12ème dimanche du TO/B
21 juin 09
Marc 4, 35-41 (p. 1112)
Le Seigneur Jésus a choisi comme lieu principal de sa prédication une province du nord d’Israël, la Galilée. Une région frontalière avec le monde des non-juifs, le monde païen. Il a fait plusieurs fois le voyage de Jérusalem pour les grandes fêtes religieuses et c’est là qu’il offrira sa vie en sacrifice. Mais la plupart du temps il s’est tenu éloigné de la capitale religieuse et politique de son peuple. La base missionnaire de Jésus a été Capharnaüm, au bord du lac, et non pas Jérusalem. Capharnaüm, la ville des pêcheurs Simon-Pierre et André. Et c’est au bord du lac de Tibériade appelé aussi mer de Galilée que le Seigneur rencontre Lévi installé au poste de douane et qu’il l’appelle à être son disciple, puis son apôtre, Matthieu. A l’occasion du repas de fête donné par Lévi dans sa maison, Jésus précise sa mission. Car les maîtres de la Loi du groupe des pharisiens sont scandalisés en voyant Jésus s’attabler avec ceux qu’ils considèrent avec mépris comme des pécheurs… « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin d’un médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu, moi, pour appeler des justes mais des pécheurs. » Par sa familiarité avec les pécheurs, Jésus se révèle comme le médecin des âmes et des corps. Il révèle surtout que son cœur n’est que miséricorde et amour. Enfin il vient détruire la prétention et l’orgueil de ceux qui se considèrent supérieurs aux autres, comme l’élite religieuse du pays, simplement parce qu’ils accomplissent les préceptes de la Loi. Oui, Jésus vient détruire l’orgueil religieux qui est l’une des formes les plus détestables de ce péché capital et l’une des tentations les plus dangereuses dans notre vie chrétienne et spirituelle…
Avec l’Evangile de la tempête apaisée, le Seigneur veut faire franchir un nouveau pas à ses Apôtres dans l’initiation progressive à leur mission : « Passons sur l’autre rive. » Les inviter à traverser la mer de Galilée ce n’est pas seulement les inviter à un déplacement géographique. Car en face, sur l’autre rive, c’est pour eux le domaine de l’étranger, des non-juifs, des païens. Cette traversée du lac doit correspondre à un changement de mentalité pour ces hommes qui l’aiment et qui le suivent. Il leur fait ainsi comprendre que sa mission de Sauveur ne se limite pas au peuple Juif dont il est issu par Marie. Il vient pour prêcher la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu aux pécheurs et aux païens. Et voilà que survient une violente tempête, image des obstacles qui se dressent sur la route de l’Eglise quand elle sort de ses murs pour aller porter la Bonne Nouvelle à ceux qui sont loin. Image aussi dans la Bible des forces démoniaques déchainées… Ce qui n’est pas étonnant puisque le premier geste de Jésus, sur l’autre rive, sera l’exorcisme du possédé de Gerasa…
Face à l’obstacle de la tempête, Marc nous dépeint deux attitudes opposées : Jésus, d’un côté, qui semble tranquille et calme, dormant à l’arrière de la barque, et les disciples remplis d’effroi. C’est alors que le Seigneur montre son pouvoir divin en commandant à la mer de s’apaiser. Le Seigneur est vainqueur des forces du mal. Et Jésus interroge ses disciples : Pourquoi avoir peur ? Pourquoi ce manque de foi ? Quand nous butons sur des obstacles, nous le savons, la peur est toujours mauvaise conseillère. La force du chrétien se trouve dans son calme et dans sa foi en la puissance victorieuse de Jésus. Cela rejoint bien l’avertissement de Dieu donné au peuple dans le livre d’Isaïe : « Dans la conversion et le calme serait votre salut, dans la sérénité et la confiance serait votre force » (30, 15).
Et voilà que les disciples vont passer de la peur face aux éléments déchainés à une grande crainte en présence du Seigneur qui vient de manifester à leurs yeux son autorité. L’épisode de la traversée du lac correspond pour eux à une véritable révélation divine, une théophanie. Notre peur vis-à-vis des épreuves rencontrées en ce monde nous paralyse. Mais craindre le Seigneur, c’est-à-dire confesser sa divinité et sa puissance, est au contraire pour nous la source d’une grande force et d’une grande liberté. C’est avec cette force et cette liberté que, tout au long de l’histoire, les saints et les saintes, les missionnaires, les mystiques, les réformateurs ont permis à notre Eglise de passer sur l’autre rive. Et lorsque le bienheureux pape Jean XXIII convoqua en 1959 le Concile Vatican II, il voulait lui aussi, sous l’inspiration de l’Esprit, la faire passer, sans peur de l’avenir ni nostalgie du passé, sur l’autre rive. C’est avec une citation du dernier Concile que je conclurai : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s'édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l'Esprit-Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d'un message de salut qu'il leur faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. »
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