mardi 6 octobre 2009

27ème dimanche du temps ordinaire

27ème dimanche du TO / B
4/10/09
Marc 10, 2-16 (p. 701)
Dans l’Evangile de ce dimanche, Notre Seigneur affirme avec fermeté le caractère indissoluble de l’union de l’homme et de la femme dans le mariage. Et il n’hésite pas à voir dans la répudiation de la femme par son mari, permise dans la loi de Moïse, une concession à l’endurcissement du cœur du peuple. Cette possibilité de renvoyer sa femme est en quelque sorte un moindre mal, une loi qui permet de mettre un peu d’ordre au sein d’un peuple pécheur. L’acte de répudiation, document officiel, est là pour limiter la casse… Cette loi de Moïse est réaliste : elle s’adapte à la faiblesse humaine tout en essayant de limiter au maximum les conséquences du péché, même si ce droit de répudiation ne concerne que le mari… et est donc à sens unique, au mépris de l’égale dignité entre les conjoints. La vérité est cependant à rechercher ailleurs : Au commencement, dans le projet créateur de Dieu.
Les traditions religieuses et philosophiques ont souvent bien des points communs pour tenter d’expliquer le mystère des origines et celui de l’apparition du mal. Les trois premiers chapitres du livre de la Genèse, le premier de toute la Bible, sont fondateurs. Notons la différence entre le premier récit de création et le second, notre première lecture. Dans le premier récit l’homme et la femme sont créés en même temps, au terme d’un processus durant symboliquement six jours. Ils sont ensemble le sommet de l’œuvre créatrice de Dieu, ils participent à la royauté de Dieu sur sa création. Dans le second récit, le notre, l’homme apparaît au début de la création, puis les animaux, et enfin la femme. Si, comme je le disais, les traditions religieuses et philosophiques ont bien des points communs entre elles, ici la tradition juive est originale par rapport à l’explication donnée plus tard par Platon. Pour le philosophe grec il y avait à l’origine non seulement des hommes, des femmes mais aussi des androgynes, donc un être humain total possédant en lui les capacités de l’homme et de la femme. Et c’est pour punir les humains de leur orgueil que Zeus les coupa en deux. Dans la vision de Platon l’humanité en ses origines était parfaite. Et la différenciation de l’androgyne en homme et femme est un châtiment. Dans notre récit biblique l’homme ne se suffit pas à lui-même car il n’est pas fait pour la solitude mais bien pour la relation et la communion. Il ne peut pas représenter à lui tout seul la perfection divine. Le créateur, de manière naïve, est un Dieu en recherche de la solution la meilleure, il tâtonne pour trouver une aide qui correspondra à l’homme, et il crée dans ce but les animaux. Mais devant l’insatisfaction de l’homme, il revoit sa copie et pense à la création de la femme ! Le récit, toujours naïf, nous montre un Dieu plein de délicatesse, qui anesthésie l’homme avant de pratiquer sur lui une opération chirurgicale. Il fait même des points de suture après le prélèvement de la chair du côté d’Adam… Certains ont vu dans ce récit l’origine de l’inégalité entre l’homme et la femme, cette dernière venant justement en dernier ! Or la femme est faite à partir de la chair d’Adam, elle a donc logiquement la même nature humaine que lui. Ce n’est pas parce qu’elle vient après qu’elle est inférieure, tout comme les enfants ne sont pas d’une autre nature que leurs parents, parce qu’ils sont plus jeunes qu’eux ! Et d’ailleurs le cri de joie de l’homme est éloquent… En salle de réveil, émergeant de son sommeil, il aperçoit la première femme et s’exclame : « Voici l’os de mes os et la chair de ma chair ! » Le vis-à-vis de l’homme et de la femme, cette différenciation au sein d’une même humanité, n’est pas un châtiment mais une bénédiction. C’est la femme qui vient sortir l’homme de la somnolence de la solitude. C’est en cela qu’elle est l’aide qui lui correspond.
« A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. » L’androgyne de Platon coupé en deux par Zeus recherche dans le désir amoureux son autre moitié, autant dire qu’il se recherche lui-même. Dans la Genèse la femme est à la fois semblable et différente de l’homme. Les animaux, eux, n’étaient que différence. C’est cette ressemblance dans la différence qui fonde le mariage comme union de l’homme et de la femme. Ne faire plus qu’un avec l’autre, la communion d’amour, correspond à notre recherche du bonheur. Cette recherche de la communion ne se vit pas seulement dans le mariage mais aussi dans les relations humaines (famille, amis etc.) et bien sûr dans notre relation avec Dieu. Mais le mariage en est une expression particulièrement forte puisque l’homme et la femme ne font qu’un non seulement par l’union des cœurs et des esprits mais aussi par l’union des corps. Le bonheur qui vient de cette union sera d’autant plus intense et fort que la relation sera vécue comme don de soi à l’autre, recherche du bien de l’autre. S’il y a tant d’échecs dans la fidélité au lien sacré du mariage, ne serait-ce pas tout simplement parce que l’on se cherche soi-même dans l’autre ? Et que l’on fait passer sa satisfaction personnelle avant le bonheur de l’autre ?

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