Epiphanie du Seigneur
7 janvier 2007
Matthieu 2, 1-12 (page 312)
Seul l’évangéliste Matthieu nous rapporte la visite des mages à la crèche. La solennité de l’Epiphanie est comme un déploiement du mystère de l’Incarnation célébré à Noël. L’Epiphanie fait en quelque sorte le pont entre l’Incarnation et la Rédemption, entre Noël et Pâques. Cette fête est une fête missionnaire, car, pour reprendre les mots de saint Paul, « les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile. » L’Epiphanie c’est la manifestation, la révélation du Christ Sauveur aux mages venus d’Orient. Fête missionnaire, fête ecclésiale : l’Eglise du Christ rassemblant en son sein les juifs comme les païens.
En fait nous ne savons pas grand-chose de ces personnages mystérieux, les mages : astronomes ou astrologues, ils venaient d’Orient, peut-être de Mésopotamie. Ils étaient savants et riches. Ils quittent leur pays chargés de présents précieux à offrir à un enfant : « Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » Leur voyage est un vrai pèlerinage en l’honneur du roi des Juifs. Ils ne viennent pas en curieux, mais en adorateurs. L’étoile est le signe que Dieu leur donne pour aller à Jérusalem. Lorsque Dieu nous fait signe dans notre vie, Il le fait par des moyens adaptés à ce que nous sommes et à ce que nous connaissons déjà. C’est aussi cela le mystère de l’Incarnation : Dieu s’est engagé à parler notre langue et non pas un langage incompréhensible ou indéchiffrable pour nous. Les mages scrutent le ciel ? Il leur donne une étoile pour signe. Soyons persuadés que le Seigneur n’a pas changé de pédagogie depuis. Il continue à se manifester à chacun de nous par des moyens adaptés à ce que nous sommes. Nous sommes sensibles à la beauté, à l’art ? Dieu nous parlera à travers l’esthétique. Nous sommes captivés par les merveilles de la nature ? Dieu nous parlera par sa création. Nous sommes scientifiques ? Dieu nous parlera par les équations etc. Chacun doit trouver son étoile pour aller vers le Sauveur. Si l’étoile est un signe lisible pour les mages, c’est toutefois un signe insuffisant. D’où leur arrêt à Jérusalem et leur question à Hérode : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » Dans sa grande bonté, Dieu donne aux païens le signe de l’étoile, mais cela n’enlève rien à l’élection d’Israël et au rôle que le peuple élu doit jouer dans l’histoire du salut de tous… Il y a donc une médiation pour parvenir à la manifestation du Sauveur. Nous n’arrivons pas directement auprès du Christ Sauveur. Nous avons besoin non seulement de signes, mais de la médiation du peuple de Dieu. Pour Israël le signe unique c’est celui de la Parole de Dieu, d’où la citation du prophète Michée. Les mages, bien que païens, doivent passer par la Parole de Dieu pour parvenir à Bethléem. Il en va de même aujourd’hui pour tous ceux qui ne connaissent pas le salut du Christ. Ne doutons pas que Dieu leur adresse des signes compréhensibles. Mais il leur faudra passer à un moment ou à un autre par l’Eglise du Christ pour que leur recherche puisse aboutir. Ne serait-ce qu’à cause des sacrements, signes sensibles et efficaces du salut de notre Dieu.
Si nous avons bien compris cela, alors nous nous heurtons à un paradoxe. Dans cet Evangile de l’Epiphanie le peuple de Dieu, le peuple élu fait du sur place, alors que les mages, les païens parviennent au terme de leur quête spirituelle. Hérode, les prêtres et les scribes avaient tous les moyens pour reconnaître dans l’enfant de Bethléem le Messie, et surtout la Parole de Dieu. Et pourtant ils restent sur place, à Jérusalem. Ils savent mais leur coeur n’est pas touché. Leur connaissance de l’Ecriture est trop théorique, trop intellectuelle pour leur permettre de faire le pèlerinage de Bethléem. Hérode, et avec lui tout Jérusalem, est dans l’inquiétude. D’autres traductions disent qu’en apprenant la nouvelle, il en eut un choc, il fut troublé. Les mages quant à eux n’ont qu’un signe insuffisant, l’étoile, et pourtant ils se mettent en route. Et après leur passage à Jérusalem, Matthieu nous dit, qu’arrivés à la crèche, ils éprouvèrent une très grande joie. Quel contraste entre l’inquiétude du Juif Hérode et la joie des mages païens !
Oui, Dieu se manifeste comme un Sauveur plein de bonté en Jésus. Et il se manifeste à tous sans exception. Simplement il a besoin de trouver un cœur ouvert et accueillant comme celui des mages. Il a besoin de notre simplicité de cœur pour pouvoir nous mettre en route. C’est librement que nous pouvons choisir l’inquiétude en faisant du sur place ou bien la joie en acceptant de nous remettre en question pour progresser dans notre vie d’amitié avec Dieu.
Amen
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