9ème dimanche du TO/A
6/03/2011
Matthieu 7, 21-27 (p. 954)
En ce dernier dimanche du temps ordinaire avant notre entrée en Carême nous entendons la fin du sermon sur la montagne. L’enseignement que Jésus nous délivre ici est particulièrement clair : « Il ne suffit pas de me dire : « Seigneur, Seigneur ! » pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ». Ce qui est au centre de notre existence chrétienne, ce ne sont pas d’abord des déclarations, des paroles, même des paroles religieuses comme celles de la profession de foi ou de la prière (Seigneur, Seigneur !), mais bien des actes qui traduisent jour après jour notre désir d’accomplir la volonté de Dieu. Ce qui compte donc, pour reprendre une belle expression de saint Paul, c’est la foi active par la charité. Dans le même Evangile selon saint Matthieu deux autres passages viennent éclairer cet enseignement. Le premier se trouve au chapitre 12 : « Quiconque fait la volonté de mon Père des cieux est pour moi un frère, une soeur ou une mère ». Le second se présente sous la forme d’une petite parabole au chapitre 21 : « Un homme avait deux fils. Il s’adresse au premier pour lui dire : Mon garcon, va travailler aujourd’hui à ma vigne. Et lui répond : Je n’en ai pas envie. Mais ensuite il se reprend et il y va. Le père s’adresse également à l’autre et lui dit la même chose ; il répond : Bien sûr que oui, seigneur ! Mais il n’y va pas. Lequel des deux a fait la volonté du Père ? Ils répondent : le premier ». Dans le développement de son enseignement le Seigneur anticipe la réaction de ceux auxquels il adressera des reproches au jour du jugement. Ces chrétiens déclinent alors toutes leurs bonnes attitudes : ils ont été prophètes, ils ont chassé des démons et ils ont fait des miracles au nom de Jésus. Toutes ces actions semblent bonnes, elles ne sont pas des péchés... Et c’est pourquoi la réponse du Christ à ceux qui cherchent ainsi à se justifier en sa présence a de quoi nous étonner : « Je ne vous ai jamais connus. Ecartez-vous de moi, vous qui faites le mal ! » Le Seigneur les renie donc, il ne les reconnait pas comme étant de sa famille, de la famille des enfants de Dieu, de ceux qui cherchent à faire la volonté du Père dans leur vie. Le texte du Nouveau Testament qui me semble être le plus éclairant pour comprendre ce rejet du Christ est le célèbre passsage de la première lettre aux Corinthiens, passage dans lequel saint Paul nous présente l’amour de charité comme le sommet et la condition indispensable de toute vie chrétienne. Je ne le cite pas en entier ici, mais simplement cet extrait qui suffira à nous faire comprendre pourquoi Jésus qualifie de mauvaises des attitudes qui semblent pourtant bonnes : « Même si j'ai le don de prophétie et si je connais tous les mystères et toutes les sciences... même si j'ai la plénitude de la Foi, une Foi à transporter les montagnes... si je n'ai pas la Charité, je ne suis rien [...] La Charité ne passe jamais. Les Prophéties ? elles disparaîtront. Les langues ? elles se tairont. La science ? elle disparaîtra. Partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie....Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra. » Faire la volonté du Père, c’est bien sûr agir, ne pas se contenter de belles paroles comme le second fils de la parabole, c’est agir en faisant le bien. Mais cela n’est pas encore suffisant si nous voulons bâtir la maison de notre existence sur le roc solide qu’est le Christ et sa Parole. Il faut encore que notre intention soit pure. Et seul l’amour de charité pour Dieu et pour notre prochain nous donne cette pureté d’intention qui fait de nos actes des semences de vie éternelle. La foi et l’espérance sont limitées à notre vie terrestre. C’est l’amour de charité, et lui seul, qui donne aux autres vertus, foi et espérance, leur valeur. Contrairement à ce que Luther pensait nous ne sommes pas sauvés par la foi seule. Saint Jacques fait remarquer dans sa lettre que les démons eux aussi croient en Dieu. Mais ce dont ils sont absolument incapables c’est du moindre acte de charité, et c’est ce qui fait qu’ils sont justement des démons. Cette capacité d’aimer à la manière de Jésus, en nous faisant serviteurs les uns des autres, nous l’avons recu au baptême et à la confirmation. Dans la prière nous avons à demander à l’Esprit Saint de nous faire grandir dans cette charité. En communiant nous demandons à Jésus de faire passer cette charité dans nos actes. Et souvenons-nous de la profonde réflexion de Charles Baudelaire : « Il est plus difficile d’aimer Dieu que de croire en lui. Au contraire, il est plus difficile aux gens de ce siècle de croire au diable que de l’aimer. Tout le monde le sert et personne n’y croit ».
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