2ème dimanche de Pâques / C
11 avril 2010
Jean 20, 19-31 (p. 494)
Le dimanche de l’octave de Pâques est une célébration de la miséricorde divine. Dans l’Evangile de cette liturgie, il y a une référence à cette miséricorde :
Jésus répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Le premier fruit du mystère pascal, c’est le don de l’Esprit Saint aux apôtres, et à travers eux à toute l’Eglise. Et ce don de l’Esprit de Dieu est en vue de la manifestation de sa miséricorde envers tous les hommes, en vue du pardon des péchés par le ministère de l’Église. Tout cela est cohérent. Dans la Sainte Trinité l’Esprit est la Personne Amour, Il est le lien d’amour entre le Père et le Fils. Et c’est bien parce que Dieu est Amour qu’il est aussi celui qui fait miséricorde, celui qui pardonne. Le Coran souligne de très nombreuses fois que Dieu est miséricordieux, mais il ne signale pas la source de cette miséricorde : Dieu aime ses créatures. Célébrer la miséricorde de Dieu qui nous parvient par le mystère du Christ et dans l’Esprit Saint, c’est revenir à l’essentiel de la révélation chrétienne, un essentiel condensé en trois mots lumineux de simplicité par l’apôtre saint Jean : « Dieu est Amour ». En effet l’être le plus profond de Dieu Trinité est relation d’Amour puis communication de ce même Amour à sa création. En disant que Dieu est Bon, nous disons de lui l’essentiel. Tout le reste n’est que la conséquence de cette vérité première. Tout le reste est secondaire, tout le reste doit être compris à la lumière de cette affirmation fondamentale. Comme quand nous disons de Dieu, par exemple, qu’Il est juste. C’est parce que Dieu est Bon, qu’en Lui la miséricorde et la justice ne s’opposent pas, mais au contraire sont des qualités inséparables. Nous comprenons ainsi que la miséricorde n’est pas une qualité ajoutée en Dieu, comme si Dieu pouvait choisir de ne pas être miséricordieux… Non, la miséricorde fait partie de l’être même de Dieu puisqu’en Lui il n’y aucune place pour le mal, pour la rancune ou la vengeance, puisque le cœur de Dieu n’est que pure bonté.
Le don que le Christ Ressuscité fait à ses apôtres en vue de la réconciliation du genre humain avec le Père se situe dans une ambiance de peur. Après Pâques les apôtres sont enfermés par peur des Juifs. La miséricorde de Dieu, en tant que manifestation de son amour patient, va faire passer les apôtres de la peur à l’audace de la foi. Pâques pour eux comme pour tout chrétien sera la résurrection de la foi et de la confiance, le passage justement, non seulement de la mort à la vie, mais de la peur et du doute à la foi et à la confiance. Dans notre première lecture, lorsque le Ressuscité se manifeste à Jean dans une vision, il reprend le message pascal adressé aux saintes femmes venues visiter le tombeau :
Quand je le vis, je tombai comme mort à ses pieds, mais il posa sur moi sa main droite, en disant : Sois sans crainte. Je suis le Premier et le Dernier, je suis le Vivant : j'étais mort, mais me voici vivant pour les siècles des siècles, et je détiens les clés de la mort et du séjour des morts.
C’est ce message pascal du Ressuscité que Jean-Paul II avait choisi en 1978 pour inaugurer son pontificat, et il n’a pas cessé jusqu’à sa mort de le répéter à tous : « N’ayez pas peur ! » Nous, catholiques de France, nous pourrions être tentés par la peur, et sa conséquence : le repli identitaire, le ghetto catholique voire l’intégrisme. Nous savons bien que la France n’est plus un pays réellement chrétien. Il subsiste un vernis de christianisme, mais pour combien de temps encore ? Certains prennent peur en constatant la baisse du nombre des prêtres, le manque de renouvellement du clergé. Mais nous devrions surtout comprendre que s’il y a moins de prêtres qu’avant, c’est parce qu’il y a aussi moins de croyants. Notre problème n’est donc pas le manque de prêtres, mais le manque de foi. Seule une foi vivante nous permet d’échapper à cette tentation inspirée par la peur devant des statistiques en baisse. Seule une foi vivante nous pousse à témoigner de la joie d’être chrétiens dans une société qui semble se désintéresser de plus en plus de la religion catholique. Le défi pour nous consiste à rattacher la pratique de notre religion à une vraie spiritualité. Car nos contemporains, même s’ils rejettent les religions, ont un grand besoin de spiritualité. A nous de montrer par notre vie et par nos actes que nous trouvons ce supplément d’âme dans l’Evangile du Christ. A nous de témoigner que la foi catholique n’est pas d’abord un fardeau, un ensemble d’obligations et de rites, mais une relation vivante avec Celui qui est le Vivant. A nous de témoigner que la foi est une force merveilleuse capable de transporter les montagnes, que la foi est ce trésor par lequel nous entrons en relation avec le Dieu Trinité. Ce témoignage, nous pourrons le donner à la suite des apôtres, si nous faisons vraiment l’expérience de la prière communautaire et personnelle. A nous de témoigner que la prière est la respiration de notre vie, le soleil de nos journées ! Tout simplement parce que la prière est une rencontre avec le Dieu Amour, une ouverture de tout notre être à sa Vie qui a vaincu la mort et le mal. Notre témoignage n’est pas d’abord la défense d’une religion, d’une institution, l’Eglise, mais la profonde conviction que sans la Vie du Christ Ressuscité en nous notre vie perd son sens, sa saveur et son goût. Témoigner en vérité, n’est-ce pas donner à ceux que nous fréquentons la faim et la soif de la rencontre avec le Dieu Vivant ? Nous sommes peu nombreux, mais est-ce une raison pour avoir peur ? Ecoutons la parole de Jésus :
Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.
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