Baptême du Seigneur / B
11 janvier 2009
Marc 1, 7-11 (p. 352)
Avec la fête du baptême du Seigneur s’achève le temps de Noël. Lundi nous serons à nouveau dans le temps ordinaire, le temps de l’Eglise. Cet événement marque donc dans la vie du Christ comme une frontière et une transition. Transition entre le moment de la manifestation du Messie (temps de Noël) et les années de son ministère public (temps ordinaire).
Tout le temps de Noël est une joyeuse célébration du mystère de l’Incarnation par lequel Dieu vient réaliser toutes les prophéties de la première Alliance. Dans la première lecture Dieu parle de sa parole qui sort de sa bouche. Cette Parole éternelle de Dieu, voilà que dans la nuit de Noël elle entre dans notre temps, dans notre histoire, assumant en elle notre nature humaine : « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. » Le cycle de Noël nous montre les diverses manifestations de Jésus, Parole de Dieu. Tout d’abord aux bergers, des Juifs mais des parias de la société, ensuite aux mages, des païens venus d’Orient, et enfin, des années plus tard, aux Juifs venus recevoir le baptême de Jean. La liturgie unit donc deux évènements séparés par des années, la naissance de l’enfant Jésus à Bethléem et son baptême dans les eaux du Jourdain. Jean a beau proclamer son indignité, il doit baptiser Jésus. Notre Seigneur n’a besoin d’aucune purification puisqu’il est la Parole de Dieu faite chair. S’il se fait baptiser malgré tout, c’est pour nous montrer dans la logique de l’incarnation qu’en épousant notre nature humaine, il vient aussi en porter tous les péchés et tous les fardeaux. Si la manifestation du Messie dans la nuit de Noël fut discrète et réservée à quelques rares témoins, le baptême de Jésus est une manifestation éclatante de sa divinité. Au moment même où, par amour, il s’abaisse dans les eaux du Jourdain pour recevoir de Jean le baptême, le ciel se déchire, le ciel s’ouvre. L’incarnation, la naissance du Fils de Dieu, était déjà un abaissement d’amour. Dieu est l’Emmanuel, Dieu avec nous, au milieu de nous. Le baptême marque un degré de plus dans cet enfouissement de la Parole de Dieu dans notre pâte humaine. Et c’est par son humilité que Jésus justement nous ouvre le ciel. Son baptême est non seulement une manifestation de son rang divin de Fils mais aussi une manifestation de Dieu Trinité lui-même. Les trois personnes divines sont là bien présentes.
Dans la deuxième lecture saint Jean nous donne une clef de compréhension lumineuse de cet événement capital du baptême : « C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et le sang. » Oui, il vient d’abord par l’eau, en descendant dans les eaux du Jourdain. Mais ce baptême, au début de son ministère public, en appelle un autre, à la fin de ce même ministère. Dans sa Passion, Notre Seigneur viendra par le sang. C’est Jésus lui-même qui utilise le mot de « baptême » pour parler de sa Passion : « Je suis venu jeter le feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Mais je dois passer par un baptême, et quelle angoisse tant que ce n’est pas fait ! » La Passion est le sommet de cet abaissement par lequel Jésus révèle son identité la plus profonde et sa mission de Sauveur. Il est très beau de lire en parallèle la manifestation par l’eau au baptême et la manifestation par le sang dans la Passion. Au baptême l’Esprit descend sur le Christ, sur la Croix Jésus remet l’Esprit. C’est-à-dire qu’il le donne à notre humanité. « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint », avait dit Jean… Au baptême le Christ est béni par son Père : « C’est toi mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis tout mon amour. » A la Croix il souffre de l’absence apparente du Père, de son silence : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Et voilà que le spectacle de ce Messie humilié, mort sur le bois de la Croix, va donner à l’officier romain la grâce de la foi. Ce n’est plus la voix du Père qui proclame son Fils bien-aimé, mais celle d’un soldat païen : « En vérité cet homme était fils de Dieu. »
Contempler ainsi le baptême du Seigneur en lien avec son baptême dans la Passion nous ramène bien sûr à notre propre baptême. Pour reprendre une magnifique expression de la deuxième lecture nous sommes nés de Dieu. « Ils sont trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang. » Comment ne pas penser ici aux trois sacrements par lesquels nous sommes devenus chrétiens ? Baptême, confirmation et eucharistie. Mais ces sacrements ne peuvent pas agir en nous efficacement si nous ne sommes pas des hommes et des femmes de foi. Tout être qui est né de Dieu « est vainqueur du monde », dit saint Jean. Ce qui signifie vainqueur du mal, du démon. Comment ? Par notre foi en Jésus, Fils de Dieu et Sauveur. L’itinéraire que Jésus a vécu du Jourdain au Golgotha, nous le vivrons aussi en tant que baptisés : moments de consolation dans l’Esprit et moments de désolation dans l’épreuve. C’est notre vie de Fils de Dieu, notre vie de foi. Si nous demeurons fidèles au Seigneur, unis à Lui, alors nous savons que notre vie est féconde. Nés de Dieu par l’eau du baptême, nous pouvons être de vivantes paroles de Dieu pour nos contemporains. Et le baptême de notre mort corporelle accomplira en quelque sorte toute notre vie en ôtant enfin le voile de la foi.
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