21ème dimanche du TO/C
22/08/2010
Luc 13, 22-30 (p. 421)
« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » La question que cet inconnu pose à Jésus est celle du salut de l’humanité. C’est donc une question essentielle et sérieuse. Si pour nous le péché originel ainsi que nos propres péchés sont des réalités, des réalités qui nous séparent de Dieu ou nous éloignent de lui, nous savons par expérience à quel point nous avons besoin d’être sauvés. Cette question porte sur le nombre des créatures sauvées : seront-elles nombreuses ou pas ? Même si Jésus ne répond pas directement à cette question, cela demeure une question inévitable pour le chrétien. Jésus fait route vers Jérusalem, il va vers son sacrifice en vue justement du pardon des péchés et du salut. Lors de l’institution de l’eucharistie il prononcera ces paroles significatives : « Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est versé pour une multitude, pour le pardon des péchés ». Ce sang du Fils de Dieu, répandu pour beaucoup selon une autre traduction, obtiendra-t-il le salut de l’humanité ou seulement celui d’un petit nombre d’élus ? Tout au long de l’histoire du christianisme les optimistes et les pessimistes ont donné leur interprétation. Ici Jésus affirme que l’accès au salut est difficile : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». Il ne répond pas à la question du nombre des élus. Mais le passage parallèle en saint Matthieu semble abonder dans le sens des « pessimistes » :
Entrez par la porte étroite. Elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s'y engagent. Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent.
En saint Matthieu lorsque le Seigneur affirme la difficulté pour un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux, les disciples posent eux aussi la question du salut : « Mais alors, qui peut être sauvé ? » Et leur Maître de répondre : « Pour les hommes, c’est une chose impossible, mais pour Dieu tout est possible ». Nous constatons ainsi en parcourant les Evangiles que la question du salut est abordé de manière différente selon le contexte. L’Evangile de ce jour nous rappelle que nous n’irons pas tous automatiquement au Paradis. Que nous devons utiliser notre liberté selon la volonté de Dieu, c’est-à-dire entrer par la porte étroite, pour y parvenir. En même temps le Royaume de Dieu ne fait pas partie des droits de l’homme, c’est un don de Dieu, et seul Dieu est capable de nous y conduire par son Fils Jésus notre unique Sauveur.
La deuxième partie de notre Evangile ne se comprend qu’à la lumière de sa conclusion : « Il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers ». Dans son enseignement Jésus nous redonne le critère décisif de la valeur de notre vie humaine aux yeux de Dieu. Certains se rassurent à bon compte : « Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places ». Ici encore la version de saint Matthieu complète bien le propos de Jésus :
Ce jour-là, beaucoup me diront : 'Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ?' Alors je leur déclarerai : 'Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal !'
Qui sont donc ces premiers qui risquent de devenir derniers ? Certains Juifs tout d’abord qui, par orgueil (nous sommes le peuple élu, nous avons le temple), pouvaient oublier l’essentiel : la pratique du bien et de la justice. Mais aussi certains d’entre nous qui sommes catholiques pratiquants… Si nous oublions que notre fidélité à la messe du dimanche et à la vie de prière doit aller de pair avec notre désir de mettre en accord notre vie avec la volonté du Seigneur. Nous ne serons pas jugés sur une heure dans notre semaine, mais bien sur tous nos actes et choix quotidiens. « Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal », ou selon une autre traduction « vous les ouvriers d’injustice ». La leçon de cet Evangile pourrait être la suivante : au lieu de vous poser des questions théologiques sur le nombre des élus, agissez selon le bien et la justice. Il ne vous appartient pas de connaître le jour et l’heure du jugement ainsi que le nombre des sauvés. Mais je vous ai fait le don de la liberté pour que vous puissiez coopérer à votre salut par vos actes. Entrer par la porte étroite, c’est par conséquent se remettre en question, ne pas se reposer sur ses lauriers, et saisir que nous ne faisons pas naturellement et instinctivement le bien. Nous avons bien souvent à nous faire violence pour ne pas tomber dans l’égoïsme, l’hypocrisie ou encore l’orgueil religieux des premiers qui sont en fait les derniers. Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l'orient et de l'occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Même si le Seigneur ne répond pas directement à la question du nombre, il nous donne l’espérance du salut pour beaucoup. Certains Juifs seront sauvés et avec eux des hommes de toute race, langue et nation. Cette mention de l’extension géographique, reprise dans l’Apocalypse, nous montre que ce n’est pas en vain que le Christ a offert sa vie. Oui, le salut qu’il nous donne est vraiment universel !
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