place des systèmes politiques, même si ceux-ci se réclament de lui et prétendent le servir. Nous n’avons pas à confondre le christianisme avec ce qui a été pendant des siècles une forme de son expression historique donc limitée et bien imparfaite, la chrétienté. La chrétienté s’est écroulée mais le christianisme demeure. Avec l’Ascension, Jésus confirme le règne de la foi, de l’espérance et de la charité. Le chrétien vit de ces vertus, de ces puissances divines reçues au baptême, pour reconnaître la présence de son Roi glorieux mais invisible aux yeux de chair. Au jour de l’Ascension, le Ressuscité ne nous a pas abandonné. Tout d’abord parce qu’il nous promet la venue du Saint Esprit. Lui part, d’une certaine manière, mais c’est pour nous donner le Saint Esprit : Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous: C’est l'Esprit de vérité. Mais aussi pour une autre raison. Ce n’est pas parce que Jésus est désormais invisible qu’il est incapable de se rendre présent à chacun d’entre nous. Bien au contraire. Avant l’Ascension le Seigneur ne pouvait se rendre présent qu’à une infime partie de l’humanité, dans un seul lieu : Israël. Maintenant qu’il est dans la gloire de Dieu avec son humanité, notre humanité, sa présence est catholique, universelle. Non seulement à travers l’Eglise et les sacrements mais aussi d’une manière personnelle auprès de chaque chrétien, particulièrement dans la prière et le témoignage de la foi :
Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre.
Dans cette perspective du mystère de l’Ascension, la dernière parole de Jésus dans l’Evangile selon saint Matthieu a une importance particulière :
Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde.
Matthieu a choisi de terminer son Evangile avec ces paroles du Seigneur avant l’Ascension. La joie du chrétien, celle que nul ne peut lui ravir, c’est de reconnaître dans la foi cette présence du Ressuscité auprès de lui. Cette présence ne se limite pas aux moments de prière et à la messe, elle est coextensive à toute notre vie, même la plus ordinaire. Oui, Jésus, Fils de Dieu, est vraiment notre compagnon de route. Et chaque fois que nous témoignons de lui par nos actes et nos paroles nous pouvons être certains de sa présence en nous, à nos côtés. Dans la force de l’Esprit Saint c’est par nous, les membres de son Corps, qu’il choisit de se rendre présent à tous, même à ceux qui ne le reconnaissent pas encore comme le Seigneur de leur vie.
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