4ème dimanche de l’Avent / A
19/12/2010
Matthieu 1, 18-24 (p. 178)
Le 4ème dimanche de l’Avent est toujours pour nous une préparation directe à la fête de Noël et au mystère de l’incarnation. Pour cela la liturgie de la Parole nous fait entendre l’un des Evangiles de l’enfance en saint Matthieu ou en saint Luc. Marc commence son Evangile avec le ministère public de Jésus et Jean célèbre dans son prologue la venue de Dieu parmi nous sans se référer pour autant à l’événement de Noël. Nous entendrons le prologue de saint Jean lors de la messe du jour de Noël. Cette année nous méditons avec Matthieu l’annonciation faite à Joseph qui est d’une certaine manière le pendant de l’annonciation à Marie en saint Luc.
Ce récit, comme tous les Evangiles de l’enfance, nous met tout particulièrement en contact avec le surnaturel : l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph pour lui révéler le dessein de Dieu ainsi que sa vocation d’époux de la Vierge Marie et de père adoptif de l’enfant qui naitra d’elle. Le surnaturel, parce qu’il est différent de notre expérience quotidienne, peut susciter en nous bien des réactions : de l’incrédulité à la crainte... Nous sommes dans le domaine proprement divin, domaine dans lequel les lois de la nature ne sont plus contraignantes car tout est possible à Dieu en vue du salut de notre humanité. Dieu sait très bien que son action dans le cours de notre histoire humaine peut nous effrayer ou nous interroger fortement. Aussi son ange est porteur d’un message rassurant : « Ne crains pas ! » C’est le même message que celui adressé par Gabriel à la Vierge Marie. Et Marie elle-même, la toute sainte, fut bouleversée ou troublée selon les traductions lorsqu’elle recut la visite de l’archange. Ce qui est compréhensible lorsque nous percevons la distance entre Dieu et nous. Et que nous savons par expérience que les anges ne viennent pas nous voir de manière régulière pour nous apporter des révélations... Le surnaturel nous rappelle donc que Dieu est le Tout-Autre. Confronté à cette irruption du surnaturel dans sa vie par le moyen d’un songe, Joseph, lui, ne semble pas troublé : « Il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit et prit chez lui son épouse ».
Au centre de l’annonciation à Joseph il y a une réalité surnaturelle : Marie, Vierge, va enfanter un fils par l’action de l’Esprit Saint. C’est ce que nous nommons la conception virginale de Marie à ne pas confondre avec l’Immaculée Conception, dogme selon lequel Marie a été préservée du péché originel dès sa conception et de tout péché dans sa vie. Bien sûr la conception virginale a un sens théologique très fort : ce n’est pas pour le plaisir de contourner les lois de la nature que Dieu décide que son Fils viendrait parmi nous en naissant d’une jeune fille vierge. Et encore moins parce que la sexualité humaine serait une chose mauvaise en elle-même ! Dieu choisit pour son Fils une conception virginale pour nous dire qui est l’enfant Jésus. La conception virginale nous renseigne en effet sur l’identité et la mission de ce bébé qui naitra dans une crêche à Bethléem. Ce bébé unique dans l’histoire de notre humanité sera à la fois vraiment Dieu et vraiment homme. Vraiment Dieu parce que son seul Père c’est Dieu et que c’est par l’action de l’Esprit Saint qu’il vient au monde. Vraiment homme parce que Marie est sa mère et qu’il tient d’elle son humanité. En naissant d’une Vierge fécondée par l’Esprit de Dieu, Jésus est le signe d’une création nouvelle, d’une recréation. A partir de Lui et avec Lui une nouvelle humanité est possible, une humanité qui ne tirera plus son origine seulement des lois naturelles, celles de la chair, mais aussi des lois spirituelles, celles de l’Esprit. Ainsi la conception virginale de Marie annonce notre seconde naissance, notre naissance par et dans l’Esprit de Dieu, au jour de notre baptême. A Noël Joseph adopte Jésus comme son propre fils. Au baptême Dieu nous adopte et fait de nous ses fils.
Enfin si Dieu utilise le surnaturel parce qu’il est Dieu et que son oeuvre dépasse tout ce que nous pouvons imaginer, c’est non pas pour souligner la distance entre Lui et nous, c’est pour en quelque sorte l’abolir ! C’est tout le sens du mystère de l’Incarnation. Dieu en son Fils se fait vraiment l’un de nous ; en cet enfant nommé Jésus il épouse notre humanité pour s’unir à elle et cela pour toujours. Sans le « oui » de Joseph et de Marie cette merveilleuse union entre la divinité et l’humanité aurait été impossible. Remarquons donc que Dieu peut agir de manière surnaturelle mais qu’il a besoin de nous pour réaliser son plan d’amour et de réconciliation. Pendant les jours qui nous séparent encore de Noël gardons dans notre mémoire et dans notre coeur ce beau nom d’Emmanuel : Dieu avec nous, Dieu au milieu de nous, Dieu parmi nous. Méditons-le dans notre prière quotidienne en nous mettant comme Joseph à la disposition de Dieu pour qu’aujourd’hui encore il soit connu comme le Père tout proche de chacun de ses enfants, particulièrement des plus méprisés et des plus abandonnés.
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