5ème dimanche de Pâques / B
10 mai 09
Jean 15, 1-8 (p. 635)
Après l’image du Bon Berger, Jésus utilise ce dimanche une autre image, celle de la vraie vigne. Comme pour le berger, l’image de la vigne est ancienne. Jésus ne l’invente pas, il la trouve dans l’Ancien Testament en lui donnant une nouvelle dimension. Dans ce commencement du chapitre 15 de saint Jean un verbe revient souvent : « demeurer ».
« Demeurez en moi, comme moi en vous » ; « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit. » Le Seigneur nous demande vraiment de demeurer en lui et de nous ouvrir de plus en plus à sa présence de Ressuscité. Il n’a qu’un désir c’est qu’en demeurant en lui nous donnions beaucoup de fruit. Voilà un magnifique résumé de ce que devrait être toute notre vie chrétienne, une définition synthétique de la condition de disciples.
Voyons dans un premier temps ce que signifie pour nous ce verbe « demeurer » en lien avec le Christ. L’image de la vigne suggère bien sûr une communion, une union étroite entre les sarments que nous sommes et Jésus, la vraie vigne. Mais comment se réalise concrètement cette union dans notre vie ? Comment demeurons-nous dans le Christ ? Dans l’Eglise, dont la vigne est aussi une image, nous avons des moyens objectifs qui nous sont donnés pour atteindre ce but : ce sont les sacrements. C’est bien par le baptême, la confirmation et l’eucharistie que Dieu demeure en nous et nous en lui. Toutefois l’expérience nous montre que cela ne suffit pas pour être de véritables disciples de Jésus. Combien de baptisés vivent en païens ? Un nombre bien trop grand malheureusement. Parce que dans le domaine spirituel rien n’est automatique. Un baptisé ne peut pas se reposer sur ses lauriers en disant : j’ai tout fait, baptême, première communion, eucharistie. Parce que dans le domaine spirituel tout ne dépend pas des rites ou des sacrements. La spiritualité, la sève qui court dans la vigne, est d’abord la vie de l’âme dans la communion d’amour avec Dieu Trinité. Et cette vie requiert de l’âme la volonté, la liberté, le désir. Il nous faut donc unir aux moyens objectifs que sont les sacrements, les moyens « subjectifs » ou personnels. Et en premier lieu rappeler ici l’importance de la vie de prière personnelle. C’est cette vie qui nous permet vraiment de demeurer jour après jour dans le Christ. La maladie qui guette notre vie spirituelle, surtout si nous sommes de « vieux chrétiens », c’est de croire que les choses sont acquises une fois pour toutes dans le domaine de notre vie spirituelle. Nous pouvons être dans l’illusion de « posséder » Dieu. Or pour demeurer dans le Christ, nous devons sans cesse nous mettre à sa recherche. La recherche de Dieu, le désir de Dieu, voilà l’unique remède pour contrer cette maladie. Vous allez me dire, depuis le temps que je connais Dieu, pourquoi le chercher encore ? Parce que Dieu est une expérience de communion à vivre chaque jour de manière nouvelle. Parce que l’amour de Dieu est inépuisable comme son mystère trinitaire… Même les moines et les moniales vous diront qu’ils sont entrés au monastère pour y chercher Dieu. Et c’est là le principal témoignage de la vie religieuse contemplative : que Dieu ne peut demeurer en nous que dans la mesure où nous le cherchons et le désirons avec amour, persévérance et humilité. La deuxième lecture nous donne enfin un autre moyen de demeurer en Dieu : « Celui qui est fidèle à ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné son Esprit. » La vie spirituelle authentique débouche sur la vie morale, la vie en conformité avec les commandements du Seigneur. Il s’agit pour nous d’aimer par des actes et en vérité. Et c’est dans la mesure où nous nous engageons sur ce chemin d’union étroite avec le Christ que nous porterons beaucoup de fruits pour la gloire de Dieu notre Père. Porter ou donner du fruit, cela signifie pour nous rayonner autour de nous cette vie divine qui anime toute notre vie humaine et la transfigure. Pas tellement par des paroles, mais par notre manière d’être et d’entrer en relation avec les autres, qu’ils nous soient proches par la foi ou au contraire éloignés de ce point de vue. Demeurer dans le Christ, c’est donc automatiquement témoigner de lui. Car alors notre présence n’est plus seulement la notre mais la sienne en nous et par nous. C’est bien le Christ qui, par nous, peut alors donner sa paix, sa joie, son réconfort à ceux que nous rencontrons et avec lesquels nous partageons l’aventure exaltante de l’existence humaine : dans le couple, en famille, à l’école, dans les associations, en paroisse etc. Beaucoup d’entre nous ont probablement fait cette expérience : une personne avec laquelle nous avons tout simplement partagé un moment vient nous dire quelques temps après tout ce que ce partage lui a apporté. Et pourtant nous n’avons pas forcément à ce moment là parlé de Dieu, fait le catéchisme ou la morale. Nous avons été simplement ce que nous sommes : de faibles disciples du Christ qui demeurons dans son amour. Cela suffit à ranimer bien souvent l’espérance et la lumière dans les cœurs !
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