24ème dimanche du TO/C - 12/09/2010
Luc 15, 1-32 (p. 560)
Ce 24ème dimanche du temps ordinaire est vraiment le dimanche de la miséricorde divine même si nous fêtons cette miséricorde plus particulièrement le dimanche dans l’octave de Pâques. Toutes les lectures abordent cette réalité si importante dans la révélation que Dieu fait de lui-même tout au long de l’histoire du salut. Plutôt que de commenter la célèbre parabole de l’enfant prodigue, je voudrais méditer avec vous et pour vous l’ensemble des lectures. Non pas dans le détail mais en montrant la merveilleuse harmonie qui existe entre ces textes en même temps que l’évolution de la révélation biblique.
Les deux textes de l’Ancien Testament, notre première lecture et le psaume 50, nous montrent un Dieu prêt à pardonner. Même si, face au péché d’idolâtrie du peuple, le veau d’or, Dieu se met en colère et décide dans un premier temps d’exterminer le peuple. Ce peuple qu’il n’appelle plus son peuple mais le peuple de Moïse… Et c’est grâce à la prière de Moïse que « le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple ». Notez comment au passage l’auteur biblique rappelle que ce peuple n’est pas seulement celui de Moïse mais bien le peuple de Dieu, et cela malgré son infidélité. Cette colère divine nous pose bien sûr question. Et c’est légitime puisque nous apprenons au catéchisme que la colère fait partie des sept péchés capitaux. C’est une étape dans la révélation, étape où l’on transpose facilement les catégories humaines sur Dieu. Ce qui existait aussi dans la mythologie grecque par exemple. Cette colère signifie tout simplement à quel point notre infidélité ne laisse pas Dieu indifférent. Et c’est un grand mystère pour nous que de le constater. Ce Dieu parfaitement heureux en lui-même est en quelque sorte touché par notre péché, blessé par notre ingratitude. Le psaume 50 confesse quant à lui l’amour et la grande miséricorde du Seigneur. Ce cœur de Dieu qui se met en colère, qui est blessé, c’est d’abord un cœur qui aime. C’est d’une manière incompréhensible pour la seule raison humaine que Dieu créateur aime chacune de ses créatures humaines d’une manière unique.
Les deux textes du Nouveau Testament (saint Paul et saint Luc) accomplissent véritablement ce qui a déjà été révélé au peuple d’Israël à propos de ce Dieu qui aime et qui pardonne. Cet accomplissement ne pouvait avoir lieu qu’avec le mystère de l’incarnation, qu’avec la présence visible parmi nous de la parole et de la sagesse de Dieu dans cet homme nommé Jésus de Nazareth. L’apôtre Paul a une vive conscience d’être l’un des premiers bénéficiaires de la miséricorde manifestée en Jésus à l’égard des pécheurs, révélation du cœur aimant de Dieu. En saint Paul, le persécuteur devenu apôtre par la seule grâce du Christ, nous retrouvons, me semble-t-il, les deux fils de la parabole. Avant d’être saisi par le Christ Ressuscité sur le chemin de Damas, Saul ressemble étrangement au fils aîné de la parabole. Il est pharisien, strict observateur de la Loi, zélé voire fanatique, et il peut faire siennes les paroles du fils aîné : 'Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est arrivé après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer pour lui le veau gras !' Le pharisien Saul qui mettait toute sa fierté dans sa fidélité à la Loi de Dieu devait voir d’un très mauvais œil ces chrétiens, membres d’une petite secte juive, qui prétendaient que Dieu donne son salut gratuitement à tous. Il devait être jaloux et en colère, et son fanatisme religieux le poussa donc à les pourchasser et à les persécuter avec haine. Saul connaissait par cœur la loi de Dieu, il l’appliquait scrupuleusement. Mais connaissait-il le Dieu qu’il prétendait si bien servir ? Ne s’était-il pas au contraire renfermé sur lui-même à cause de ce sentiment d’orgueil religieux, de supériorité sur les autres, tous ceux qui ne savent pas ? En fait ce n’étaient pas les chrétiens qui étaient ignorants mais bien lui ! Le Christ m'a pardonné : ce que je faisais, c'était par ignorance, car je n'avais pas la foi ; la grâce de notre Seigneur a été encore plus forte, avec la foi et l'amour dans le Christ Jésus. Lorsque Paul a fait l’expérience de la puissance de la grâce divine, de la force de la miséricorde du cœur de Dieu, en rencontrant le Christ Vivant, il est devenu l’autre fils de la parabole. Pour la première fois de sa vie il s’est senti faible, pécheur, coupable, ayant absolument besoin de retourner vers Dieu son Père par Jésus le Sauveur. En lui la colère et la jalousie de ce fils du peuple élu se sont transformées en une immense gratitude envers le Dieu qui justifie les pécheurs. Désormais une certitude absolue s’imposait à son esprit : Le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi le premier, je suis pécheur, mais si le Christ Jésus m'a pardonné, c'est pour que je sois le premier en qui toute sa générosité se manifesterait ; je devais être le premier exemple de ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle. Les 3 paraboles de la miséricorde divine nous enseignent cette réalité bouleversante : chaque fois que nous faisons un pas vers Dieu, que nous lui offrons un cœur brisé et broyé, chaque fois que nous acceptons de reconnaître en nous le fils prodigue, nous faisons la joie de Dieu et des anges ! Parce que nous lui permettons d’être à notre égard ce qu’il est au plus profond de lui-même : Un Dieu Amour, saisi de pitié à notre vue, un Dieu miséricordieux, un Dieu qui part à notre recherche pour nous sauver !
1 commentaire:
La colère de Yahvé écrite dans les Textes pourrait être la conséquence de l'humanité de Dieu...
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